Un tribunal tunisien a augmenté la peine du chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi, à 15 mois de prison ferme pour « apologie du terrorisme ».
Tunisie : peine alourdie à 15 mois de prison pour le chef d’Ennahdha, Rached Ghannouchi
Les choses se compliquent pour le chef emprisonné du parti Ennahdha et principal opposant politique en Tunisie. Dans un verdict sans appel, un tribunal tunisien a alourdi la peine de Rached Ghannouchi à 15 mois de prison ferme. Cette décision fait suite à une condamnation initiale pour « apologie du terrorisme », qui avait été prononcée en mai 2023. Rached Ghannouchi avait alors été condamné à un an de prison et à une amende d’environ 300 euros, une décision qui avait été confirmée en appel.
Les charges pesant sur le dirigeant de 82 ans étaient liées à des propos qu’il avait tenus lors des funérailles d’un membre d’Ennahdha en 2022. Lors de cet événement, il avait déclaré qu’il « ne craignait ni les puissants ni les tyrans », en utilisant le mot « tyran » pour désigner les policiers. Ennahdha a souligné que ces accusations étaient « fausses » et « dépourvues de toute base légale », en insistant sur le fait que le terme « tyran » avait été « sorti de son contexte ».
L’annonce de cette peine alourdie a suscité des critiques de la part d’Ennahdha, qui estime que le pouvoir judiciaire est influencé par le pouvoir exécutif pour harceler les opposants politiques.
Poursuites et enquêtes judiciaires
Rached Ghannouchi est actuellement l’une des figures majeures de l’opposition politique en Tunisie, s’opposant au président Kais Saied. Depuis le coup de force de Saied en juillet 2021, suivi de la révision de la Constitution pour instaurer un régime ultra-présidentiel, de nombreuses personnalités de l’opposition, dont Ghannouchi, ont été la cible d’enquêtes et de poursuites judiciaires.
Le chef d’Ennahdha est en détention depuis avril, date à laquelle il avait évoqué publiquement le risque d’une « guerre civile » en Tunisie si les partis politiques, notamment Ennahdha, étaient éliminés. Depuis février, plus d’une vingtaine d’opposants, hommes d’affaires et autres personnalités, qualifiés de « terroristes » par le président Saied, sont emprisonnés sous l’accusation de « complot contre la sécurité intérieure ». Cette situation soulève des préoccupations quant à l’état des droits et des libertés en Tunisie.