Le Président Félix Houphouët-Boigny a marqué l’histoire de la Côte d’Ivoire en instaurant une gouvernance ivoirienne. Dans ses pas, Alassane Ouattara, l’un de ses héritiers politiques, dirige aujourd’hui la Côte d’Ivoire avec une détermination qui ne laisse personne indifférent. Face à une adversité politique qui a été forte en tout temps, Alassane Ouattara s’est forgé une réputation unique, celle d’un dirigeant intransigeant, digne du titre de Président. Voici une analyse SWOT de sa gouvernance par Patrice Dama.
L’ascension politique d’Alassane Ouattara en Côte d’Ivoire
L’arrivée d’Alassane Ouattara sur la scène politique ivoirienne a provoqué un bouleversement important. Premier ministre sous la présidence de Félix Houphouët-Boigny, il a dû faire face à une hostilité ouverte, y compris au sein de son ancien parti, le PDCI-RDA. Sa relation avec Henri Konan Bédié, un acteur clé de la Côte d’Ivoire, montre bien cette tension exacerbée par les ambitions débordante d’Alassane Ouattara. Ce dernier, malgré la Constitution en vigueur à l’époque, semblait déjà caresser le rêve de succéder au “Vieux”.
La Côte d’Ivoire a découvert en Alassane Ouattara un homme déterminé, parfois vu comme inflexible, notamment face à l’opposition. Les événements du 18 février 1992 restent à jamais dans les mémoires. Ce jour-là, une marche non autorisée à Abidjan a dégénéré en violences, causant des blessés, des pertes humaines, et des arrestations, dont celles de Laurent Gbagbo et Simone Ehivet Gbagbo. Cet épisode a offert un aperçu du futur président, 19 ans plus tard, un homme prêt à imposer l’ordre à tout prix.
La collaboration inattendue entre Alassane Ouattara et Laurent Gbagbo
Malgré cet épisode, Alassane Ouattara a surpris de nombreux observateurs en collaborant plus tard avec Laurent Gbagbo dans le cadre du Front Républicain. Cette alliance a montré que Ouattara, souvent accusé de rigidité, n’avait pas de différends personnels, mais agissait en fonction de sa vision de l’ordre républicain en Côte d’Ivoire. Son approche rigoureuse et ordonnée a fini par convaincre, malgré les critiques.
Aujourd’hui, son bilan est salué par certains pour la stabilité qu’il a su instaurer en Côte d’Ivoire, en dépit des multiples tentatives de déstabilisations qu’il a déjoués. Les nombreux complots déjoués, dont ceux impliquant Guillaume Soro, montrent bien sa vigilance constante. À Abidjan et au-delà, sa gestion rigoureuse continue d’être reconnue.
Un mandat au service de l’ordre et de la stabilité en Côte d’Ivoire
Depuis son accession à la présidence, Alassane Ouattara s’est consacré à maintenir la stabilité en Côte d’Ivoire, un engagement difficile à tenir pour un pays ayant connu des crises politiques à répétition. Grâce à son leadership, Abidjan est restée le moteur économique du pays et de l’Afrique de l’Ouest, malgré les tentatives de déstabilisation. Sa capacité à maintenir l’ordre, y compris face à des opposants comme Laurent Gbagbo, a renforcé son image de leader compétent et inflexible.
La fin de son mandat approche, et beaucoup espèrent que ce sera le dernier. Toutefois, l’impact de son leadership sur la Côte d’Ivoire est indéniable. Si certains parlent de chance, d’autres reconnaissent que son succès repose avant tout sur une compétence avérée et un engagement total pour son pays.
La Force du Président Alassane Ouattara
Grâce à des alliances stratégiques avec des puissances étrangères, le président Alassane Ouattara a réussi à renforcer les compétences de ses collaborateurs locaux et à consolider la stabilité de la Côte d’Ivoire. Un exemple concret est l’armée ivoirienne, qui a su déjouer plusieurs tentatives de déstabilisation du régime et de la nation. Malgré l’attentat terroriste du 13 mars 2016 à Grand-Bassam qui vient ternir le tableau sécuritaire, la sécurité de la Côte d’Ivoire n’a jamais été prise à la légère sous la gouvernance d’Alassane Ouattara.
Chaque information concernant un éventuel projet de déstabilisation a été méticuleusement vérifiée et traitée sous son leadership. Contrairement à Laurent Gbagbo, qui a souvent été accusé de négligence dans des situations similaires, Alassane Ouattara a toujours priorisé la sécurité nationale. En témoignent les mesures strictes prises pour prévenir toute menace contre son régime et la stabilité de la Côte d’Ivoire.
Sous Alassane Ouattara, le départ de l’armée française de la Côte d’Ivoire est obtenu en toute discrétion, ce qui marque une étape importante de souveraineté nationale. Le 43e Bima, symbole de la présence militaire française à Abidjan, sera transféré à l’armée ivoirienne sans propagande excessive. La preuve qu’on peut exiger sa souveraineté en toute efficacité sans vuvuzeler.
Relations diplomatiques et économiques
Sur le plan diplomatique, chaque crise entre la France et la Côte d’Ivoire a été habilement gérée par le président. Alassane Ouattara n’a jamais laissé les tensions s’installer. Il n’hésite pas à se déplacer régulièrement à Paris pour apaiser les différends à chaque fois qu’il y en a. Cet engagement montre bien sa stratégie de prévention, inspirée par le proverbe : « Un mur lézardé finit toujours par s’écrouler. »
Économiquement, Alassane Ouattara a transformé la Côte d’Ivoire en une puissance régionale. Bien que l’endettement de 30 420 milliards FCFA suscite des débats, la reconnaissance internationale de la gestion financière du pays, comme le titre de « Meilleure gestionnaire de dette souveraine » décerné à Londres en novembre 2024, valide ses choix.
La diversification des partenaires commerciaux est une autre réussite majeure. Si l’Union européenne reste le principal investisseur étranger, la France a perdu sa place de leader historique. Aujourd’hui, la Chine domine les échanges commerciaux avec la Côte d’Ivoire, avec un volume de 3,7 milliards de dollars depuis 2022, selon Bloomberg. Les exportations ivoiriennes, estimées à 974,49 millions de dollars, renforcent la relation bilatérale. Abidjan continue ainsi de jouer un rôle clé dans le commerce mondial.
Une vision stratégique et mesurée
Alassane Ouattara se distingue par sa discrétion et son pragmatisme. Contrairement à Laurent Gbagbo, souvent critiqué pour son approche populiste, Ouattara privilégie les résultats tangibles. Lors de la COP21, sa réponse aux critiques européennes, qui pointaient du doigt les pays africains, a marqué les esprits : « Les pays africains contribuent à moins de 2 % des émissions de gaz à effet de serre, tandis que 14 membres du G20 en sont responsables à 80 %. Il est temps que ceux qui ont pollué l’humanité depuis un siècle assument leurs responsabilités. » Une vraie masterclass délivrée dans Paris Match.
Cette déclaration, faite sans propagande outrancière, montre la capacité d’Alassane Ouattara à opposer un refus ferme aux partenaires occidentaux de la Côte d’Ivoire, ce qui en fait un homme d’État respectueux, mais capable de dire des vérités. La stabilité, la croissance et la reconnaissance internationale obtenues sous Alassane Ouattara méritent d’être consignées dans l’Histoire.
Faiblesses d’Alassane Ouattara
Le Président Alassane Ouattara, bien qu’ayant contribué à l’avancement de la Côte d’Ivoire, fait face à des critiques récurrentes. À Abidjan, la manière souvent brutale dont certaines populations sont déplacées font l’objet d’indignation. Ce type d’actions, bien que parfois nécessaire pour des projets de modernisation, crée un sentiment d’injustice parmi les citoyens.
Manque de transparence et impunité
Des personnalités proches du pouvoir sont souvent accusées de détournements de fonds. Le cas d’Ange Barry Battesti, ancien Secrétaire Général du Fonds de Développement de la Formation Professionnelle (FDFP), en est une illustration. Accusé publiquement par Joël N’Guessan, membre du RHDP, il n’a pas été traduit en justice malgré des preuves avancées. L’ancien ministre Joël N’Guessan a déploré cette inaction en affirmant : « Quand des gens ont volé et qu’on a des preuves palpables, ne pas les traduire en justice revient à encourager la corruption. »
Le président Alassane Ouattara, tout en se montrant ferme sur certains sujets, semble hésitant lorsque les scandales impliquent son propre camp. Ces décisions, ou leur absence, ternissent l’image d’une justice équitable en Côte d’Ivoire.
Laurent Gbagbo : Une ombre persistante à Abidjan et en Côte d’Ivoire
Un autre point de faiblesse d’Alassane Ouattara réside dans sa gestion de la relation avec Laurent Gbagbo. L’ancien président, déporté à la Cour Pénale Internationale (CPI) pour être jugé après la crise post-électorale de 2011, a été libéré après neuf ans de procès. Cependant, la justice ivoirienne n’a pas tardé à le condamner à 20 ans de prison pour un supposé braquage des fonds de la BCEAO.
Ce supposé braquage est en réalité une décision stratégique pour protéger les finances publiques. Cette mésure de l’ancien président Laurent Gbagbo a été salvatrice dans un contexte de crise. Nombreux sont ceux en Côte d’Ivoire qui voient Laurent Gbagbo comme un “Robin des Bois” moderne, ayant pris des mesures audacieuses pour payer les fonctionnaires et stabiliser l’économie face aux pressions internationales. Le priver de ses droits civiques et donc de la prochaine élection présidentielle est une injustice, peu importe la taille du manteau juridique qui l’enveloppe.
La question de la candidature en 2025
Alassane Ouattara, après avoir promis de ne pas se représenter, a brigué un troisième mandat en 2020 en invoquant un « cas de force majeure » suite au décès de son Premier ministre, Amadou Gon Coulibaly. Cette volte-face a créé un précédent inquiétant. Aujourd’hui, à l’approche de 2025, les hésitations du président sur une éventuelle candidature pour un quatrième mandat alimentent le doute.
Le président a souvent affirmé que de nombreux cadres compétents du RHDP pourraient prendre la relève. Pourtant, à ce jour, aucune figure forte de ce parti politique n’a été clairement mise en avant pour préparer l’élection de 2025. Cette ambiguïté suscite des interrogations sur les véritables intentions d’Alassane Ouattara et sur sa réelle volonté de passer le flambeau à une nouvelle génération à 83 ans.
Des contradictions troublantes
Lors d’une interview sur France 24, Alassane Ouattara a déclaré : « Je ne suis pas à la recherche d’un job à 80 ans. Je souhaite que les Ivoiriens choisissent en 2025 quelqu’un de plus jeune que moi et mes prédécesseurs. » Cependant, son comportement semble indiquer qu’il n’écarte pas totalement l’idée de se présenter à nouveau, ce qui montre sa peur de la perte du pouvoir. Cela constitut un très mauvais point pour ce qu’il n’a pas à faire supporter ses peurs à tout un peuple. Aussi bien Ouatara que ses militants doivent comprendre qu’il y a aussi une vie après le pouvoir et elle peut être tout aussi enrichissante.
Les Opportunités pour le Président Alassane Ouattara
La politique est souvent comparée à une scène où chaque dirigeant cherche à laisser son empreinte. En Côte d’Ivoire, cette quête de reconnaissance n’épargne personne, pas même Alassane Ouattara. Bien que certains le perçoivent comme détaché des attentes populaires, il reste animé par le désir de marquer durablement l’histoire du pays. Cependant, pour que son impact sur la Côte d’Ivoire soit pleinement reconnu, il lui faudrait envisager une transition pacifique du pouvoir.
Une transmission pacifique : un enjeu pour la Côte d’Ivoire
Les Ivoiriens aspirent à voir leurs dirigeants transmettre le pouvoir de manière apaisée, un scénario qui reste inédit dans l’histoire récente du pays. Sous la gouvernance d’Alassane Ouattara, de nombreux progrès économiques et sociaux ont été réalisés. Cependant, l’occasion de poser un acte politique fort demeure : permettre une transition sans heurts.
Historiquement, cette stabilité a souvent échappé à la Côte d’Ivoire. Félix Houphouët-Boigny, premier président du pays, est mort au pouvoir en laissant une succession chaotique. Henri Konan Bédié, son successeur, a été renversé par un coup d’État dirigé par le Général Robert Guéï, lui-même chassé par une révolte populaire. Laurent Gbagbo, quant à lui, a quitté le palais présidentiel après sa capture par les forces d’Alassane Ouattara à l’issue d’une grave crise post-électorale.
Un rôle historique pour Alassane Ouattara
Alassane Ouattara pourrait changer cette dynamique en Côte d’Ivoire. En annonçant son retrait et en favorisant l’émergence d’une nouvelle génération, il marquerait un tournant historique. Dans une déclaration récente, il a évoqué une « bonne douzaine de jeunes cadres bien formés » capables de diriger le pays. Une telle décision pourrait renforcer son héritage politique et protéger les acquis économiques de la Côte d’Ivoire sous sa gouvernance.
En se retirant volontairement, Alassane Ouattara poserait un geste symbolique en réponse aux attentes des citoyens, qui souhaitent voir leur pays entrer dans une ère de transitions démocratiques apaisées.
La menace qui pèse sur le Président Alassane Ouattara
Comme le dit l’adage Zouglou : « De la façon dont tu arrives au pouvoir, c’est comme cela que tu t’en vas ». Alassane Ouattara, dans le cadre des élections présidentielles de 2025, pourrait être confronté à une situation difficile s’il venait à rester dans la course. Si le Président Ouattara se retire, les propos de ses adversaires pourraient être moins virulents, car ils n’auraient pas besoin de recourir à des arguments trop clivants dans la lutte pour le pouvoir en Côte d’Ivoire. Il faut savoir que la taille de l’adversaire justifie souvent la force nécessaire pour le neutraliser.
L’absence éventuelle de Laurent Gbagbo dans la course à la présidentielle de 2025 devrait s’accompagner de celle d’Alassane Ouattara, car la condamnation qui pèse sur le fondateur du PPA-CI semble presque être une mauvaise blague. Cela pourrait provoquer des tensions, et il serait imprudent de sous-estimer la capacité de révolte de cet homme politique, particulièrement en Côte d’Ivoire, où il possède une vaste connaissance du terrain. Laurent Gbagbo a une forte base de soutien en Côte d’Ivoire, ce qui rend sa position importante dans la politique ivoirienne.
Un mauvais calcul des alassaniste serait de croire qu’il ne représente rien à cause de sa défaite militaire de 2011. C’est grâce à sa capacité à créer des tensions populaires qu’il a fait plier feu Felix Houphouêt-Boigny sur plusieurs sujets, y compris l’instauration du multipartisme. Maintenant qu’il n’y a pas d’armées opposées face à face, les forces s’invessent. La manœuvre est encore plus aisée pour lui lorsqu’il s’arme du peuple. Le Général Robert Guéï peut en témoigner depuis sa tombe…
Si Alassane Ouattara a remporté l’élection présidentielle de 2020 avec relativement peu de résistance, il ne fait désormais face ni à KKB, un candidat indépendant, ni à un adversaire isolé. Cette fois, il devra affronter de grandes figures politiques, telles que Laurent Gbagbo, leader du PPA-CI, et Tidjane Thiam du PDCI-RDA. De plus, l’électorat du RHDP d’Alassane Ouattara a considérablement diminué ces dernières années. Les délocalisations massives des populations dans certains quartier d’Abidjan ont créé de vives rancœurs, sans oublier la perte de l’électorat des binationaux burkinabés, maliens et nigériens, qui veulent faire payer au RHDP les tensions entre la Côte d’Ivoire d’Alassane Ouattara et leurs pays d’origine.
Avec près d’un million de nouveaux électeurs inscrits sur les listes électorales, la présidentielle de 2025 en Côte d’Ivoire s’annonce bien différente de celles de 2015 et 2020. Les forces en présence sont bien plus sérieuses, ce qui annonce une bataille plus ardue pour le RHDP d’Alassane Ouattara.