Crimes économiques-La Côte d’Ivoire va étonner le monde, telle est l’assertion qui a été martelée au lendemain de l’accession de l’actuel chef de l’Etat au pouvoir. Selon ses soutiens objectifs, qui inondent les réseaux sociaux avec les images de ponts, d’échangeurs, de routes bitumés et d’autres infrastructures construites ou en construction, cette assertion se vérifie au quotidien.
Crimes économiques : Des dizaines de milliards volatilisés
Ils ne font non plus d’économie en publiant des statistiques, soit du FMI (Fonds monétaire international), soit de la Banque mondiale, soit d’autres structures financières, qui font de la Côte d’Ivoire, le pays le plus riche de la Cedeao, ou le plus puissant de l’Uemoa.
S’il est indéniable qu’au plan macro-économique le pays a fait des avancées, il n’en demeure pas moins que l’envers de la médaille est moins reluisant. Le quotidien des Ivoiriens rime toujours avec la cherté de la vie, et la paupérisation omniprésente.
L’actualité ces derniers temps, bruit avec une présomption de détournement de fonds à hauteur d’un peu plus de 500 millions de F CFA à l’Artci. Encore serait-on tenté de s’écrier !
En attendant les résultats d’une enquête qui serait en cours, on en viendrait à désespérer de notre pays si cela s’avérait.
Alors, aux belles performances et aux prouesses économiques que réalise le pays, il faudra adjoindre désormais, une autre prouesse, celle des malversations et des détournements de deniers publics.
La récurrence de ces détournements et autres malversations, doit interroger plus d’un ivoirien. Ils sont de toute évidence encouragés par la quasi impunité dont bénéficient les auteurs. La seule sanction qui leur est infligée, est de céder leurs fauteuils à d’autres personnes, sans plus. Les résultats des enquêtes diligentées son toujours attendus.
Autant on est sidéré par la célérité avec laquelle la justice enquête, juge et condamne quand il s’agit d’affaires politiques, autant on est abasourdi par la lenteur que met cette même justice pour boucler les enquêtes liées aux détournements de deniers publics avérés. Les exemples sont légion.
Il y a quelques années, la presse a fait état de dizaines de milliards de F CFA volatisées au Guichet unique. L’épaisse fumée qui a enveloppé cette affaire ne s’est jusqu’à présent pas dissipée. C’est un silence de cimetière assourdissant qu’il est donné d’entendre.
Cette même presse a révélé la disparition de 500 milliards de F CFA, fruits de la sueur de nos parents planteurs, au Conseil Café-Cacao. Comme sanction, on a juste relevé le directeur général de ses fonctions, sans poursuite judiciaire. Et comme si cela ne suffisait pas, l’Etat de Côte d’Ivoire est allé sur le marché financier emprunter 300 milliards de F CFA, pour combler le « trou » creusé. Somme, que nous allons tous, à notre corps défendant, payer, alors que « pour nous n’est pas sorti dedans ».
Où en est l’enquête diligentée à cet effet ?
Quelle sanction a été appliquée au directeur général de cette structure hormis son limogeage ?
Bienheureux, qui pourra nous fournir une réponse.
Tout porte à croire que la sanction suprême qu’on inflige à ceux qui sont convaincus de malversations et de détournements de deniers publics, c’est le limogeage.
Les cas les plus médiatisés dans cette course aux détournements sont ceux de certains directeurs généraux d’entreprises publiques et parapubliques, limogés suite à un audit commandité par l’Etat.
Ainsi, Diaby Lanciné du FER, Yapi Ange Désiré de la NPSP, Bilé Diéméléou de l’ARTCI et Coulibaly Lamine de l’AGEF, épinglés par l’audit comme ayant opéré des malversations dans la gestion des entreprises dont ils avaient la charge, ont juste libéré le tabouret. Pour l’instant, hormis Coulibaly Lamine, aucun d’entre eux ne connaîtra les délices de l’univers carcéral.
On ne saurait oublier les malversations à la Petroci et à la Gestoci, avec à la clé, la disparition de 17 000 tonnes de gaz, sans qu’aucune explication ne soit donnée au peuple ivoirien.
Alors, relever de leurs fonctions des directeurs généraux convaincus de détournements et de malversations, qui se sont enrichis sur le dos du contribuable ivoirien, et les laisser jouir en toute quiétude de leurs fortunes, malhonnêtement amassées, est le symbole achevé de l’impunité qui sévit dans la troisième République. Cela ne peut qu’être un exemple que d’autres personnes seront bien tentées d’imiter, sûres que le ciel ne leur tombera pas sur la tête.
Mais le plus désespérant quand on évoque ces cas de détournement dans les discussions, c’est que les soutiens objectifs du pouvoir n’hésitent pas à affirmer que « sous Gbagbo, il y avait aussi des détournements ».
Mais objectivement, qu’y a-t-il à se comparer à un pouvoir qu’on a traité de tous les noms, et combattu huit années durant, au travers d’une rébellion armée ? Pourquoi tomber dans les mêmes travers qu’on lui reprochait ?
Il est vraiment temps que soit mis un terme à l’impunité dont semblent bénéficier, tous ceux qui jusque-là sont accusés de détournement de deniers publics.
Au-delà des effets d’annonce que constitue leur limogeage, ils doivent subir la rigueur de la loi après un procès, et être obligés de rendre ce qu’ils ont frauduleusement soustrait au peuple, qui « ne voit même plus le diable pour tirer sa queue ». Ne pas le faire est une prime à l’impunité, qui est inacceptable.
Ainsi va le pays.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.