A’Salfo est titulaire, depuis quelques jours, d’un Master Global Executive en management de HEC Paris. Invité le jeudi 15 juin soir à l’émission ‘’Sans réserve’’, sur NCI, le lead-vocal du groupe Magic System, a expliqué les raisons qui l’ont poussé à retourner sur les bancs de l’école. Il n’a pas manqué de donner des conseils à la jeunesse et parler bien sûr de la carrière de son groupe Magic System (1ère partie).
A’Salfo raconte son Master Global Executive en management de HEC Paris
On vous a vu sur la scène de cette graduation cérémonie de HEC Paris. On ne vous a pas entendu vous prononcer sur ce que cela représentait pour vous. Quelles sont les émotions au moment où vous preniez part à cette cérémonie ?
C’est déjà un sentiment de devoir accompli vis-à-vis de soi-même. C’est aussi un rêve que je nourrissais, celui d’aller jusqu’au bout de ce que j’avais espéré quand j’étais tout petit. Le sentiment d’avoir fait passer aussi un message à l’endroit de tous pour dire que quand on veut, on peut et à cœur vaillant, il n’y a rien d’impossible.
Pour dire aussi qu’il n’y a pas d’âge pour apprendre. Et que la formation doit rester quelque chose de capital pour notre génération et pour les générations à venir.
Est-ce qu’il vous manquait quelque chose que vous êtes allé chercher dans cette formation ?
Même pas durant le parcours. Parce que lorsqu’on est dans le parcours c’est qu’on aspirait à cela. Je me suis dit qu’il y a quelque chose qui n’allait pas. J’ai vu que certaines choses s’imposaient à moi déjà. Quand on met en place des structures et des entreprises pour pouvoir développer une activité, on se dit qu’on a besoin d’un outil pour pouvoir aller de l’avant.
Et j’ai pensé qu’ il y avait certes cette volonté de vouloir bien faire les choses. Mais, il y avait quelque chose qui manquait. Il y avait une qualité académique qui n’était pas là et il fallait aller forcément s’outiller. Parce qu’on dit que quand on veut innover, il faut se former. J’ai trouvé qu’il me fallait une formation et qu’il fallait retourner à l’école.
D’où avez-vous finalement trouvé cette force pour retourner à l’école ?
D’abord, c’est une vision qui nous amène à nous inscrire dans cette manière de faire les choses. Parce qu’on peut avoir l’argent, la célébrité et la gloire, mais quand on n’a pas la connaissance, je crois qu’il y a une restriction au niveau de ce qu’on veut rendre.
Moi, j’avais envie de rendre à ma communauté, mais il y avait quelque chose qui me bloquait. Je n’avais pas les outils nécessaires pour aller plus loin que ça. En termes de musique, je dirai oui, parce qu’on avait une mission à accomplir avec Magic System.
On a fait le tour du monde, on a parcouru tous les grands pays, on sait ce que c’est une scène. Mais après, ce qui manquait c’était qu’est-ce qu’on pouvait partager de plus à notre communauté.
On a parlé de toutes les actions sociales que nous avons menées et tout. Mais, moi, je voulais m’inscrire dans une vision qui est celle d’apporter un plus aux industries culturelles et réactives.
Et c’est un domaine qui est en train d’évoluer en Afrique. Je n’ai pas voulu laisser le train partir et j’ai voulu repartir à l’école pour acquérir plus d’expérience, avoir des prérequis pour pouvoir mettre en place des projets qui tendent à développer ce secteur.
A la tête du groupe Magic System, c’est 13 albums, 16 disques d’Or, 3 disques de platine et plus de 500 concerts dans le monde. Retourner à l’école c’est aussi une preuve d’humilité?
Oui ! Preuve d’humilité, c’est vrai, mais je crois que c’est aussi comme j’ai dit plus haut que c’est un message que je voulais lancer. Dans nos chansons, on incite toujours les jeunes à y croire, à ne pas baisser les bras et à être déterminé pour aller de l’avant. Je crois que j’ai voulu joindre la parole à l’acte ou l’acte à la parole pour montrer quand on veut, on peut.
‘’Dans nos chansons, on incite toujours les jeunes à ne pas baisser les bras et à être déterminés pour aller de l’avant’’
Est-ce que vous considérez que vous incarnez aujourd’hui un modèle pour tous ces jeunes qui n’ont pas eu la chance d’avoir un cursus scolaire ordinaire, ont dû arrêter l’école. Parce que les parents n’avaient pas les moyens. C’était votre cas et est-ce que c’est un message que vous envoyez aujourd’hui à ceux-là de ne pas désespérer de la vie?
Oui! C’est un message, un message très fort. Parce que j’avoue que quand je partais d’Anoumabo, je n’avais jamais pensé que je pourrais faire une grande école. A l’époque, j’avais demandé à avoir une somme pour m’inscrire à Educatel pour me former. Et c’était 142 mille Francs CFA que je n’avais pas.
Aujourd’hui, la nature a voulu que j’ai une position sociale qui me permette de pouvoir financer mes cours et c’est ce que je n’ai pas hésité à faire. Quand on m’a appelé pour monter sur scène, il y avait ma fille dans le public qui criait : ‘’papa, je suis fière de toi’’. Et j’ai vu que le tableau était à l’envers, parce que généralement, ce sont les parents qui sont fiers de leurs enfants qui vont recevoir leur diplôme. Et moi, c’était le père qui partait recevoir un diplôme. Qui rendait par la même occasion sa fille fière qui, la veille, recevait elle-aussi le même diplôme dans son école.
Il y a des actes comme cela qui sont symboliques et qui marquent et qui sont parfois des messages pour tous ceux qui croient qu’il faut abandonner. Je dis non et il faut toujours croire à ses rêves. Tout est possible et tout est une question de temps.
Au moment où Antou, le célèbre personnage dans la chanson ‘’Premier gaou’’, vous larguait parce que justement, vous étiez dans une certaine galère. Au moment où vous réalisez cet opus qui est devenu un hit international plus tard. Est-ce que vous pouvez réaliser un jour que vous arriveriez à ce niveau de la société ?
Non ! Je l’ai toujours dit qu’un artiste qui arrive à un certain niveau et qui dit : ‘’je savais que j’allais arriver à ce niveau’’, c’est qu’il est parti dans sa carrière sans une valeur d’humilité. On rêve tous de devenir de grands artistes, on rêve tous de faire de grandes carrières.
C’est ce qu’on espère quand on sort. On espérait, mais on ne savait pas atteindre ce sommet-là d’une carrière musicale. Quand on y arrive, il faut prendre du recul et savoir analyser. Parce qu’on dit : ‘’quand tu le peux et le trop’’, il y a ce qu’on appelle la mesure. Et lorsqu’on ne sait pas, on peut se perdre en route.
Nous, on a voulu garder toutes ces valeurs morales que nous avons acquises à Anoumabo qui nous ont guidés tout au long de notre carrière. On sait faire la part des choses et on se dit qu’on a la chance d’être là aujourd’hui. Parce que ce n’était pas gagné d’avance.