Le rachat de Credit Suisse par le géant français UBS ouvre la polémique des mauvais dirigeants qui ont fait plonger l’institution bancaire helvétique. L’Ivoirien Tidjane Thiam, pour sa part, se dédouane et se félicite des excellents résultats obtenus sous sa direction.
Tidjane Thiam victime de racisme dans l’affaire Credit Suisse?
“Premier noir” à diriger la banque suisse, Thiam a été pris dans un scandale d’espionnage privé visant notamment un dirigeant de l’activité de gestion de fortune parti chez UBS.
Une histoire qui a fait les choux gras de la presse suisse, people et financière, et a pris des proportions rocambolesques sur fond de rivalités internes et parfois de racisme.
Accusé par la Tribune de Genève d’avoir “affaibli les contrôles internes et causé une importante perte”, dans un article publié le 24 mars 2023, Tidjane Thiam, directeur général de Credit Suisse de 2015 à 2020, décline toute responsabilité.
Il a également rappelé la santé financière de cette banque lors de son départ en février 2020.
« J’ai géré efficacement les situations délicates »
“J’ai géré efficacement les situations délicates qui se sont développées sous ma direction, les choses ont mal tourné dans les années qui ont suivi”, affirmait Tidjane Thiam dans un article publié jeudi 23 mars dans le journal anglais Financial Times, à propos de la faillite et du rachat de la banque dont il fut directeur général de 2015 à 2020.
“Nous avons donc levé 10 milliards de francs suisses de fonds propres, abordé des problèmes hérités de plusieurs milliards de dollars, du marché américain des titres hypothécaires au Mozambique, réduit l’exposition au risque de 45% et éliminé plus de 100 milliards de francs suisses d’actifs dépréciés. Le risque a toujours été une priorité pour moi. Il était clair que les systèmes de risque de la banque nécessitaient un investissement majeur et qu’il s’agirait d’une entreprise importante et pluriannuelle. J’ai souvent décrit cela comme un travail de 10 ans, qui n’était clairement pas terminé au moment où je suis parti”, a-t-il indiqué.
Bouc émissaire idéal en raison de ses origines et du caractère conservateur de la haute finance, le franco-ivoirien Tidjane Thiam a quitté Crédit Suisse en 2020 après y avoir officié pendant cinq ans.
Une banque plus ou moins stable après son départ de Crédit Suisse
Arrivé de la compagnie d’assurance Prudential PLC en 2015, au son du tambour médiatique, le “premier noir” à diriger la banque suisse
L’Ivoirien a le mérite d’avoir laissé derrière lui une banque plus ou moins stable. Un an avant son départ de Credit Suisse, le banquier venu d’Abidjan relève que Credit Suisse réalisait presque autant de bénéfices que son nouveau propriétaire UBS, à fin 2019.
“Après quelques jours d’entrée en fonction, l’une de mes premières décisions a été d’approuver un nouvel investissement de 150 millions de dollars dans les systèmes de gestion des risques. Nous avons également augmenté le personnel chargé de la conformité de plus de 40 %, même lorsque nous menions un important programme de réduction des coûts à l’échelle de la banque. J’étais clair que jusqu’à ce que les systèmes de risque et de conformité soient matériellement améliorés, le comportement et la culture seraient plus importants que jamais. J’ai réduit notre appétit pour le risque et fait en sorte que tout le monde comprenne que je voulais entendre de mauvaises nouvelles lorsqu’elles se produisaient. Nous avons réussi à traverser 16 trimestres sans problème grave, avons eu plus de 200 milliards de dollars d’entrées de fonds dans la gestion de patrimoine, réduit les risques et réduit les coûts d’exploitation et les coûts hérités”, s’est dédouané Thiam.