Le plus gros acheteur de fèves de cacao en Côte d’Ivoire, la société américaine Cargill, est accusé dans un rapport produit par l’ONG ivoirienne, Initiative pour le développement communautaire et la conservation de la forêt ( IDEF), d’acheter le cacao illégalement produit dans le parc national du Mont Peko.
L’ONG IDEF accuse Cargill de s’approvisionner en cacao dans le parc national du Mont Peko
Dans son rapport consulté par Afrique-sur7, l’ONG IDEF qui a conduit cette enquête sur le terrain pendant plusieurs mois, dit avoir réussi à prouver que les coopératives ainsi que des acheteurs installés dans les villages aux abords du Mon Peko qui joue un rôle important dans l’écosystème de la région en plus d’être un havre de paix pour les Eléphants, sont les principaux fournisseurs de fève de cacao à la société Cargill qui alimente ses clients chocolatiers.
Alors que le gouvernement ivoirien s’active dans la durabilité, Cargill achète du cacao dans les forêts classées. Ce qui sape, selon l’ONG, les efforts du gouvernement et de l’UE. Face à cette situation préoccupante pour l’ONG IDEF, son partenaire européen FERN basé à Bruxelles, appelle l’Union Européenne à réagir afin d’accéder la mise en œuvre de sa nouvelle réglementation sur la déforestation importée qui vise a exiger des entreprises qu’elles fassent la preuve du respect des normes pour certains produits tels que le cacao.
« Les missions de surveillance indépendantes de l’IDEF dans le parc national du mont Peko ont révélé que le cacao cultivé illégalement dans le parc, présente un risque élevé d’entrer dans les chaînes d’approvisionnement du grand négociant Cargill, un important fournisseur du marché de l’UE. Le système de traçabilité sans déforestation de Cargill est miné par le fait que les coopératives d’agriculteurs qui fournissent Cargill mélangent du cacao sans déforestation avec du cacao cultivé dans la zone protégée », relève le rapport.
La nécessité pour la Côte d’Ivoire d’avoir un contrôle plus strict des programmes de traçabilité et de certification du cacao
Ce rapport de IDEF vient pointer du doigt la nécessité pour la Côte d’Ivoire de prendre en main et d’avoir un contrôle plus strict des programmes de traçabilité et de certification du cacao initiés par les chocolatiers et qui ne profitent qu’à leur marque et à leur image.
Les producteurs ivoiriens ne bénéficiant de pas grand chose. L’autre source d’inquiétude relevée par le rapport de l’IDEF, concerne la nomination la semaine dernière de Jean Marie Delon comme coordonnateur de la SNCD alors qu’il était depuis 2014, le responsable du programme de durabilité, de certification et de traçabilité de Cargill et qui était donc informé de cette situation.
IDEF et FERN militent ensemble afin que l’UE et les consommateurs de chocolat exigent plus d’efforts de la part des industriels du cacao afin de se conformer à la protection des forêts, à la lutte contre le travail des enfants et à payer un prix plus rémunérateur et juste aux producteurs ivoiriens et africains de cacao qui sont les parents pauvres de la chaîne de valeur.
Contacté par Afrique-sur7, Jean Marie Delon a confirmé n’être plus en poste à Cargill car « ayant répondu à d’autres sollicitations ». Il nous a cependant renvoyé vers Mme Blandine Konan qui nous a dit avoir pris note de notre requête qu’elle a promis de transmettre au service de communication de Cargill. Mais nous n’avons pas reçu de suite jusqu’à la publication de l’article. Nous y reviendrons!