La situation à l’Est de la RDC avec les attaques des groupes armées tels que le M23 n’en finit plus de crisper la situation politique dans le pays à telle enseigne que des voix discordantes contre la gestion du pouvoir du président Tshisekedi se font de plus en plus entendre. Selon la DW, le docteur Denis Mukwege (prix Nobel de la Paix), l’ancien Premier ministre Augustin Matata Ponyo, ainsi que Martin Fayulu (candidat à la dernière présidentielle), ont tous dénoncé ce climat d’insécurité qui règne dans cette partie du pays.
Le président Tshisekedi ouvertement critiqué pour sa gestion sécuritaire à l’Est de la RDC
L’instabilité grandissante avec les exactions commises par le mouvement rebelle M23 inquiète de plus en plus des acteurs socio-politiques. En effet, des milliers de Congolais ont perdu la vie et d’autres ont fui leurs habitations dans la région du Nord-Kivu. Et si le président de la République, Félix Tshisekedi récemment en tournée dans le pays pour inciter la population à se faire enrôler pour les prochaines échéances électorales prévues pour décembre 2023 et à laquelle il compte se représenter, certains acteurs socio-politiques eux ne sont guère satisfaits de la situation actuelle du pays.
En effet, ceux-ci dénoncent la situation délétère qui prévaut à l’est de la RDC, devenu une zone à fort défi sécuritaire où règne le M23. Selon le docteur Denis Mukwege, Augustin Matata Ponyo, ainsi que Martin Fayulu, la situation au Kivu est critique. Ces derniers fustigent « l’incompétence » du régime de Félix Tshisekedi qui selon eux a tendance à externaliser la crise dans l’est du pays. En effet, le Kenya a été désigné comme facilitateur pour des pourparlers dans cette crise à laquelle la RDC ainsi que certains pays occidentaux accusent le Rwanda voisin de soutenir le M23.
La question sécuritaire, un mal bien plus profond en RDC
D’aucun verront cette sortie comme étant des attaques purement politiques visant à discréditer le régime en place. Mais à en croire l’ ancien ambassadeur de la RDC au Rwanda, André-Alain Atundu, membre du FCC, la coalition qui participe à la gestion du pouvoir, joint par la DW, cette volonté de vouloir jouer sur la question sécuritaire n’est pas la bonne.
Il pense que le mal est plus profond. « Depuis la chute de Mobutu et la désagrégation de son armée, la RDC peine à constituer une armée efficace », a-t-il déclaré. Cette sortie commune de ces trois personnalités vient s’ajouter au rejet par la population dans cette partie est de la RDC, suite au renouvellement du mandat de la force onusienne en place (MONUSCO). En effet, la population estime qu’elle n’est pas suffisamment protégée face aux attaques des groupes rebelles.
La commission électorale, un autre point de discorde
Reste à savoir si cette sortie médiatique de Denis Mukwege, Augustin Matata Ponyo et Martin Fayulu pourrait avoir un impact sur les Congolais et fragiliser le pouvoir en place à un an des élections générales.
En plus de la question sécuritaire, une autre pomme de discorde avec le chef de l’Etat a été dévoilée. Il s’agit de la commission électorale qui n’est pas consensuelle au regard des trois hommes. Ils estiment en effet, qu’il faut une recomposition de la Commission électorale nationale et de la Cour constitutionnelle, ainsi qu’un consensus autour de la loi électorale pour, disent-ils, « créer des conditions optimales d’un processus électoral impartial « .
La présidentielle, les élections législatives nationales et provinciales, mais aussi des conseillers communaux sont prévues le 20 décembre 2023. Cette année 2023 qui s’annonce risque d’être très mouvementée pour le président Félix Tshisekedi, qui sera beaucoup jugé sur son bilan et la question sécuritaire.
Pierre Ouédraogo : Rédacteur www.afrique-sur7.fr