L’évangile de ce dimanche des rameaux est assurément riche en enseignements. Il nous présente l’entrée triomphale et messianique de Jésus à Jérusalem.
Dimanche des Rameaux : Le même peuple qui acclamait Jésus a réclamé sa mort
Juché sur un ânon, il est reçu et accompagné par des clameurs et des ovations, dans une ferveur à nul autre pareil, dignes du roi qu’il est. A cet instant précis, la fusion est totale entre le Christ et son peuple, le roi et ses sujets.Dans une joie indicible, fusaient des acclamations : « Hosanna au plus haut des cieux, béni soit celui qui vient au nom du Seigneur » !
Il est acclamé et adulé pour ses enseignements, mais aussi pour les merveilles et les miracles qu’il a été donné au peuple de voir.
Mais quelques jours plus tard, ce même peuple qui acclamait Jésus comme un roi, va réclamer sa mort par crucifixion.
Sollicité pour choisir entre la libération de Jésus et celle d’un vulgaire bandit, ce peuple a complètement oublié celui qu’il acclamait hier, pour demander sa mort et la libération du bandit.
Ce changement à 180° en l’espace de quelques jours, est un enseignement pour nous les mortels. Le peuple qui acclame et ovationne aujourd’hui, est capable de huer et réclamer la mort demain.
Si pour le Christ, il fallait que pareille situation advînt pour que la parole s’accomplît afin que le rachat fût, pour les simples mortels, la chute est souvent rude et l’humiliation incommensurable.
L’histoire est jalonnée d’exemples d’hommes adulés et vénérés qui souvent oublient leur état de simples mortels, et se prennent pour des dieux intouchables, indéboulonnables tenant pour acquis éternel, l’attachement du peuple à leur égard. Des situations récentes nous donnent de voir et d’observer que le peuple est versatile.
On retient de ce fait que rien n’est permanent sur terre et qu’aucun acquis n’est définitif.
Il y a quelques années, Blaise Compaoré faisait la pluie et le beau temps au Burkina Faso. Rien ne présageait que le peuple puisse se révolter contre lui, l’obliger à prendre la clé des champs, se réfugier en Eburnie et devenir par la force des choses, ivoirien par naturalisation!
En Algérie, Bouteflika a dirigé l’Algérie d’une main de fer des décennies durant. Il avait la côte auprès de son peuple. Malade depuis des années, il n’a pas vu passer le temps et les générations et mal lui prit de solliciter un cinquième mandat malgré son état de santé fragile.
Le peuple qui l’adulait hier, est descendu dans la rue pour manifester son opposition à ce mandat de trop et obtenir dans une liesse populaire qu’il abdique et fasse valoir ses droits à une retraite méritée.
Au Soudan, Omar Béchir a lui aussi perdu le pouvoir suite à une révolte populaire.
Et pourtant il avait toujours eu l’appui de son peuple pour s’opposer aux occidentaux qui voulaient sa peau. Il a suffi d’un petit mécontentement pour que le soutien du peuple s’effrite, lui soit retiré et son pouvoir désormais conjugué au passé.
Ces quelques exemples montrent de toute évidence que sur terre, rien n’est définitivement acquis.
Il est vrai que quand on a le pouvoir, on a toujours l’impression d’être intouchable, indéboulonnable et puissant. Mais à la vérité, le peuple qui vous rend puissant, a aussi la possibilité de vous réduire à votre plus simple expression.
Tant il est vrai que le peuple peut crier aujourd’hui « vive le président » et demain dire « à bas le président ».
Le peuple donne le pouvoir et quand il veut le reprendre, aucun boulon ne lui résiste. Alors sachons raison garder. La vérité d’aujourd’hui n’est pas celle de demain.
Demain est certes un autre jour mais demain arrive toujours.
S’il y a un matin, il y a toujours un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.