Administrateur principal des services financiers et cadre du Front populaire ivoirien (FPI), Gbah Gonta Jean-Baptiste s’est ouvert à Afrique-sur7. Dans cet entretien, le proche de Pascal Affi N’Guessan déclare sa candidature aux élections régionales dans le Tonkpi. Il profite pour lancer des piques à Laurent Gbagbo, ainsi qu’à Mabri Toikeusse qu’il veut affronter aux régionales 2023 dans le Tonkpi.
Gbah Gonta « allume » Laurent Gbagbo
Gbah Gonta Jean-Baptiste, pro-Affi, cadre en rupture de banc avec Laurent Gbagbo, l’administrateur des services financiers… ! Comment vous vous définissez aujourd’hui ?
Merci de m’accorder cette opportunité de m’adresser à vos fidèles lecteurs. Je suis Gbah Gonta Jean-Baptiste, administrateur principal des services financiers, militant du Front populaire ivoirien. Me taxer de pro-Affi ou d’Affiiste, c’est coller une connotation péjorative à un parti politique. Je suis militant du FPI dont le président s’appelle Pascal Affi N’Guessan. Je suis vice-président chargé des fédérations, des structures de base de la région du Nimba.
Vice-président du parti créé par Laurent Gbagbo, quelle est votre appréciation du retour du père fondateur au bercail ? Vous sentez-vous inquiété par son retour après une décennie passée à la CPI ?
J’avoue que le retour du président Gbagbo nous a laissés sur notre faim. Nous croyions au début que son retour apporterait une solution définitive à la longue crise au sein du Front populaire ivoirien. Au plan national, les Ivoiriens ne pouvaient rêver mieux pour une réconciliation vraie. Après une incarcération injuste qui a duré dix ans, le président Laurent Gbagbo a été acquitté par la CPI qui a manqué de preuves solides pour sa condamnation. Son arrivée en Côte d’Ivoire est naturellement une bonne chose. Notre Constitution qui est la Loi fondamentale prescrit qu’aucun Ivoirien ne doit vivre en exil. En même temps, ce retour qui réjouit les ivoiriens et toute la classe politique ne peut en aucun cas nous inquiéter au FPI. Nous croyions qu’une fois Laurent Gbagbo au pays, la longue crise qui secouait le FPI allait prendre fin. Mais hélas ! Il a jugé utile de contourner le FPI pour créer son propre parti, le PPA-CI. Le faisant, Gbagbo s’ajoute à la longue liste des adversaires du Front populaire ivoirien. Loin de nous inquiéter, sa présence au contraire nous donne plus de force pour redynamiser notre parti pour aller à la conquête du pouvoir d’État.
L’autre actualité, c’est aussi le retour de l’UDPCI au RHDP. Croyez-vous en un choix de raison bénéfique aux populations du Tonkpi ?
Je suis au regret de dire que nos populations du Tonkpi ne savent souvent pas ce qu’elles veulent. Le retour des dirigeants dans un parti politique qu’ils ont créé ensemble est un non-évènement à mon sens. C’est comme si on verse de l’eau dans du sable. On suit un leader qui lutte pour le bien de son peuple. Les mêmes qui ont suivi hier Mabri à l’UDPCI sont les mêmes qui sont entraînés au RHDP. Qu’ont-ils tiré comme avantage en suivant un tel leader ? Pour moi, la réponse est négative. Et je crois que c’est la même erreur qui va se reproduire. Qu’est-ce que le peuple du Tonkpi a tiré de la coalition de 2005 ? Avant que le parti UDPCI sorte et qu’il revienne ? Rien du tout ! En clair, le retour de Mabri au RHDP ne changera rien pour le Tonkpi et sa population. Il est temps qu’elle prenne sur elle son destin tout en scrutant dans l’horizon quel est ce fils capable de lui apporter du bien-être et non miser sur l’illusion d’un bonheur venant d’un aller et retour.
Quel FPI dans le Tonkpi en 2023 ? En d’autres termes, quels sont les projets immédiats et à long terme du FPI dans le Tonkpi ?
Le projet immédiat sera d’occuper le terrain à travers ses structures de bases. 2023 étant une année électorale, il s’agira pour notre formation politique (le FPI) d’être candidate à toutes les élections locales.
Où vous vous situez dans ce projet ?
Je me porte candidat au conseil régional du Tonkpi pour le compte du Front populaire ivoirien. Partout, le FPI présentera des candidats dans le Tonkpi. Le travail de base sur le terrain nous convainc. À cela, vient s’ajouter le discours de paix et de conciliation du président Pascal Affi N’Guessan qui fait du FPI un parti fréquentable désormais.
La révision des listes électorales a été émaillée de violences en Côte d’Ivoire et particulièrement à Danané. Croyez-vous en une opération fluide et capable de conduire la Côte d’Ivoire sur le chemin de la démocratie vraie ?
Nous sommes contre la violence sous toutes ses formes. Ce à quoi nous avions assisté à Danané est déplorable. Cela nous donne l’impression qu’il y a des candidats qui s’avouent déjà vaincus et empêchent les citoyens de s’enrôler. En même temps, nous aussi indiquons que nous sommes contre la transhumance électorale. Lorsque cet état de fraude est constaté, on saisit la CEI dans le cadre du contentieux. Et comme cela se passe entre les cadres du RHDP, mon souhait est que les animateurs ce parti frère s’entendent. Pour ce qui est de la démocratie vraie et donc de l’avenir de ce pays, nous y croyons. Unanimement, tous les Ivoiriens veulent la paix et la stabilité du pays. Les gestes posés dernièrement par le président Alassane Ouattara pour le retour des exilés et la libération des prisonniers politiques sont de nature à rassurer. Par ailleurs, les propos des responsables de partis d’opposition me font croire en un avenir apaisé pour la Côte d’Ivoire.
Vous êtes vice-président du FPI en charge de la région du Nimba. Selon vous, pourquoi la création de cette région tarde?
Je ne peux prophétiser à la place du gouvernement. Seulement, je constate que les départements de Danané et de Zouan-houien, ainsi que leurs sous-préfectures respectives sont victimes d’une grande injustice de la part du gouvernement. La région du Nimba que nous appelons de tous nos vœux est un pôle économique très important. Grande région agricole, la future région du Nimba regorge du cacao, du café, de l’hévéa, du palmier à huile sans oublier les cultures vivrières en grande quantité. C’est une future région où l’exploitation du bois et de l’or est une manne financière importante pour l’État. En plus, sa situation géographique très stratégique faisant frontière avec la Guinée et le Libéria est un atout pour qu’elle soit créée. En termes de population, la future région du nimba abrite une population estimée à 448 000 habitants, selon les données de l’INS après le recensement de la population de 2014.
Comparée à d’autres régions existantes, la région du Nimba mérite d’être créée. Je déplore l’attitude des filles et fils ressortissants de cette région et militants du RHDP. Que disent-ils à leur président du parti qui est président de la République ? Je prie le président de la République de réparer ce tort fait à cette partie de la Côte d’Ivoire.
Quel message particulier avez-vous à délivrer à vos militants, au peuple de Danané et du Tonkpi à l’orée des élections locales à venir ?
Merci. Aux militants du FPI, je leur demande de se mettre au travail pour la vitalité du parti conformément aux recommandations du dernier conseil politique de Zouan-Hounien. Ils ont le devoir de faire rayonner le parti. A l’endroit des populations du Tonkpi, je voudrais qu’elles changent de boussole pour comparer les gestions des hommes des structures décentralisées qui leur sont conviées. N’oublions pas que le FPI est à l’origine de la politique de décentralisation. Les gens s’en sont appropriée sans savoir quoi faire de la décentralisation. Je le dis parce que les gens donnent l’impression que se faire élire à ces postes de responsabilités est synonyme d’obtenir un ticket de restaurant où l’on doit se remplir la panse. Le constat est triste. Partout dans le Tonkpi, les problèmes de voiries et de ramassage d’ordures sont des plus alarmants. Que fait-on pour résorber ces questions ? Quels sont les apports des nombreuses sociétés privées implantées chez nous qui exploitent des minerais sur nos sols ? Des scieries exploitent nos bois…Avec quelle contrepartie pour les populations ? On apprend souvent que ces entreprises là financent nos structures décentralisées, leur donnant des dotations en guise d’appui au développement. Si tel est le cas, il y a problème. Pourquoi les tenants de nos mairies et conseil régional refusent d’innover ? Depuis 20 ans, nos autorités manquent d’imagination et même de volonté pour aider l’État à développer le Tonkpi. Pour toutes ces choses, j’exhorte les parents à se tourner vers un nouveau type de repère qui est le Front populaire ivoirien. Je suis Gbah Gonta Jean-Baptiste, candidat au Conseil régional du Tonkpi qui vient faire et non se faire. C’est ce qui convient de retenir.
Propos recueillis par Sony WAGONDA (correspondant)