Les relations France-Burkina Faso sont au plus mal. Emmanuel Macron compterait sur Alassane Ouattara pour revenir au cœur de Ouaga. Le rapprochement entre Paris et Ouaga via Abidjan est-il réellement une possibilité ?
Ouattara-Macron en concertation sur le Burkina Faso ?
En novembre 2017, Emmanuel Macron était tout feu tout flamme au Burkina Faso devant les étudiants ouagalais. Le chef de l’État français n’avait pas hésité à empêtrer l’ex-président Burkinabé Roch Marc Christian Kaboré par ses propos. Outre sa mauvaise blague sur la ventilation de l’amphithéâtre, Macron avait affirmé que la France était prête à accepter les décisions des autorités africaines et surtout du Burkina Faso.
Sur la question du Franc CFA, Emmanuel Macron avait fait savoir qu’il était prêt à accepter une sortie du Burkina Faso de cette monnaie. Il réaffirmait aussi que son pays n’était présent aux côtés des Africains que pour les aider. Le Capitaine Ibrahim Traoré, qui a évincé le tombeur de Kaboré, s’était visiblement noté cette belle parole qu’il vient de rappeler à Emmanuel Macron. En effet, après avoir demandé à Paris de changer son ambassadeur dans son pays, le Président de la transition au Burkina Faso a signifié à la France de retirer ses 400 forces spéciales de la force Sabre de son territoire.
Si dans un premier temps, Emmanuel Macron s’est montré très surpris par la demande de Ouaga au point d’exiger une clarification, alors même que la demande du Burkina Faso ne souffrait d’aucune ambiguïté, Paris a finalement accepté de plier bagage d’ici 1 mois. Le ministère français des Affaires étrangères a annoncé mercredi 25 janvier 2023 que la France retirera bien ses troupes du Burkina Faso d’ici « un mois ». Le Quai d’Orsay a accédé aux exigences de la junte militaire au pouvoir, qui a abandonné un pacte de défense entre les deux pays.
Alassane Ouattara au Burkina Faso ?
En apparence, le dossier semblait clos, pourtant, le Président Alassane Ouattara s’est envolé pour Paris où il a rencontré son homologue Emmanuel Macron. Pour nos confrères de France 24, le Burkina Faso a été au cœur des échanges entre les deux Présidents lors du déjeuner offert au chef de l’État ivoirien. Visiblement, Emmanuel Macron veut s’appuyer sur le Président Alassane Ouattara pour ramener le Burkina Faso dans le giron de la France. Sauf que Ouaga, sans revendiquer un glissement vers la Russie, la peur panique de la France, exige de pouvoir jouer de sa souveraineté pour tisser les relations qu’il souhaite avec d’autres partenaires.
La mission s’annonce donc titanesque lorsqu’on connait l’admiration d’Ibrahim Traoré pour Assimi Goïta du Mali. En s’appuyant sur la Russie, le Mali a su affaiblir les groupes terroristes qui semblaient proches de prendre Bamako, sa capitale. Les acquisitions de matériels militaires du Mali près de la Russie sonnent aux yeux de Ouaga comme le bon exemple pour venir à bout des terroristes qui traumatisent ses populations.
Comme ils le disent à Ouaga, c’est depuis sa naissance que le Burkina Faso est dans le giron français où il a été agressé par des terroristes né de la destruction de la Libye. Terminé donc le temps de la sous-traitance de sa sécurité nationale. Ouaga veut s’armer auprès de qui il veut pour croiser le fer avec les terroristes. L’offre présentée par la Russie au Burkina Faso est tentante et le capitaine Ibrahim Traoré semble vouloir l’accepter, quand bien même l’idée donnerait des boutons à la France.
C’est en tout cas cette « patate chaude » de rabibocher la France et le Burkina Faso qu’Emmanuel Macron voudrait refiler au Président Ouattara avec qui il a de très bonnes relations. Le président de la Côte d’Ivoire va-t-il accepter de jeter ses forces dans cette bataille perdue d’avance en allant négocier avec Ibrahim Traoré au Burkina Faso?