L’annonce de Laurent Gbagbo selon laquelle il n’envisage plus de diriger la Côte d’Ivoire en tant que président de la République contraint le Président Alassane Ouattara à envisager la retraite. Cette sortie du patron du PPA-CI a des implications significatives sur l’échiquier politique ivoirien où tous les partis politiques se retrouvent littéralement dans l’obligation de promouvoir de nouveaux acteurs politiques de haut niveau.
Laurent Gbagbo décrète la retraite politique des anciens leaders
Lors d’une conférence de presse organisée au siège du Parti des Peuples Africains – Côte d’Ivoire (PPA-CI) à Abidjan, l’ancien chef de l’État de Côte d’Ivoire, Laurent Gbagbo, a laissé entendre qu’il n’envisage plus « être président de la République » dans le futur. Comme cela circulait déjà en interne, la figure emblématique de la gauche ivoirienne a décidé sa sortie du jeu politique de haut niveau pour se consacrer à rôle de conseiller de la jeune génération de politiciens de son parti.
Laurent Gbagbo a déclaré : « Je ne suis plus en envie d’être président de la République. C’est-à-dire que maintenant, si je suis président, c’est que c’est un devoir que mes camarades me demandent d’accomplir. Moi j’ai fait ma part. Et je suis fier d’avoir été là au moment où c’était la guerre […] si mes camarades avec qui je me bats, estiment qu’il n’y a pas mieux que moi pour les échéances à venir, alors on se prépare, mais ce n’est plus une obsession.»
En réalité, Laurent Gbagbo a été bien plus ferme en interne pour ce qui concerne son avenir politique. Il ne compte plus prendre part à aucune élection présidentielle parce qu’il estime qu’il a fait son temps et que c’est présentement à la nouvelle génération du PPA-CI de prendre le relai. Mais en grand stratège, il s’est senti obligé de laisser ouverte une autre option à laquelle il ne croit lui-même plus. Cette formulation de ce qui sera son annonce officielle de sortie du jeu a été expressément modérée pour éviter une transhumance des membres de son parti vers le RHDP ou vers le camp Tidjane Thiam.
Cette décision de Laurent Gbagbo marque clairement un tournant important dans la politique ivoirienne. En tant qu’ancien président et leader de la gauche ivoirienne, Gbagbo a longtemps été considéré comme un présidentiable et une figure majeure de la politique nationale. Sa déclaration signifie que les prochaines élections présidentielles ne verront pas sa candidature, ce qui change fondamentalement la dynamique politique dans le pays. Cela ouvre la voie à de nouveaux acteurs et à de nouvelles stratégies politiques.
Batailles de positionnement au PDCI, PPA-CI et au RHDP ?
De plus, la déclaration de Gbagbo a des répercussions sur l’avenir d’Alassane Ouattara. Avant cette annonce, Ouattara semblait maintenir sa présence politique en grande partie en réponse à la présence de ses adversaires naturels, tels que Gbagbo et Henri Konan Bédié. Cependant, avec la disparition tragique d’Henri Konan Bédié et la décision de Gbagbo de se retirer de la course présidentielle, cela signifie que Ouattara se retrouve désormais dans une position où il n’a plus de rivaux majeurs pour les prochaines élections. Cela pourrait avoir un impact sur sa propre décision de se présenter à nouveau ou de passer le tablier à un successeur au sein de son parti.
Pour souvenir, Alassane Ouattara avait déjà annoncé son retrait de la politique de très haut niveau au profit de feu Amadou Gon Coulibaly, décédé tragiquement après son retour médical de Paris. Sa candidature qui s’en était suivie était pour lui une contrainte liée à un cas de force majeur. Le président de la Côte d’Ivoire a toujours affirmé qu’il avait formé plusieurs jeunes dirigeants capables de prendre sa suite. Avec ce retrait de Gbagbo, consécutif à la mort de Henri Konan Bédié et de Francis Wodié, Ouattara n’a pratiquement plus aucune raison de se maintenir dans le jeu.
De plus, cette annonce remet également en question les affirmations des cadres du RHDP (Rassemblement des Houphouëtistes pour la Démocratie et la Paix), le parti au pouvoir, selon lesquelles ils n’auraient d’autre choix que de présenter Ouattara comme candidat si le PDCI et le PPA-CI lançaient Bédié et Ouattara dans la course présidentielle de 2025. Maintenant que Gbagbo a déclaré qu’il ne cherche plus la présidence, cela pourrait changer la dynamique au sein du RHDP et ouvrir la possibilité à de nouveaux candidats au sein du parti au pouvoir.
Dans l’ensemble, la décision de Laurent Gbagbo de ne plus envisager la présidence de la République marque un tournant dans la politique ivoirienne. La nouvelle génération, qui a pour capitaine incontesté Tidjane Thiam pour le PDCI, Ahoua Don Mello pour le PPA-CI et peut-être Patrick Achi pour le RHDP, va certainement dévoiler son jeu dans les jours à venir.