Dans ses ultimes mouvements de rotation et de translation la Terre fermera dans quelques heures la parenthèse de 2023 pour ouvrir celle de 2024.
Que nous réserve 2024 ?
L’année 2023 s’en ira donc, charriant avec elle tous les vœux que nous fîmes à son apparition.
2024 apparaitra, cristallisant en elle, nos nouveaux vœux, nos nouveaux souhaits et nos nouvelles espérances. C’est un rituel devenu banal auquel nous ne nous empêchons pas de sacrifier.
Nous sommes-nous assurés que les vœux de l’année écoulée se sont réalisés ? Les souhaits émis ont-ils été accomplis ? Nos espérances ont-elles été satisfaites ?
Qu’importe ? L’année prochaine, à la même période, nous ferons la même chose.
Dans quelques heures, nous aurons également droit au message du chef de l’Etat à la nation. Sans surprise, et comme les années écoulées, nous aurons droit aux mêmes vœux formulés à notre endroit, les mêmes promesses d’amélioration de notre quotidien et partant de notre condition de vie, sans oublier les belles perspectives qui nous attendent. Tout ceci dans une autosatisfaction et une autocélébration devenues lassantes et ennuyeuses, du fait de leur récurrence.
Il nous sera asséné que tout va pour le mieux dans le meilleur des mondes. Et des gestes de bonne volonté et d’apaisement seront pris, comme l’élargissement de certains prisonniers.
Mais des interrogations demeureront toujours.
Le niveau de vie des Ivoiriens a-t-il évolué ? Dans quel sens ? Ressentent-ils toutes ces améliorations qui leur sont chantées à longueur de journée et d’années sur leur quotidien?
Se soignent-ils mieux dans des hôpitaux aux plateaux techniques relevés ?
2023 a été une année riche en événements pour la Côte d’Ivoire. Il serait fastidieux de faire un bilan exhaustif.
Mais avant ce bilan qui sera fait par le chef de l’Etat, une armée de cyber activistes, s’est chargée de nous en donner les prémices.
Pas un jour ne passe sans qu’on ne nous présente des images reluisantes des immeubles d’Abidjan, des ponts, des routes bitumées, des péages, des autoroutes, des échangeurs, avec l’image du chef de l’Etat baptisé pour ces faits de « bâtisseur ».
Cela est juste. Mais s’arrêter à ces images et à leurs desseins inavoués, laissera croire que l’Ivoirien vit un paradis terrestre où coulent le lait et le miel.
Le revers de la médaille, l’autre face de la réalité quotidienne des Ivoiriens en 2023, donne une autre image :
- Il faut vendre 3 kg de cacao, pour s’offrir un kg de viande de bœuf
- 2 kg d’hévéa ne peuvent pas permettre d’acheter 1 kg de riz
- 3 kg d’anacarde ne suffisent pas pour l’achat d’un bidon d’huile.
Et pour couronner le tout en cette année 2023 finissant, une nouvelle, une grande nouvelle, une très bonne nouvelle, nous est tombée dessus comme un couperet : c’est le renchérissement du coût de l’électricité à compter du 1er janvier prochain. Ce qui ne manquera pas d’avoir des effets d’entrainement et partant, en rajouter à la déprime que vit le peuple ivoirien.
Ainsi, au-delà des grands travaux qui font la fierté de certains de nos concitoyens, le quotidien des Ivoiriens rime toujours avec une paupérisation grandissante, due à l’extrême cherté de la vie. Peu sont ceux des Ivoiriens qui peuvent actuellement s’offrir deux repas par jour.
Et pendant ce temps, l’Etat n’a pas pris sa part de sacrifice en réduisant son train de vie. Tout au contraire, en dépit de la pléthore d’institutions de la République, très budgétivores, dont on se demande à quoi servent certaines d’entre elles, la liste s’est allongée avec la nomination d’un Haut représentant du président de la République, avec rang de président d’institution.
A quoi servira-t-il ? Quel sera l’impact de ses actions sur la quotidien des ivoiriens ?
Bien malin qui pourra répondre à ces questions à l’heure actuelle.
En ce 2023 mourant, face aux sacrifices que doivent consentir les ivoiriens pour subsister, on ne peut s’empêcher de faire un saut en arrière, et penser à ces directeurs généraux qu’étaient Diaby Lanciné du FER, Yapi Ange Désiré de la NPSP, Ouattara Youssouf de l’AGEDI, Bilé Diéméléou de l’ARTCI ou Coulibaly Lamine de l’AGEF, convaincus de malversations et de détournements de deniers publics, qui se la coulent douce chez eux, avec ce qu’ils ont frauduleusement soustrait au peuple ivoirien, sans connaître les délices de l’univers carcéral, à l’exception de Coulibaly Lamine, encore moins rendre gorge. On en vient à désespérer de notre pays et à croire que la justice n’est pas juste.
Ainsi va le pays.
Assurément la marche sera encore longue, la traversée difficile et la transpiration abondante pour les ivoiriens. Mais ils y sont désormais habitués, et surtout s’y sont résignés.
2023 s’en va, que nous réservera 2024 ?
Demain nous situera.
Demain est certes, un autre jour, mais demain arrive toujours, et l’ivraie sera séparée du vrai.