La Côte d’Ivoire vit actuellement au rythme des préparatifs des élections municipales et régionales. Le président de la Commission Électorale Indépendante(CEI) écume les plateaux de télévision pour expliquer, voire justifier les nombreuses irrégularités et incongruités relevées par les partis politiques sur la liste électorale, notamment le Ppa-ci et le Pdcci-Rda.
Côte d’Ivoire : Le pays ou la triche est devenue un sport national…
Le président de la Commission Électorale Indépendante(CEI) se retrouve à défendre l’indéfendable tout en affirmant que ces irrégularités n’ont aucune incidence sur les élections.
Mais de deux choses l’une : soit la Cei n’a véritablement pas travaillé sur la liste de façon professionnelle et consciencieuse, soit elle a consciemment laissé ces erreurs, tout en sachant celui à qui cela profiterait, dans la droite ligne de la triche qui est désormais devenue une culture chez nous.
L’évêque de Daloa ne croyait pas si bien dire quand il affirmait : « …les élèves trichent à l’école, les parents trichent en politique… ».
Mais auparavant, lors du processus de révision de la liste électorale à travers tout le pays, le spectacle qu’il a été donné de voir, montre qu’il est vraiment à désespérer des Ivoiriens.
Exploitant une ‘’ faille’’ de la loi électorale qui permet à chaque citoyen de s’inscrire dans un lieu de vote de son choix, de potentiels candidats ont organisé de véritables razzia pour déverser de potentiels électeurs dans des localités ou ceux-ci n’ont aucun intérêt.
Pour un billet de 2000 f CFA, un morceau de pain et une boite de sardine, de nombreux villages sont vidés de leurs électeurs et convoyés là où le ‘’ babatchè’’ voudrait bien devenir celui qui tiendra en main la destinée de la citée visée.
Cette opération est une véritable triche. Et l’exemple de la commune du Plateau est vraiment parlant : un peu plus de 7000 habitants, pour plus de 80 000 électeurs.
Si jusque-là ce processus de transhumance été fait en « sourdine », aujourd’hui il est devenu un sport national très répandu.
Ainsi, on peut avoir des candidats vomis par les populations de leurs localités, mais élus grâce à des mercenaires électoraux qui n’ont aucun intérêt dans la localité, et qui se moquent éperdument de la vie des habitants de la cité dont ils viennent modifier le vote.
Quelle considération peut-on avoir pour des candidats qui trichent dès la base ? Qu’en sera-t-il des deniers publics pour des gens sans scrupules prêts à tout pour se faire élire ? Quelle image peut-on avoir pour des individus de cet acabit à la moralité douteuse?
Et les nombreuses bagarres qui avaient été enregistrées dans les lieux d’enrôlement laissent présager ce qui adviendra pendant les élections qui seront organisées par une Cei totalement déséquilibrée… volontairement.
La triche, c’était aussi de nombreux véhicules de luxe sortis du port, il y a quelques temps, sans être dédouanés juste parce qu’une mafia s’est organisée pour se remplir les poches en lieu et place des caisses de l’Etat.
Des enquêtes disait-on étaient en cours et nous attendons patiemment les résultats jusqu’aujourd’hui afin que les coupables soient punis.
La triche se retrouve ensuite dans la commercialisation des deux produits phares de notre économie: le café et le cacao. 500 milliards d’un trou avait été creusé du fait d’une gestion approximative de la filière, parce que des agréments ont été donnés avec légèreté à des amis, à des frères ou à des relations qui n’ont ni la formation, ni le professionnalisme, ni la technicité, ni la surface financière nécessaires pour opérer dans le secteur. Mais qu’importe ?
Et comme sanction le Directeur Général du Conseil Café-Cacao avait juste été limogé, comme si cela nous ramènera nos 500 milliards, fruits de la sueur de nos parents. Et pour boucler la boucle, on va à l’extérieur emprunter 300 milliards pour ‘’ boucher le trou’’ creusé !
Somme que vous, moi, nos enfants, nos petits enfants devront payer, alors que nous n’avons même pas eu 200 FCFA dedans pour notre « garba ».
La triche, on la retrouve également dans plusieurs autres domaines. L’attribution des marchés publics est le symbole achevé de ce nouveau sport.
Des entreprises sans envergure, sans technicité, sans surface financière, obtiennent des marchés qu’elles ont du mal à exécuter.
Et quand elles l’exécutent, cela donne des ouvrages incapables de résister aux intempéries ; et quand l’évaluateur universel et incorruptible qu’est la pluie passe, on découvre avec ahurissement « le hold up » qui nous a été fait.
En citoyens modèles, nous nous attendons à ce que ces entreprises soient lourdement sanctionnées et même interdites d’exercer chez nous. Mais cela reste un vœu pieux parce que ces entreprises appartiennent à ceux qui donnent les marchés.
Il est absolument inconcevable que nos milliards soient engloutis dans des routes, hydro-biodégradables et effervescentes et qu’on fait et refait à chaque passage de la pluie !
La triche, c’est également dans l’organisation des concours. Plus personne ne croit en ces concours où les places sont réservées aux plus offrants et derniers enchérisseurs.
Mais pour offrir ou participer à cette « vente aux enchères », il faut avoir l’information ; et cette information circule dans un cercle bien fermé et inaccessible, cela explique le fait que la consonance des noms des admis rime avec une certaine aire culturelle.
Ainsi va le pays qui se veut émergent et qui immerge pendant la saison des pluies et dont la triche est devenue un sport bien prisé. Mais soyez sans crainte, l’ivraie sera séparée du vrai !