La crise en Ukraine dont la fin n’apparaît nullement à l’horizon, préoccupe de nombreuses personnes à travers le monde entier. Des médiations pour mettre fin à ce conflit qui n’a que trop duré, ont été tentées sans résultats tangibles. La Turquie et la Chine s’y sont essayées en vain. Les combats entre Russes et Ukrainiens, continuent de plus belle et l’actualité bruit avec une contre-offensive ukrainienne aux contours flous, à l’effet de récupérer les territoires occupés par les russes. Les informations contradictoires sur les avancées de cette contre-offensive, laissent penser que la fin de ce conflit n’est pas pour demain.
Crise Russie-Ukraine : Médiation africaine ou l’art de faire comme l’étranger qui pleure plus fort que la famille du défunt
C’est dans cette atmosphère que des chefs d’Etats africains, certainement lassés de voir les pays européens, incapables de prendre des initiatives pour mettre fin à un conflit dont les retombées sont ressenties partout, ont décidé de prendre leur bâton de pèlerin pour offrir leurs bons offices aux deux belligérants.
Ainsi, Malick Sall du Sénégal, Cyril Ramaphosa d’Afrique du Sud, Hakainde Hichilema de Zambie, Azali Assoumani des Comores, ainsi que les premiers ministres du Congo et d’Ouganda, ont rencontré les présidents ukrainien et russe à l’effet de proposer leurs bons offices et parvenir à la fin du conflit qui oppose la Russie à l’Ukraine. Si on peut à juste titre, saluer l’esprit qui a présidé à la prise de cette initiative, on peut légitimement douter de sa portée et des résultats qu’on peut en attendre.
En effet, ce n’est un secret pour personne, le président russe est dans de bonnes dispositions pour entamer des discussions, voire des négociations. Il tient solidement en mains la destinée de son pays et peut en toute indépendance, décider de ce qui est bon ou non pour son pays. C’est pourquoi, tout en restant prudent, il s’est félicité de cette initiative africaine. Il était dans les mêmes dispositions quand la Turquie puis la Chine jouaient les « go between » entre lui et son homologue ukrainien.
Il serait vain d’attendre quelque chose de la marionnette Zelenski
A l’opposé, le président ukrainien, Volodymyr Zelensky, a déjà opposé une fin de non-recevoir à la médiation africaine, arguant que c’était une ruse des russes. Comment peut-il en être autrement ? Contrairement au président russe, Vladimir Poutine, Zelensky n’a pas en mains, les clés pour décider en toute indépendance, des négociations pour mettre fin au conflit. La destinée de l’Ukraine lui échappe, et tant que les bailleurs de fonds et pourvoyeurs d’armes de l’Ukraine, que sont principalement les Etats-Unis et accessoirement leurs alliés européens, n’auront pas pris une telle décision, il serait vain d’attendre quelque chose de la marionnette Zelenski.
Au début du conflit, la médiation turque était presque parvenue à un accord entre les deux belligérants pour cesser les hostilités. Mais contre toute attente, l’intervention de l’ancien premier ministre britannique, Boris Johnson a obligé Zelensky à se rebiffer et à faire volte-face pour continuer les hostilités. Mais qu’on ne s’y trompe pas. Les intérêts économiques et les profits que génère ce conflit pour les Etats-Unis sont si énormes qu’il est à douter qu’ils soient prêts à y renoncer pour une quelconque fin des hostilités.
Avant le conflit, les Etats-Unis éprouvaient toutes les difficultés du monde pour écouler leur gaz de schiste, dont l’extraction est une calamité pour l’environnement. Ils ont réussi à persuader les Européens à se passer du gaz russe beaucoup moins cher et moins polluant, pour acheter le leur au prix le plus fort. De même, l’industrie de l’armement américaine tourne à plein régime et se fait d’énormes profits auxquels les américains ne renonceront pas de si tôt.
Ont-ils fini de régler les nombreux conflits en Afrique ?
Il est donc illusoire de penser un seul instant, que face aux intérêts américains, le président ukrainien puisse prendre sur lui d’entamer des négociations sans l’approbation des Américains. Ce n’est donc pas étonnant qu’il oppose une fin de non-recevoir à la médiation africaine. Ceci dit, on est également en droit de se poser des questions sur l’opportunité de la médiation africaine dans un conflit loin du continent. Certes ce conflit a des retombées sur le monde entier, mais pourquoi « faire l’étranger qui pleure plus fort que la famille du défunt ? », là où ledit conflit ne semble nullement être une préoccupation pour les Européens quant à sa fin, alors que celui-ci se déroule sur leur territoire ?
Ont-ils fini de régler les nombreux conflits en Afrique ? Ont-ils interpellé le rwandais Paul Kagamé pour son soutien à une rébellion qui déstabilise la RDC ? Sous leurs yeux, le Soudan a subi une partition sur la base d’un prétendu génocide au Darfour. Génocide qui s’est estompé comme par magie, dès lors que le pays a été scindé en deux états. Aujourd’hui dans l’un d’entre eux, sévit une guerre fratricide qui nécessite une implication et une médiation fortes de ces chefs d’Etats, pour le retour de la paix.
Ces chefs d’Etats sont aux abonnés absents, et préfèrent aller pleurer plus fort que les Européens dans un conflit qui est loin de chez eux et qui ne les concerne pas directement. Les Saintes Ecritures enseignent qu’avant de demander à son prochain d’enlever la paille de ses yeux, il serait judicieux d’ôter la poutre qui se trouve dans les nôtres ! Ainsi va l’Afrique ! Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.