Le chassé-croisé entre le Mali et la « communauté internationale » est loin de s’estomper sur les événements survenus à Moura en mars 2022. Le gouvernement de transition malien a dénoncé le 13 mai 2023, le rapport de l’Onu accusant les FAMa et des « combattants étrangers » d’avoir exécuté au moins 500 personnes, lors d’une opération contre les djihadistes et autres terroristes à Moura en mars 2022.
Massacre de Moura: Le chassé-croisé entre le Mali et la « communauté internationale » est loin de s’estomper
Pour rappel, du 23 au 31 mars 2022, l’armée malienne a mené une opération dans la ville de Moura, antre des terroristes, dans le cadre de sa lutte contre les djihadistes et les bandes armées dont la plupart est affiliée à Al-Qaïda. L’état-major de l’armée malienne a, dans un communiqué, annoncé l’élimination de 203 terroristes et fait 51 autres, prisonniers. Après la prise de la ville, un ratissage a eu lieu pour débusquer les terroristes fondus dans la population.
Pour l’armée malienne, cette opération fut une grande réussite et se poursuivra à l’effet de permettre au Mali de recouvrer l’entièreté de son territoire. Peu de temps après cette opération, l’Ong Human Rights Watch conteste la version des autorités maliennes et décrit plutôt « le pire épisode d’atrocités » commises contre des civils au Mali depuis dix ans. L’Ong fait état de 300 civils exécutés sommairement par les soldats maliens, de pillages et de viols. La population ciblée, serait celle des Peuhls.
Malgré les dénégations des autorités maliennes, la France et ses alliés surtout les Etats-Unis, se sont fait l’écho de ces allégations. Sans perdre du temps, la France (comme d’habitude), est à l’initiative d’une résolution au Conseil de sécurité de l’Onu, à l’effet d’avoir « des enquêtes indépendantes » sur ce présumé massacre. La Russie soutenue par la Chine, s’y est opposée. La presse française a elle aussi abondamment relayé l’information et mis en exergue la présence d’ « instructeurs russes » pour certains et de « mercenaires russes » pour d’autres.
Un parallèle est vite fait entre Moura et Boutcha en Ukraine. Certains y ont même vu, « la méthode russe » qui serait « une culture systémique de crimes de guerre, comme méthode de guerre normale » (Alex Clarkson, professeur au King’s College, London). Mais pour les autorités maliennes, la France, frustrée de ne plus pouvoir en imposer au Mali, s’évertue à décrédibiliser le gouvernement malien pour le mettre au banc des accusés.
Les djihadistes et autres terroristes mènent une guerre asymétrique et ne s’embarrassent pas du port d’une quelconque tenue militaire
Le rapport du bureau des droits de l’homme des Nations Unies publié il y a peu, ne diffère guère des conclusions de certaines Ong, déjà à la période de la survenue de « ces massacres ». Si le bureau des droits de l’homme des Nations Unies a répondu aux demandes des Etats-Unis, de la France et de certaines Ong, pour mener des enquêtes sur les événements de Moura où sont impliquées les forces armées maliennes, on comprend moins son silence sur les bavures et autres massacres perpétrés par les forces françaises.
Outre ce qu’il a été convenu d’appeler le charnier de Gossi, on a en mémoire la polémique qui est survenue quand les forces françaises ont mitraillé des civils maliens au cours d’une cérémonie de mariage dans la localité de Bounti en janvier 2021. Bien que suffisamment documentée, les français sont restés constants dans leurs dénégations de cette bavure, arguant n’avoir tué que des djihadistes. Comment ont-ils pu savoir que ce ne sont pas des civils mais des djihadistes ? De quels signes distinctifs ont-ils eu pour être aussi affirmatifs ?
Car ce n’est un secret pour personne, les djihadistes et autres terroristes mènent une guerre asymétrique et ne s’embarrassent pas du port d’une quelconque tenue militaire. Leur méthode favorite est de se fondre et de se confondre à la population civile. De ce fait, comment peut-on savoir que dans le cas de l’armée française, ce sont des djihadistes qui ont été tués, et que dans le cas de l’armée malienne, on peut être aussi péremptoire pour affirmer que ce ne sont que des civils ?
On comprend dès lors, que le porte-parole du gouvernement de transition malien, dénonçant le rapport du bureau des droits de l’homme des Nations-Unies, parle de « rapport biaisé, reposant sur un récit fictif ». Ainsi va le monde. Mais s’il y a eu un soir au Mali, il y aura assurément un matin, et l’ivraie sera séparée du vrai.