Tidjane Thiam, le nouveau messie pour sauver la Côte d’Ivoire ? A deux années des prochaines joutes électorales pour la présidentielle, tous les partis politiques affutent leurs armes, à l’effet de présenter le meilleur de leurs chevaux pour conduire la destinée de la terre d‘Eburnie.
Tidjane Thiam apparait, le candidat idéal pour le Pdci-Rda en 2025 ?
Si au niveau du Rhdp, l’incertitude liée à la candidature de l’actuel chef de l’Etat pour un quatrième mandat ou pour le deuxième mandat de la troisième République (c’est selon), est de mise malgré l’appel du pied de nombre de militants du parti, le Pdci-Rda n’échappe non plus à cette incertitude. Il est enclin à un doute sans nom, du fait de la brusque disparition de son président, Henri Konan Bédié.
De ce fait, le retour en Eburnie il y a peu de Tidjane Thiam, et son interview sur une chaîne de télévision, déchaînent déjà des passions.
Pour nombre de personnes, avec le décès du sphinx de Daoukro, Tidjane Thiam apparait comme le candidat idéal pour le Pdci-Rda en 2025. Adoubé par l’establishment français, précédé d’une réputation de technocrate accompli, l’homme serait celui qui pourrait mettre le Pdci-Rda et le Rhdp d’accord autour de sa candidature, au cas où l’actuel chef de l’Etat n’est pas partant pour les échéances de 2025.
Faut-il s’en étonner ? Assurément non.
Depuis trois décennies, la tendance est de vendre aux africains (francophones), une génération d’hommes politiques, sortis de la sphère de la haute finance et des banques, particulièrement ceux issus des institutions financières internationales, les fameux technocrates.
La méthode d’approche et d’imposition de ces hommes sur l’échiquier politique n’a guère varié. La presse commence par présenter leurs parcours professionnels impressionnants et leurs performances dans les institutions internationales qui les emploient.
Par des reportages bien orientés, on fait de ces hommes, les seuls à être et à avoir des solutions aux nombreux problèmes existentiels qui assaillent les populations. Ce sont des messages subliminaux adressés aux populations, en majorité analphabètes pour leur faire adopter et intérioriser le fait que le nouvel arrivant est le seul à même de les sortir de la misère.
Mais l’expérience vécue ici et ailleurs, n’incite guère à l’optimisme quant à la capacité réelle de ces « technocrates-messies » à changer le quotidien des populations.
Ces technocrates sont en général déconnectés du pays, méconnaissent souvent les populations et ignorent les réalités sociologiques des peuples qu’ils veulent diriger.
C’est en fin de carrière à l’extérieur qu’ils se découvrent ou qu’on leur découvre des qualités d’hommes politiques et d’hommes d’Etat.
Mais la situation vécue il y a quelques années par le Bénin, est là pour nous instruire.
Sorti du Fonds monétaire international (FMI), Nicéphore Soglo était perçu comme l’homme qu’il fallait, quand il s’était agi de se débarrasser du président Mathieu Kérékou. Mais la déception de la gouvernance de Soglo à la tête du Bénin fut à la dimension des espérances et des illusions qu’on a vendues aux Béninois. Au change, très peu sont les Béninois qui gardent aujourd’hui un souvenir impérissable de son passage à la tête de leur pays. Sa mauvaise gouvernance fit d’ailleurs revenir Mathieu Kérékou au pouvoir.
On n’oublie non plus le président Yayi Boni, lui aussi sorti de la sphère de la finance et de la banque dont le passage à la tête du Bénin n’a laissé non plus de trace indélébile
C’est fort de ces expériences que les Béninois ont renvoyé d’où il est venu, un autre technocrate présenté comme un messie : Lionel Zinsou.
En Côte d’Ivoire, l’actuel chef de l’Etat fut lui aussi précédé d’une réputation de technocrate de haut vol, qui allait apporter bonheur et richesse aux Ivoiriens. Il aurait un carnet d’adresses fourni, aurait relevé l’économie en déliquescence du Japon, et celle de plus de cent pays.
Après deux mandats, et à deux années de la fin d’un troisième obtenu aux forceps, les Ivoiriens n’ont pas connu le bonheur promis, et ne sont pas plus riches qu’ils ne l’étaient auparavant.
Aujourd’hui, et après une pause de quelques temps, des groupes organisés sur les réseaux sociaux et une certaine presse ont remis le couvert, et tentent de vendre Tidjane Thiam, ex-directeur du Crédit suisse, comme un technocrate émérite pouvant sauver le pays des éléphants.
Il serait l’alternative crédible aux hommes politiques présents sur l’échiquier politique actuel.
Son curriculum vitae (très riche) est publié à souhait comme un message suggestif que les populations doivent intérioriser. Il est également mis en avant, sa filiation avec le premier président ivoirien, argument massue qui doit achever de convaincre qu’il est l’homme nouveau qu’il faut à la tête de la Côte d’Ivoire. Et de nombreux Ivoiriens en manque de repères et de référents, n’hésitent pas à voir en lui le nouveau messie qui cristallise toutes leurs espérances. C’est de bonne guerre, mais le Messie est déjà venu et il n’y en a pas un deuxième.
La sagesse, africaine nous enseigne que si tu as été mordu par un serpent, tu te méfies du ver de terre. Et méfiants, nous le sommes !
Ainsi va le pays !
En tout état de cause, arrive le jour où, l’ivraie sera séparée du vrai