Le chef de l’Etat sénégalais Macky Sall va passer la main en 2024 à une cinquième personnalité comme futur président de ce petit pays d’Afrique de l’Ouest. Portrait!
Portrait: Macky Sall, l’homme qui a occupé tous les postes au sommet de l’Etat
Lundi 03 juillet, dans un discours à la Nation télévisée en français puis en wolof, le président Macky Sall a enfin mis fin au suspense, affirmant qu’il ne va pas se présenter à l’élection présidentielle prévue le 24 février 2024. Il a dirigé d’une main de fer le Sénégal, pendant plus d’une décennie marquée par la réalisation de grands travaux. Agé de 61 ans, cet ingénieur géologue né à Fatick (centre) dans une famille modeste originaire du nord du pays, se définit comme un libéral social.
Père de deux garçons et une fille, Macky est présenté comme « un vrai timide mais un faux doux », dit de lui l’ancien journaliste Cheikh Yérim Seck, auteur d’un récent ouvrage sur le Sénégal sous Macky Sall. Se réclamant de la jeunesse maoïste, il avait pour ambition d’amener le Sénégal « plus loin et plus haut », vers « l’émergence » à l’horizon 2035.
Ses débuts en politique
Macky Sall, originaire de Fatick, dans l’ouest du Sénégal, une commune dont il fut le maire, va adhérer au Parti démocratique sénégalais, le PDS d’Abdoulaye Wade, à la fin des années 1980. Il sera notamment secrétaire général de la Convention régionale du PDS de Fatick en 1998 et président des cadres du parti.
En 2000, quand Abdoulaye Wade accède au pouvoir, Macky Sall, qui rêvait d’un poste au sein du gouvernement, est d’abord placé à la tête de la Société des pétroles du Sénégal (Petrosen). Puis de mai 2001 à août 2003, il dirige le ministère des Mines, de l’Energie et de l’Hydraulique. D’août 2003 à avril 2004, il se retrouve à la tête du ministère de l’Intérieur et des Collectivités locales. Fin technocrate, il exerce la fonction de Premier ministre de 2004 à 2007 avant d’occuper les fonctions de président de l’Assemblée nationale de 2007 à 2008.
Homme d’Etat à la vision panafricaine
Avec 143 voix sur 146, Macky Sall est élu le 20 juin 2007 à la présidence de l’Assemblée nationale. Mais brusquement son cheminement avec le Président Abdoulaye Wade prend une mauvaise tournure. Il avait décidé de convoquer son fils Karim Wade à l’Assemblée nationale pour une audition sur les travaux de l’Agence nationale de l’organisation de la conférence islamique.
Une initiative mal perçue au palais présidentiel. Sa tête est réclamée. Macky Sall est contraint à la démission. Il quitte le PDS et fonde son propre parti, l’Alliance pour la démocratie (APR). Il se déclare alors candidat à l’élection présidentielle de 2012 et est porté au pouvoir par une vague de soutien populaire et devient ainsi le quatrième président de la République du Sénégal. La candidature pour un troisième mandat d’Abdoulaye Wade avait provoqué une vague de protestations dans tout le pays.
Depuis son élection en 2012 face à son ancien mentor Abdoulaye Wade, ce quatrième président du Sénégal entame plusieurs réformes institutionnelles avec la création de l’Office national anticorruption et de la Commission nationale de restitution des biens et de recouvrement des avoirs mal acquis. En 2016, une révision de la constitution de 2001 est adoptée par voie référendaire sous l’impulsion du président Sall. Il ramène le mandat présidentiel de 7 à 5 ans.
Il se targue d’avoir augmenté la production agricole et poursuivi une ambitieuse politique de grands travaux: nouvel aéroport, ville nouvelle de Diamniadio, train express régional… Il s’est félicité samedi « d’avoir déjà balisé la gestion des ressources pétrolières et gazières » et conduit « une politique économique au bénéfice de nos populations », lors d’une rencontre avec des élus l’appelant à se présenter en 2024.
Autre succès à mettre à son actif, l’accalmie en Casamance (sud), en proie à une rébellion indépendantiste depuis 1982, et le départ en 2017, sous sa pression diplomatique et militaire, du président Yahya Jammeh, qui gouvernait la Gambie voisine depuis 22 ans et appuyait les rebelles. En tant que président de l’Union africaine entre 2022 et 2023, il a porté la voix du continent dans le conflit entre la Russie et l’Ukraine et milité sans relâche pour l’adhésion de l’organisation au G20.
Affaire Ousmane Sonko
Macky Sall est accusé d’empêcher son principal adversaire politique Ousmane Sonko de se présenter à l’élection présidentielle de 2024. Ce dernier a été condamné à deux ans de prison ferme pour corruption de la jeunesse dans une affaire qui l’oppose à une ex-masseuse, Hadji Sarr.
Il s’agit d’une manipulation, disent les opposants. Mais pour le président sénégalais, c’est une question judiciaire qui n’a aucune implication politique. Depuis lundi 03 juillet, Macky Sall a ouvert une nouvelle page de l’histoire du Sénégal, ravivant la flamme democratique que le monde lui reconnait.