Organisée par le ministère de repentance et sainteté, la conférence internationale des leaders et ministres de l’évangile, du 23 au 26 Mars 2023, a laissé un goût amer à la multitude de malades, personnes indigentes et autres accompagnateurs venus du Tonkpi lointain, à plus de 600 kilomètres d’Abidjan.
Religion : Le gigantesque programme de guérison se transforme en un cauchemar pour les malades venus du Tonkpi
Arrivés Jeudi 30 Mars à bord de 4 cars tous frais payés par Edwige Diety, la » Mère Thérésa du Tonkpi « , les participants à la croisade évangélique ont regagné leurs domiciles respectifs à Danané le sourire aux lèvres. Pourtant, partis en grande pompe le lundi 20 Mars au méga service de guérison suivi d’une conférence internationale animée par le prophète de l’Éternel Dr David Owuor, les 409 malades venus du Tonkpi se sont vus heurtés à pas mal de difficultés parce qu’abandonnés par des organisateurs portés disparus.
Les faits se déroulent à Bingerville, dans la banlieue abidjanaise. Dame Simonto Marthe, venue du village Sin-houyé, dans le département de Danané, raconte son infortune à sa descente de car le Jeudi 30 Mars 2023 au petit matin :
« Nous avons été approchés par le pasteur Hypolite du Ministère de Repentance et Sainteté de Danané. Il est venu à trois reprises à Sin-houyé, nous incitant à prendre part à la convention organisée par l’homme de Dieu devant venir de l’étranger. Au départ, il nous a dit que seul le déplacement était à la charge des organisateurs. Avec les temps qui sont difficiles, nous lui avons dit n’avoir pas les moyens pour assurer la nourriture et autres besoins de nous-mêmes. Alors avions-nous décidé de rester. À sa troisième visite, il a donné la bonne nouvelle : les organisateurs et l’homme de Dieu, patron de cette église, prenaient tout en compte. J’ai un enfant sourd-muet. Mon époux et moi décidons alors de prendre part au voyage. Nous arrivons à Abidjan le lundi 20 Mars 2023. La première vague y était déjà deux jours avant. Nous nous sommes installés à Bingerville. Nous étions certes transportés gratuitement aux différents programmes mais la nourriture nous revenait en charge. Nous étions contraints de l’accepter vu que nous accompagnions un malade que nous espérions voir guéri. Tout se passait ainsi jusqu’à la fin du programme. Des centaines de malades jonchaient le sol. Des maladies affreuses jamais imaginées sur terre. Deux jours après le programme, nous avons été livrés à nous-mêmes. Le prophète est rentré, apprend-on. Que faire ? Où donner de la tête ? Alors, ai-je décidé d’appeler notre sœur Edwige Diety au secours. D’autres jeunes ont lancé un SOS aux personnalités du Tonkpi vivant à Abidjan. »
Edwige Diety, Mangly Alphonse, Diabaté Kalifa, les députés Mélo et Berni à la rescousse
Originaire du Kenya, dans la corne Est du continent africain, Dr David Edward Owuor passe pour un » puissant » prophète de l’Éternel. Les affiches publicitaires en terre d’Eburnie, en disent long sur sa personne et des miracles qu’il prétend faire au nom de Jésus. Dernièrement, c’est devant une foule médusée, au stade de l’université Félix Houphouët-Boigny d’Abidjan-Cocody, que l’homme de Dieu s’est livré à une séance de guérison collective en plein centre du Temple du savoir de la capitale économique. Un programme de miracles et de guérison qui a viré au cauchemar à écouter des participants.
Gopou Jérôme, chef de tribu et par ailleurs chef du village de Sin-houyé explique : « C’est le même pasteur Hypolite qui nous a expressément demandés, en notre qualité de chefs coutumiers, d’accompagner les malades et parents de malades. Les présidents de jeunes et présidentes de femmes ont partout accompagné des malades. Le programme s’est bien déroulé. Cependant, nous regrettons être allés car livrés à nous-mêmes, exposés à la faim. Devant le stress et l’angoisse, j’ai fait un crise de choléra. Dieu merci ! Notre fille Edwige Diety nous est venue en rescousse. Sinon je mourais».
A sa suite, d’autres participants indiquent avoir bénéficié des largesses des personnalités à l’instar de Mangly Alphonse, Diabaté Kalifa, les députés Mélo et Berni. « J’ai été alerté par des jeunes à mon service. Malgré l’heure de la nuit, nous avons promptement réagi en leur envoyant des vivres», a confié l’ancien directeur général des Douanes ivoiriennes Alphonse Mangly. Face à l’épineuse question du retour au bercail, Madame Edwige Diety, présidente de la fondation KED, par ailleurs membre du conseil du district des montagnes, s’est aussitôt engagée à trouver une solution définitive à cette mésaventure.
La réaction de l’archevêque senior Adou Aka Jean-Claude
« Pour que nos parents retrouvent la chaleur de leurs foyers, en plus de 200.000 F cfa offerts comme don, j’ai mobilisé 4 cars de transport. Dieu merci, ils sont bien rentrés. Je m’en réjouis d’ailleurs», a-t-elle dit. Nous joignons l’archevêque senior Adou Aka Jean-Claude, l’un des responsables ivoiriens dudit ministère. L’homme de Dieu déclare avoir été victime d’une machination.
« Nous n’avons jamais dit que les malades auraient de la nourriture. La preuve, les parents des autres régions ont apporté de la provision. Si l’information est parvenue à des populations qu’elles auraient de la nourriture, elle n’est pas de nous. Nous reconnaissons avoir accusé du retard dans le retour du peuple de Dieu venu au programme. Le mardi 28 Mars, nous étions à l’aéroport pour accompagner l’homme de Dieu quand le fournisseur de cars nous apprend qu’il n’a plus de fonds et que nous devons trouver des fonds supplémentaires pour le retour. Chose contraire à la convention qui nous liait. Que faire fasse à l’impatience des gens ? Dans l’immédiat, nous avons commencé à ravitailler les différents sites en vivres le temps qu’une solution soit trouvée. Depuis l’aéroport, j’ai donc tout coordonné. Le peuple n’a jamais été abandonné. Tous les soirs, je passais moi-même sur chaque site m’enquérir de la situation des gens qui pour la plupart sont des malades transportés à ce programme où le Seigneur a opéré des miracles. En 2 jours, il y a 55 sourds dont les oreilles ont été débouchées, sans compter les paralytiques qui ont marché et des malades qui ont été guéris. Pour nous, l’important était de trouver de quoi faire rentrer les parents en dehors de ce fournisseur. Dans le même temps, j’apprends que des cadres ont fait partir 4 cars sur Danané. Après quoi, nous mêmes avons affrété 6 cars pour le convoyage du reste. A aucun moment, le peuple n’a été abandonné. Nous étions au four et au moulin pour que ce peuple rentre chez lui et célèbre le seigneur pour ce qu’il a fait», a-t-il confié, peiné.
A Danané, c’est bien-heureux que le chef de tribu Gopou Jérôme dit être en famille, au milieu des siens.
Une correspondance de Sony WAGONDA