Gros coup de filet dans les milieux d’affaires libanais de Côte d’Ivoire. Des ressortissants libanais naturalisés ivoiriens, membres d’un vaste réseau, vendraient la nationalité ivoirienne à des étrangers.
Après la drogue, des Libanais dans le trafic de la nationalité ivoirienne
Les autorités ivoiriennes ont récemment procédé à l’arrestation d’une dizaine d’individus d’origine libanaise, soupçonnés selon Jeune Afrique, d’acquisition frauduleuse de la nationalité ivoirienne et de trafic de passeports ivoiriens. Cette affaire va une nouvelle fois mettre à l’indexe les Libanais résidants en Côte d’Ivoire, très souvent impliqués dans des faits de criminalités.
Abbas Badreddine, patron de l’entreprise Plastica, mise en avant par le gouvernement ivoirien dans la promotion des investissements en Côte d’Ivoire, serait au cœur de ce trafic. Convoqué une première fois le 14 juillet, mais libéré après de fortes pressions de sa communauté, il aurait été placé en détention le 17 juillet dernier avant d’être transféré à la MACA.
Abbas Badreddine serait lui-même soupçonné d’obtention frauduleuse de la nationalité ivoirienne. C’est en 2000, au début du régime du Président Laurent Gbagbo que seraient intervenus les faits. Sa naturalisation aurait été basée sur un décret présidentiel de naturalisation de son père.
C’est l’un des cerveaux du trafic de passeport ivoiriens, présentement incarcérés à la MACA, qui aurait cité le nom d’Abbas Badreddine.
La date de déclenchement de cette affaire se situe au mois de juin dernier après une alerte transmise par le Qatar aux services de renseignement de la présidence ivoirienne. Ce service est dirigé par le préfet Vassiriki Traoré. Des ressortissants syriens avaient alors tenté de franchir les frontières qataries en utilisant des passeports ivoiriens, mais après leur interrogatoire, ils ont avoué leur implication dans ce trafic de documents ivoiriens.
La Côte d’Ivoire alertée par l’Union européenne et des chancelleries
Il faut noter que ces dernières années, l’Union européenne et certaines chancelleries signalent à la Côte d’Ivoire l’existence d’une fraude massive sur sa nationalité. De nombreux migrants en partance pour l’Europe se présentent avec des passeports ivoiriens alors qu’ils n’ont jamais vécu dans le pays. C’est suite à la multiplication de ces signalements que la Côte d’Ivoire a lancé une enquête confiée à l’Unité de lutte contre la grande criminalité (ULGC). Le dossier est dirigé par le colonel Inza Fofana, alias Gruman. Parallèlement, le gouvernement a adopté le 15 juin un projet de loi visant à suspendre l’acquisition immédiate de la nationalité ivoirienne par mariage.
Le 18 juillet, de nouvelles arrestations ont eu lieu tôt le matin dans la boîte de nuit Don Papa, située à Biétry, dans la commune abidjanaise de Marcory. Cet établissement, tenu par des Marocains, est fréquenté par la communauté libanaise.
La Côte d’Ivoire est surveillée par la DEA américaine pour des faits de trafic important de cocaïne. Le pays est cité comme un des États avec une criminalité transnationale croissante. Les autorités ivoiriennes, sous la pression du Président Alassane Ouattara, sont déterminées à combattre ces activités illégales et à protéger l’intégrité des frontières ivoiriennes.