Motobé, village de la région de la Mé, dans le département d’Alépé et la sous-préfecture d’Oghlwapo, était en ébullition le samedi 15 janvier 2023. En effet, un sit-in a été organisé à l’initiative du bureau des jeunes et des femmes afin de dénoncer la présence d’un opérateur économique et lancer un appel au Président Alassane Ouattara.
Motobé : Les populations marchent contre la spoliation de 3000 hectares, l’opérateur Khodor Bourgi s’explique
« Je suis le chef résident de Motobé, nous connaissons les opérateurs qui rentrent dans le village tout simplement parce qu’ils nous font parvenir les dossiers qui identifient leur présence sur nos terres, mais l’opérateur du nom de Bourgi, je ne le connais pas. Je ne sais même pas qui lui a donné le terrain. J’invite le gouvernement à se pencher sur cette affaire parce que nous, nous sommes ici chez nous. On ne peut pas prendre nos terres sans nous aviser. En tant que chef résident de Motobé, je ne peux pas laisser faire. Je supplie le président de la République de diligenter une enquête sur les méthodes de certains opérateurs économiques dans notre localité », a plaidé Allouan Agré, chef résident de Motobé.
Pour Odjé Paterne, président des jeunes, la marche du jour était diligentée contre monsieur Khodor Bourgi et ses différentes sociétés que sont CARLA immobilier et LGIBTP.
« Sans convention avec les villageois, il a introduit des Arrêtés de concessions définitives (ACD) à son profit. Nous faisons le constat que tous les papiers effectués sont contre l’avenir de Motobé. Il n’y a aucune convention reconnue avec le village. En outre, les conclusions de l’enquête d’incommodo ouverte à la sous-préfecture de Oghlwapo font mention d’opposition par voie d’huissier par le village de Motobé. Nous ne pouvons pas accepter que sans levée de ces oppositions, quiconque se réclame propriétaire. Les prétendues conventions avec l’ancien chef, démis de son poste par le préfet à cause justement de malversations au sujet des terres du village, ne sont ni reconnues, ni acceptables », a soutenu le président des jeunes.
Responsable juridique du groupe Bourgi, Thierry Arnaud, contacté par Afriksoir, a donné la version de l’entreprise. Il a démenti le fait que le groupe soit dans le village sans avoir obtenu de convention.
« Effectivement, le groupe est en partenariat avec la communauté villageoise de Motobé. Ce partenariat est régulièrement convenu par devant un notaire (…) Le partenariat n’a pas porté sur 3000 hectares comme ils le disent. Au total, il tourne autour de 300 hectares dont 200 hectares avec un arrêté de concession définitive (ACD) », a-t-il détaillé.
Un partenariat signé avec un chef déchu que ne reconnaît ni l’administration, ni la notabilité aux affaires, à en croire le président des jeunes, lors du sit-in. « Un ancien chef de village de Motobé ne saurait à lui seul vendre les terres de notre village à un individu sans que le village n’ait jamais vu le concerné. Cela ne peut être accepté, d’autant que ni l’actuel chef, ni le bureau du foncier n’ont jamais vu ce fameux contrat », a-t-il dénoncé.
Épuisé par les nombreuses comparutions au palais de justice du Plateau pour défendre le patrimoine de son village face au Groupe Bourgi qui leur a intenté un procès, Nanan Bindje Ebikoi, chef du village de Motobé appelle au secours le président de la République. « J’implore le président Alassane Ouattara et le Premier ministre Patrick Achi », a-t-il imploré.