Les 22 et 23 décembre 2022, la région du Tonkpi a reçu officiellement deux complexes sanitaires de pointe qui ont été inaugurés par le Premier ministre Jérôme Patrick Achi. A côté de ces deux établissements de référence, d’autres chantiers que sont la voirie nouvellement bitumée, l’Université de Man, l’électrification de nombreuses localités et l’eau ont retenu l’attention des populations qui ont décidé d’exprimer leur reconnaissance au président Alassane Ouattara. Le stade Léon Robert de Man a accueilli les festivités à l’honneur du premier des Ivoiriens.
Visite du Premier ministre dans le Tonkpi, meeting d’hommage à Ouattara
Dès les premières heures du matin, le Tonkpi a battu le rappel de ses forces vives. Une brochette de ministres du gouvernement a participé à la grande messe, apportant ainsi leur soutien au ministre de l’Intérieur et de la Sécurité Diomandé Vagondo, par ailleurs PCO (président du comité d’organisation) du meeting d’hommage du stade Léon Robert.
Une mobilisation qui est tout un symbole, aux dires du ministre-gouverneur du district des montagnes Albert Flindé. « La grande mobilisation de ce matin des cadres, des populations et des élus traduit parfaitement notre engagement à accompagner le président de la république et de son gouvernement dans leur œuvre de développement harmonieux de la Côte d’Ivoire », a-t-il dit.
À vue d’œil, un tel sursaut ne peut qu’être que la manifestation éclatante de l’union des fils et des filles d’une même et seule région. Eux qui, dans un passé récent, s’entre-déchiraient, se lançant des piques à travers une politique à la limite de l’élégance affichent bonne mine à l’annonce de la visite de travail du chef de gouvernement ivoirien.
Devant parents, badauds et invités de marque, chacun souhaitait amorcer une page nouvelle. Le président du conseil régional du Tonkpi n’en dit pas moins dans son discours : « Notre hommage au président Alassane Ouattara va au-delà des actes de développement et des actes de promotion des hommes. C’est notre adhésion à sa vision d’une Côte d’Ivoire de paix et de réconciliation profonde », a indiqué Mabri Toikeusse.
A contrario, dans sa prise de parole, le PCO du meeting a préféré saluer le chef de l’État pour son sens élevé du pardon accordé à ses adversaires à qui il leur a permis le retour « dans la maison commune, le RHDP ».
« La visite d’Achi Patrick dans cette région a extériorisé rancœurs et rancunes »
Les ambitions personnelles et politiques sauront-elles faire bouger les lignes dans un Tonkpi que les autres tentent désespérément de faire avancer ? À la vérité, la visite d’Achi Patrick dans cette région a extériorisé rancœurs et rancunes multiples jamais révélées. À Danané, un ancien député n’a pas manqué de déverser son venin sur l’organisation de ladite visite. « Comment peut-on organiser une visite à Danané et ils viennent tous de Man et de Biankouma ? Le PCO Albert Flindé est de Man. Même le président du comité scientifique est de là-bas. N’y a-t-il pas de cadres intelligents à Danané ? », avait-il hurlé à une réunion de préparation.
Dans le staff de Mabri Toikeusse, l’on s’est vu choqué de ce que leur mentor ne prenne pas la parole chez lui, à Danané à la cérémonie d’inauguration de l’hôpital général de Danané, devant parents et militants. « Vagondo a imposé Mahi Clarisse comme porte-parole des populations. Pourtant elle n’est pas une élue», avait dénoncé Setin Nando, un proche de Mabri via son compte Facebook. « Faux ! Mahi Clarisse a été choisie à l’unanimité des cadres », a prétendu un proche du ministre Diomandé Vagondé, membre de son cabinet politique.
Manifestement la bataille de positionnement pour le contrôle du Tonkpi est la gangrène qui nuit gravement à la cohésion sociale d’une part et le développement d’autre part. Pour preuve, l’idée d’une scission de la région ouest reste diversement appréciée de la classe politique. Si pour les uns, cela amorce efficacement le développement de ces deux entités décentralisées, pour d’autres, cette scission viendra renforcer le clivage entre les populations encore affectées par les nombreuses crises qu’a connu le pays.
À la fête-hommage à la première dame à Bauhieleu par les populations du canton Blossé, Albert Flindé avait annoncé une nouvelle ère de vraie fraternité. Et pourtant, l’horizon demeure sombre dans les rapports humains.
Le rapprochement très peu convaincant des cadres et leaders du Tonkpi a donné matière à réflexion au président de l’Assemblée nationale Adama Bictogo qui a très vite sonné l’alerte : « Ce qui nous unit ici est plus fort que ce qui nous divise. C’est pour cela que nous devons cultiver que des valeurs qui rassemblent et les valeurs qui rassemblent sont contenus dans une seule enveloppe, qui est l’enveloppe de l’humilité», a-t-il dit avant de souligner : « Ce que l’humilité développe en vous c’est la paix, le pardon, l’amour et la tolérance parce que le grand témoignage que vous devez faire au président Alassane Ouattara c’est votre solidarité», a-t-il poursuivi.
L’amélioration des conditions de vie de la masse paysanne, son bien-être recherché et sa bonne humeur piétinent par le jaunis de ladite enveloppe. Elle a même terni son beau teint de Dan.
Bien que tenues par des rêves de grandir, les braves populations devront encore faire avec des caprices et mauvaises humeurs des grands fils et filles dont les palabres incessantes divisent et enlaidissent la paix sociale dans l’ouest montagneux. Comment sauver la barque ? Qui la sauver ? Quand même les chefs coutumiers, gardiens du sacré mangent à toutes les soupes ?…Le Tonkpi coule et s’écroule. Sauveurs et sauvetage s’imaginent dans des consciences rabougries.
Crier du soutien au président de la République, laisser luire des dents blanches et en même temps détruire le peu d’acquis des valeurs ancestrales isole peuple, lui ôte sa soif d’éclosion et le dépouille de toute envie de liberté.
Une analyse de Sony WAGONDA
Journaliste correspondant