Patron d’Azalaï Hôtels et tout nouveau Président du patronat malien, M. Mossadeck Bally s’est livré à Afrique-sur7.ci sur les questions économiques, politiques et géostratégiques. L’homme d’affaires malien nous a entretenus sur son expérience à la tête de l’empire hôtelier qu’il a bâti, mais aussi sur ses responsabilités à la tête de la CNPM.
Mossadeck Bally vous raconte l’histoire d’Azalaï Hôtels
Mossadeck Bally est une des plus grandes personnalités du monde des affaires au Mali et en Afrique. Lors de son dernier séjour à Paris, l’équipe d »Afrique-sur7.ci est allée à sa rencontre pour recueillir son partage d’expériences dans les affaires, mais pas que…
C’était l’occasion pour ce fils d’une famille de commerçants maliens de raconter l’histoire du groupe Azalaï Hôtels qu’il a fondé et qui rivalise avec les plus grands groupes internationaux sur le continent.
L’histoire débute par un appel d’offres lancé par le gouvernement du Mali pour la vente du Grand Hôtel de Bamako, établissement mythique du paysage hôtelier du pays.
Son entreprise a remporté l’appel d’offres et s’est, après la profonde rénovation de l’établissement, vu attribuer un terrain qui abrite aujourd’hui le second établissement Azalaï Hôtels.
Azalaï qui signifie calebasse en langue locale, s’implantera par la suite dans plusieurs pays, notamment au Burkina Faso, avec l’acquisition de l’Hôtel Indépendance de Ouagadougou.
Le groupe poursuit son expansion en Mauritanie en 2016. L’hôtel Marhaba sera racheté puis rénové en profondeur pour 8 millions d’euros.
Plus rien n’arrête M. Mossadeck Bally qui va aussi mettre en place une école de formation hôtelière au Mali dès 2016. Entre temps, Azalaï Hôtels ouvrira un nouvel établissement sur le boulevard Valéry-Giscard-d’Estaing à Abidjan. Cet hôtel 4 étoiles est un des plus prestigieux établissements hôteliers de Côte d’Ivoire.
Le Président du Conseil National du Patronat du Mali évoque les 49 soldats ivoiriens
Le patron du premier groupe hôtelier africain basé au Mali est aussi le Président du Conseil National du Patronat Mali (CNPM). Un homme aussi central dans l’économie malienne ne pouvait rester sans opinion sur la situation actuelle de son pays.
Nous lui avons justement posé une question sur l’affaire des 49 soldats ivoiriens qui a provoqué des tensions entre Abidjan et Bamako.
A-t-il été préoccupé par cette affaire ? Sa réponse a été « Oui en tant que Malien, mais aussi en tant que chef d’entreprise, en tant qu’investisseur au Mali et en Côte d’Ivoire. Bien sûr que l’affaire m’a préoccupé parce que les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali sont des relations séculaires… Avant la colonisation, nous avions la même aire-géographique, les mêmes royaumes, les mêmes empires, les mêmes ethnies. Alors, il ne peut pas y avoir de brouilles entre la Côte d’Ivoire et le Mali… ».
Cette affaire n’a, selon M. Bally, pas du tout modifié les rapports entre les hommes d’affaires des deux pays.
« Vous avez des investisseurs ivoiriens qui investissent au Mali et vice versa. Vous avez des capitaines d’industrie en Côte d’Ivoire qui sont d’origine malienne. Et les facilités des ports d’Abidjan, de San-Pédro, les relations commerciales sont restées les mêmes. Vous savez, les brouilles entre les gouvernements affectent très peu les relations commerciales, les relations culturelles, les relations fraternelles entre les peuples… ».
Pour ce qui concerne ses responsabilités à la tête du CNPM, le patron d’Azalaï Hôtels explique qu’il ne s’attendait pas à une telle charge de travail.
« Il y a 6 mois, je ne m’attendais pas du tout à cela. Je m’occupais exclusivement du développement du groupe Azalaï Hôtels et des collègues-chefs d’entreprises sont venus me voir pour aider le CNPM à sortir de cette crise qui a commencé son épilogue le 1er octobre 2022 avec les élections patronales… Eh oui, c’est une grosse responsabilité qui me prend beaucoup de temps, mais c’est un challenge. J’estime qu’il était nécessaire d’aider notre faîtière à jouer pleinement son rôle… ».
Mali, Assimi Goïta sur la bonne voie ?
M. Mossadeck Bally s’est également prononcé sur la politique du gouvernement malien. Pour ce qui est de son analyse sur la gestion du pays par le Président Assimi Goïta, il confie :
« Le Président Goïta est issu de l’armée. Il a passé plus de 15 ans sur le terrain, donc il connait les réalités de l’armée malienne. C’est une armée qui, malheureusement, en trois décennies, a été déstructurée. Aujourd’hui, ils se sont donné pour priorité de rebâtir cette armée… C’est un travail qui avance bien. On le voit, on voit des résultats sur le terrain. On voit que l’armée malienne est de mieux en mieux équipée, de mieux en mieux formée et on voit les résultats sur le terrain ».
Poursuivant, l’homme d’affaires malien ajoute : « Ce sont des sacrifices puisque l’essentiel du budget de l’État, malheureusement, est consacré à cela. Il ne reste pas grand-chose pour les autres secteurs, notamment l’économie et le social, mais disons que c’est un passage obligé pour avoir une souveraineté totale sur le territoire parce qu’aujourd’hui le gouvernement central ne contrôle pas l’entièreté du territoire malien. Donc ce travail, je trouve, est bien entamé et j’espère qu’il va aller au bout… ».
Les dirigeants maliens sont engagés dans une démarche souverainiste, démarche approuvée par Mossadeck Bally qui s’étonne d’ailleurs que cette question soit d’actualité en Afrique aujourd’hui en 2022.
C’est selon lui, la preuve que « quelque chose n’a pas fonctionné. Normalement, nous sommes souverains depuis 62 ans. Le Mali est indépendant et souverain depuis 1960… ».
La vraie souveraineté d’un État, selon Mossadeck Bally
Le patron du groupe Azalaï Hôtels explique même que la première souveraineté d’un État est la sécurité à ses frontières et à l’intérieur de son territoire.
« Et la deuxième souveraineté d’un État, c’est son économie. Si vous êtes dépendants des autres pour construire vos routes, vos écoles, vos infrastructures, pour payer vos fonctionnaires, vous n’avez pas d’indépendance… », a-t-il ajouté.
Clairement aligné sur la position du gouvernement malien, l’homme d’affaires ajoute : « Nous les Africains, pas seulement les Maliens, mais nous les Africains, il est temps maintenant que nous travaillions à développer nos pays, développer nos économies, à donner une perspective aux jeunes africains pour qu’ils restent sur le continent… là, nous aurons une réelle souveraineté puisque personne ne viendra nous dire: « nous allons financer votre route, mais vous êtes obligés de faire ci, et cela… ».
Retrouvez l’interview vidéo sur YouTube
Intégralité de l’interview de M. Mossadeck Bally sur afrique-sur7.ci en cliquant ici https://youtu.be/a0KhSYZu1bA.