Côte d’Ivoire-Le 30 septembre 2023, le gouvernement ivoirien a annoncé les nouveaux prix des produits pétroliers. Ainsi, le prix à la pompe du super sans plomb est passé de 815 F CFA à 875 F CFA, et celui du gas-oil de 655 F CFA à 715 F CFA, soit une hausse de 60 F CFA.
Côte d’Ivoire : L’État doit faire des sacrifices
Et comme une bonne nouvelle n’arrive jamais seule, et surtout pour en rajouter au bonheur infini dans lequel baigne le peuple ivoirien, l’augmentation du prix du carburant a été précédée de celui du kg et du sac de riz. Ainsi le sac de riz de 25 kg qui coûtait 15 000 F est désormais vendu à 18 000F voire 19 000 F à certains endroits.
Deux bonnes nouvelles pour prolonger les délices du Nirvana de la troisième République, auxquels, les Ivoiriens à leur corps défendant, sont obligés de goûter, nonobstant toutes les promesses de mieux-être qui leur ont été faites.
Ces augmentations de prix viennent s’ajouter à celles déjà pratiquées sur des produits de première nécessité comme l’huile, les cubes d’assaisonnement, la viande de bœuf, exacerbant ainsi les angoisses, la déprime et le mal-vivre des Ivoiriens.
Certainement que d’autres hausses interviendront par l’effet d’entrainement, pour le bonheur éternel des Ivoiriens.
Dans cette atmosphère de hausse de prix du carburant, le silence du Rhdp intrigue plus d’une personne. Dans l’opposition, alors qu’il était encore Rdr, ce parti clamait urbi et orbi avoir des solutions pour les problèmes auxquels étaient confrontés les Ivoiriens, dont celui du carburant. Il était tout feu et tout flamme, traitant le pouvoir du président Laurent Gbagbo de corrompu, d’incapable à trouver des solutions à la hausse du prix du carburant.
La cellule de ce parti chargée de mines et de l’énergie, avait, on s’en souvient dans des critiques acerbes, accusé le gouvernement de Gbagbo de cacher aux ivoiriens, la quantité de pétrole et de gaz que produit le pays et surtout, de s’enrichir avec. Elle avait également dénoncé les nombreuses taxes prélevées sur les produits pétroliers, qui expliqueraient la hausse des prix. Que le prix du baril du pétrole sur le marché mondial ait augmenté ou pas, le Rdr n’en avait cure.
Le moment est donc venu de renvoyer l’ascenseur au Rdr, aujourd’hui Rhdp, à l’effet de rendre compte aux Ivoiriens de la gestion de leur pétrole et lui demander ce que devient leur gaz. Que le Rhdp dise également aux Ivoiriens ce qu’il a concrètement fait au sujet des nombreuses taxes sur les produits pétroliers qu’il dénonçait il y a quelques années, pour éviter la hausse du prix à la pompe.
Pendant ce temps, et devant ces hausses de prix qui l’étranglent, le peuple ivoirien qui par extraordinaire est devenu stoïque, soupire et murmure, sans que ces soupirs et ces murmures ne dépassent le seuil des maisons.
Et quand ces soupirs et ces murmures deviendront sonores, alors on aura droit au show des membres du gouvernement sur le terrain. On a ainsi découvert l’année dernière, le Premier ministre et certains membres du gouvernement dans un « garba party », question de montrer qu’ils vivent la situation du peuple.
On pourra également comme d’habitude, avoir des annonces de prises de mesures par le chef de l’État, pour contenir les augmentations. En espérant cette fois-ci que ces mesures seront à la dimension des attentes du peuple ivoirien. Mais ce ne sont juste des supputations.
En attendant que le pouvoir se prononce et puisse apporter des réponses aux interrogations et aux préoccupations existentielles du peuple, quelques pistes de mesures peuvent être suggérées à l’effet de réduire l’impact de toutes ces augmentations.
Ce n’est un secret pour personne, qu’outre les fluctuations du prix sur le marché mondial, les nombreuses taxes sur les produits de consommation que dénonçait le Rdr à une époque, ne sont pas étrangères même aujourd’hui, à la flambée des prix.
Certes l’État a besoin de ces taxes pour sa survie, mais il peut lui aussi faire des sacrifices en procédant à des abattements sur ce qui lui revient.
Mais bien plus, pour aider le peuple à supporter les retombées de la hausse des prix, l’État pourrait songer à réduire son train de vie.
En effet, entretenir 41 ministères, une Assemblée nationale, un Sénat, un Conseil économique et social, une vice-présidence, une Médiature, une Grande Chancellerie, 14 ministres-gouverneurs et une pléthore d’autres institutions, dont le travail pour certains n’a aucune incidence sur le quotidien des Ivoiriens, fait passer la vie de ceux-ci au second plan.
La suppression de certaines de ces institutions permettrait de faire des économies substantielles, qui pourraient subventionner des produits de première nécessité.
Mais à quelque chose, malheur est bon. La dernière augmentation du prix du carburant nous montre comment notre pays a évolué et comment nos transporteurs, en si peu de temps ont pris des cours accélérés de commerce international. Ils savent désormais que la hausse du prix du carburant à la pompe est liée à l’augmentation du prix du baril de pétrole sur le marché mondial.
Écoutons à cet effet, Soumahoro Mamadou, président de la Maison des Transporteurs de Côte d’Ivoire (MTCI) :
« …nous n’allons pas faire grève pour une augmentation du prix du carburant, parce que nous sommes conscients que ces prix viennent du cours mondial des hydrocarbures… ».
N’est-ce pas merveilleux ça ?
Quelle évolution !
Que toute la gloire soit rendue à l’Incréé !
Une telle explication donnée aux transporteurs sous Laurent Gbagbo en 2008, n’aurait jamais convaincu ceux-ci, tout au contraire, aurait donné lieu à une grève sauvage, à des arrêts de travail intempestifs, obligeant certains travailleurs à marcher du Plateau à Yopougon à la descente du travail.
Mais les voies du Seigneur sont insondables.
En tout état de cause, entre soupirs, murmures et résignation, les Ivoiriens feront contre mauvaise fortune, bon cœur.
Ainsi va le pays.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.