Opposition ivoirienne-L’or, ce métal précieux de couleur jaune et brillant, très prisé par les hommes pour lequel ceux-ci sont prêts à tout, est extrait des entrailles de la Terre ou dans le cours de certaines rivières et de certains fleuves.
Ce métal ne prend de la valeur que lorsqu’il est pur, donc débarrassé de tout ce qui peut altérer son état. Pour arriver à cet état de pureté, l’or doit forcément passer à l’épreuve du feu.
Ce que vit l’ opposition ivoirienne depuis 2011
De densité très élevée, l’or fond à la température moyenne de 1063°C, et bout vers 2600°C. C’est après cette épreuve du feu que l’or peut revêtir la forme qu’on veut bien lui donner, et prendre la valeur de métal précieux recherché et prisé par tous. Sans cette dure épreuve, l’or a certes une valeur, mais pas celle qu’il revêt quand il subit l’épreuve du feu.
Ce que vit l’opposition ivoirienne depuis 2011, et qui semble l’avoir totalement tétanisée, est semblable au cheminement de l’or, de l’état brut, à l’état pur qui lui confère une valeur marchande certaine.
Il va sans dire que les militants des partis de l’opposition doivent se faire à l’idée que la marche vers la conquête des espaces de liberté, de la démocratie et du pouvoir n’est pas du tout aisée. Le chemin est long, la traversée difficile et la transpiration abondante.
Ils doivent aussi intérioriser et intégrer la réaction du pouvoir à toutes leurs projections. L’instinct naturel de conservation pousse toujours le pouvoir à user de tous les moyens dont il se dispose, pour étouffer toutes les revendications, disperser toutes les manifestations, procéder à l’arrestation des leaders. Cela dans le but évident de saper le moral des militants, semer le doute, la confusion et la peur chez ceux-ci.
C’est à l’aune de ce qui précède qu’il faut comprendre le « blocus » organisé autour de la résidence du président feu Henri Konan Bédié en 2020, la traque par le procureur de la République des autres leaders.
L’incarcération de Pulchérie Gbalet, Koua Justin et des dignitaires du PDCI, l’arrestation de Maurice Kacou Guikahué et de Pascal Affi N’guessan à cette période, au mépris de leur statut de députés de la nation, procédaient de la même stratégie.
Tous ces faits mis ensemble doivent être intégrés par les militants comme résultant de l’engagement politique.
L’engagement politique n’est pas un cours d’eau qui coule tranquillement vers son embouchure. Des rapides et des chutes jalonnent le cours, le rendant difficilement navigable en certains endroits.
Conscients des difficultés qui jalonnent le parcours politique, les militants de l’opposition doivent se remettre à l’ouvrage et avoir à l’esprit, le leitmotiv encourageant des Ashantis : « …tuez-en mille, mille autres arriveront… ». Certes des leaders seront arrêtés et contraints au silence, mais d’autres doivent pouvoir reprendre le flambeau et continuer la lutte. La base ne doit nullement se démobiliser et doit se faire à l’idée que rien ne s’acquiert dans la facilité.
Dans cette atmosphère morose, un fait notable est à signaler. Il s’agit pour l’opposition de ne rien attendre de la « communauté internationale ». Celle-ci a des intérêts qui ne coïncident pas toujours avec ceux des peuples.
Elle se met régulièrement dans une posture d’attente, et ne se prononce véritablement que lorsqu’elle voit clairement où se penche le rapport de force.
L’opposition ivoirienne aujourd’hui, la société civile, les syndicats et autres organisations censés défendre les intérêts des populations semblent ne plus exister. Tous sont tétanisés et ont laissé le champ libre au pouvoir de rythmer la vie des Ivoiriens selon la cadence qu’il veut.
Ainsi, le prix du carburant peut bien augmenter, celui du riz et des autres produits de première nécessité peut prendre l’ascenseur, le Conseil d’État peut vider des contentieux électoraux à géométrie variable, cela est accueilli dans une résignation incompréhensible, comme si une peur paralyse le pays entier.
Ni les partis politiques, ni les syndicats, ni les ONG ne donnent de la voix, ne serait-ce que pour protester. Ou s’ils le font, ils le font si fort, qu’on n’entend rien !
Mais l’opposition ivoirienne doit avoir à l’esprit que si elle veut le changement, elle doit se soumettre à l’épreuve du feu. Car il n’y aurait pas eu la Terre promise, si le désert n’avait pas existé. La résurrection du Christ ne serait pas advenue, si la croix n’avait pas existé. Elle doit enfin se souvenir que : « celui qui lutte sait qu’il va mourir, mais celui qui ne lutte pas est déjà mort… ».
Ainsi va le pays.
Et s’il y a eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.