L’affaire de trafic de passeports ivoiriens impliquant une dizaine d’Ivoiro-Libanais a provoqué la colère du Président de la Côte d’Ivoire, M. Alassane Ouattara. La raison, plusieurs personnalités du gouvernement et des services de sécurité auraient essayé de plaider le cas des prévenus.
Côte d’Ivoire : Le Président Alassane Ouattara veut donner un exemple
Certains ministres et hauts gradés de l’armée ivoirienne auraient tenté d’intervenir en faveur des hommes d’affaires Ivoiro-Libanais arrêtés et incarcérés pour trafic de passeports ivoiriens et vente de la nationalité ivoirienne, suscitant ainsi la réaction de mécontentement du président Alassane Ouattara. Le Garde des Sceaux et ministre de la Justice, M. Sansan Kambilé, a opposé un refus catégorique face aux demandes d’intervention de certains de ses collègues du gouvernement ivoirien. Il a, semble-t-il, remonté ces agissements au chef de l’État qui, visiblement, n’apprécie pas que ses collaborateurs protègent des personnes peu recommandables, surtout avec le risque de l’opprobre que pourrait jeter cette affaire sur son équipe.
Le chef de l’État a donc été clair dans son message envers les généraux des forces de sécurité, y compris les personnalités qui lui sont très proches, leur signifiant qu’il ne tolérerait ni interférence ni complaisance dans cette affaire plus que sensible. Cette fermeté vise à préserver l’indépendance de la justice dans le traitement de l’enquête. Selon nos informations, le Président Ouattara avait même été informé de l’affaire bien avant l’arrestation des accusés.
Retenons que les services de la présidence ivoirienne avaient par ailleurs déjà été alertés sur cette affaire par des chancelleries étrangères. Plusieurs pays, notamment de l’Union européenne, regrettaient la facilité avec laquelle des migrants ouest-africains se procuraient des passeports et identités ivoiriennes. La volonté du Président de mettre fin à ce trafic est donc réelle et c’est ce que démontre le message vigoureux qu’il a passé à l’ensemble de ses collaborateurs et ministres qui essaieraient d’interférer dans le dossier.
Trafic de passeports ivoiriens, des employés de la société SNEDAI d’Adama Bictogo cités
Les enquêtes sur cette fraude de grande ampleur se poursuivent, et des opérations de perquisitions et d’interrogations ont déjà été réalisées par l’Unité de lutte contre la grande criminalité, sous les ordres du doyen des juges d’instruction du pôle pénal, financier et économique d’Abidjan, Georges Agathe Glele Olloe. Les employés de la SNEDAI, entreprise détenant le marché de la confection des passeports appartenant au Président de l’Assemblée Nationale M. Adama Bictogo, sont également sous enquête.
Le candidat aux élections municipales de Yopougon pourrait souffrir de cette affaire sensible à laquelle semblent mêlés certains de ses collaborateurs. M. Adama Bictogo se serait passé bien de cette mauvaise publicité à cause de sa faculté de nuisance à sa campagne pour les élections municipales du 2 septembre à Yopougon.
Une fois de plus, le milieu Ivoiro-Libanais subira cette mauvaise publicité du fait de la présence de plusieurs membres de la communauté dans l’affaire. La mise en garde du chef de l’État laisse penser que la justice fera son travail de façon impartiale sans se laisser influencer par qui que ce soit.
L’enquête avait démarré après une note du Qatar aux services de renseignement de la présidence de Côte d’Ivoire. Le service dirigé par le préfet Vassiriki Traoré avait été informé de l’arrestation de ressortissants syriens en possession de passeports ivoiriens. Interrogés, ils avaient donné un certain nombre d’informations qui ont permis de remonter à la filière libanaise de ce trafic de passeports et de la nationalité ivoirienne.
M. Abbas Badreddine, patron de l’entreprise Plastica, interrogé dans un premier temps, mais laissé libre, a ensuite été placé en détention à sa seconde présentation devant les enquêteurs.