Au Conseil de Sécurité de l’Onu, il est désormais acquis que la mission de maintien de la paix de cette organisation au Mali, la Minusma, se doit de quitter définitivement ce pays.
Mali : que veut encore la CEDEAO ?
Si dans l’ensemble, les Maliens sont satisfaits de cette décision, nombre de leurs voisins qui jouent « les étrangers qui pleurent plus fort que la famille du défunt », sont inquiets et prédisent pour bientôt l’effondrement du Mali. Ce fut la même rengaine quand le Mali avait obtenu le départ des troupes françaises.
Dans l’imagerie de ces voisins inquiets, avec le départ des troupes françaises, puis celles de l’Onu, le champ sera ouvert aux rodéos motorisés des djihadistes, jusqu’à leur arrivée à Bamako, signant ainsi la fin de l’aventure du gouvernement de transition du Mali.
Cette projection pessimiste se justifie-t-elle ? Rien n’est moins sûr !
D’autant plus que depuis le départ des troupes françaises, l’armée malienne n’a montré aucun signe d’essoufflement, encore moins d’affaiblissement. Tout au contraire, elle a toujours su donner des réponses appropriées aux attaques des terroristes.
Ces derniers jours, circule sur la toile, un document qui émanerait de la Cedeao, envisageant donner une trajectoire nouvelle à la force de maintien de la paix de l’Onu, dont le départ vient d’être obtenu par le peuple et le gouvernement maliens.
Ce document invite sans fioritures les dirigeants de la Cedeao à prendre pratiquement le contrepied de la résolution 2690-2023 du 30 juin 2023 de l’Onu, relative au départ des troupes de cette organisation du sol malien. Il préconise de ce fait le maintien de la Minusma sur le sol malien, sous une autre forme et sous une autre appellation.
Pour les concepteurs de ce document, le retrait de la Minusma, aura pour conséquences :
– l’effondrement potentiel de l’accord d’Alger et partant, la reprise de la guerre entre l’armée malienne, Wagner et les groupes armés signataires de l’accord d’Alger.
– l’exacerbation des conflits intercommunautaires
– l’aggravation des violations des droits de l’homme, le déplacement des populations, etc.
Au regard de ce qui précède, et surtout au regard des problèmes internes à la Russie, suite à la mutinerie avortée de Wagner, la Cedeao envisage des alternatives au cas où Wagner ne serait plus de la partie au Mali dans la lutte contre le terrorisme.
Pour ce faire, il est proposé l’intégration des contingents ouest-africains démobilisés de la Minusma dans une nouvelle force qui serait celle de la Cedeao au Mali, pour combler le vide que laisseraient la Minusma et l’éventuel départ de Wagner du Mali.
A y regarder de près, si cette proposition est adoptée, rien ne changera fondamentalement. La Minusma part, sans partir.
Et c’est à ce niveau que se posent de nombreuses interrogations quant à l’objectif réel de la Cedeao.
En effet, si les autorités maliennes se sont résolues à demander le départ de la Minusma, c’est qu’elles ne sont pas satisfaites de l’interposition de cette force, qui n’a guère fait évoluer le recouvrement légitime du territoire par le pouvoir légal du Mali.
Et reconduire la même mission en « l’africanisant » ne saurait être plus opérante et en adéquation avec les attentes du peuple malien.
A quoi sert une interposition entre une armée légale et des groupes armés notoirement reconnus comme des terroristes ?
Pourquoi la Cedeao veut-elle décider de ce qui est bon en lieu et place du peuple et du gouvernement maliens ?
Et pourquoi la Cedeao veut-elle contourner une résolution qui émane d’une instance qui lui est supérieure ?
Mais objectivement, si les pays de la Cedeao n’envisagent pas aider le Mali en engageant leurs forces armées aux côtés de l’armée malienne dans sa lutte contre les terroristes, il serait bon qu’ils n’en rajoutent pas aux difficultés de celui-ci, par des actions et des projections aux inavouables funestes.
Mais on le comprend, après avoir tenté en vain d’asphyxier le Mali au travers d’un embargo inique, la Cedeao veut changer de fusil d’épaule, sous le couvert de bonnes intentions, mais qui cachent mal son désir réel : le départ des colonels de Bamako.
Elle (la Cedeao) donne également du grain à moudre à tous ceux qui estiment qu’elle est en réalité le bras séculier des occidentaux en Afrique de l’Ouest. Ceux-ci voudraient bien reprendre la main, dans une région qui a commencé à leur échapper.
Au regard de ce qui est susmentionné, on se doit d’en appeler le peuple et le gouvernement maliens à la vigilance. C’est le lieu pour eux de faire accélérer le processus de retrait de tous les contingents de la Minusma (contingents africains y compris), à l’effet d’avoir une bonne visibilité pour la prise en main de la destinée de leur pays et de la trajectoire qu’ils entendent donner à celle-ci.
Car il est difficilement compréhensible, la « danse de crabe » à laquelle s’adonnent la Cedeao, l’Uemoa, la Bceao, etc. au sujet du Mali.
Ainsi va l’Afrique.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.