En Côte d’Ivoire et dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne et centrale, des étudiants et élèves prennent pour exemples des illettrés et des paresseux pour idoles. Tout simplement parce qu’ils exhibent aux moyens des réseaux sociaux une fausse vie de riche, une vie illusoire qui en réalité n’a de fondement que sur les réseaux sociaux et leurs dérivés.
« Ce n’est pas une société de voleurs, de sacrificateurs, de prostituées, de brouteurs qui fera de la Côte d’Ivoire un pays prospère » (Ahouman Gael Lakpa)
J’avoue que j’ai vraiment du mal à comprendre notre société actuelle mais aussi certains jeunes. À bien observer, vous aurez l’impression d’être dans un monde où les moutons dirigent les bergers. Des personnes sans instruction ni éducation encore moins de valeurs se prennent pour des modèles. Et malheureusement, elles le sont devenues pour nos jeunes frères et sœurs. Il y a danger ! En Côte d’Ivoire et dans d’autres pays d’Afrique subsaharienne et centrale, des étudiants et élèves prennent pour exemples des illettrés et des paresseux pour idoles. Tout simplement parce qu’ils exhibent aux moyens des réseaux sociaux une fausse vie de riche, une vie illusoire qui en réalité n’a de fondement que sur les réseaux sociaux et leurs dérivés. Ils disent que c’est l’argent qui fait le bonheur donc « cherchons l’argent » et rien d’autre. Voici les valeurs inculquées.
L’argent à tout prix : l’argent aux moyens de la légèreté des fesses, l’argent de la drogue, l’argent du broutage et du grand banditisme, l’argent des sacrifices humains qu’ils cachent derrière des faux statuts d’influenceurs ou de blogueurs. En fait, la richesse, la vraie se gagne au bout du travail. Il faut le dire à nos jeunes frères et sœurs. Et comme c’est une vérité objective, ils/elles voilent leurs sales besognes derrière des activités privés (Spa, institut de beauté, magasin de vêtements etc) qui en réalité ne valent rien en chiffres d’affaires journalier. Ce sont juste des moyens de blanchiment par lesquels ils justifient leurs vies de luxe à outrance aux yeux du grand public tout en sachant en secret la vraie origine.
Les anciens diront qu’il n’y a rien de nouveau sous le soleil. M’en souviens que dans les années 90, voire 2000 il existait une catégorie de personnes à qui lorsqu’on demandait : « que fais tu dans la vie ? » La réponse était : « je suis femme ou homme d’affaires » (des affaires qu’on ne voyait pourtant jamais) ou encore « je me débrouille ». Et la frustration pouvait se lire sur leurs visages face aux autres qui avaient suivi des études, avaient un travail décent et vivaient sobrement leur vie. En fait, cette catégorie de personnes avaient refusé l’éducation des bancs et celle de la maison familiale. Elle avait aussi refusé d’apprendre un métier pour s’en sortir plus tard. C’est (pour la plupart) cette même catégorie de niveau CE2, 4ème qui s’est transformée aujourd’hui en influenceur/ses blogueur/ses etc… Ces gens qui en réalité ont « raté » leur vie et ont par la suite dû emprunter des raccourcis pour exister dans notre société semblent aujourd’hui être à la mode et ils pervertissent notre pauvre jeunesse.
« Que le gouvernement se penche sur cette grave question »
Nous devons recadrer les choses et montrer à tous que dans une société normale, les moutons ne doivent pas diriger les bergers. Un enfant n’a d’autre chose à faire que de suivre ses études pour se former. Un jeune n’a d’autre chose à faire que d’étudier ou apprendre pour que une fois adulte, il puisse se prendre en charge lui-même et sa famille. Voyez vous-même tous ces jeunes qui, convaincus du « c’est l’argent qui fait le bonheur » abandonnent les bancs pour s’adonner aux jeux de hasard, au vol, à la prostitution, à la drogue, à l’exhibitionnisme sur les réseaux sociaux etc… Le sexe, le sexe, les langages orduriers, les injures ; la promotion de « l’immaturité » etc… Combien deviennent fous ? Combien deviennent un danger pour nous-mêmes ? Combien meurent ils prématurément ? Il faut sauver notre jeunesse. Il faut se prononcer, il faut noyer les anti-valeurs.
Plus personne ne respecte quoi que se soit. Chacun est libre à sa façon. Ils exhibent des voitures de location, des billets de banque (fortes sommes) sur les réseaux sociaux sans qu’aucune autorité ne se pose de questions ou ne réagissent. Ce n’est pas du tout normal ! Que le gouvernement se penche sur cette grave question. Nous avons besoin de notre jeunesse pour relever les défis prochains de notre pays pour les années à venir. Ce n’est pas une société de voleurs, de sacrificateurs, de prostituées, de brouteurs qui fera de la Côte d’Ivoire un pays prospère. Nous avons besoin d’intellectuels, d’ingénieurs etc… Si rien n’est fait, dans 20 ans ne soyons pas étonnés que toutes la main d’oeuvre soit étrangère. Et nous y sommes déjà.
Ahouman Gael Lakpa
Analyste sociopolitique
Ecrivain Ivoirien Auteur-Poète