L’Ivoirienne Laureen Kouassi-Olsson est une pionnière dans le financement des marques de luxe africaines, la première initiative du genre sur le continent. Interrogée dans le cadre de la Rencontre d’Esprit du magazine éponyme de ce mois de décembre 2022, la présidente directrice générale de Birimian Ventures, décline sa vision pour une Côte d’Ivoire nouvelle.
Laureen Kouassi-Olsson : « La Côte d’Ivoire est aujourd’hui un hub économique incontournable »
Femme passionnée qui ne rechigne devant rien, Laureen Kouassi-Olsson rêve de changer le regard que le monde porte sur la Côte d’Ivoire, mais aussi sur l’Afrique, en démontrant que les Africains peuvent incarner l’excellence opérationnelle et produire de l’exceptionnel.
« J’ai grandi dans une Côte d’Ivoire qui faisait face à une profonde crise économique et à des programmes d’ajustement structurel. En Afrique, le FMI était partout. Nous dépendions des institutions de développement internationales. J’ai donc grandi avec la volonté de renverser l’Histoire. J’ai très vite compris que le changement passait par la finance et qu’il fallait créer un pont entre les opportunités du continent et les opérateurs financiers à l’échelle internationale », confie-t-elle à Esprit Magazine. Pour tirer son épingle du jeu, Laureen Kouassi-Olsson pense que l’Afrique, plus précisément la Côte d’Ivoire, doit investir dans les métiers nobles de la finance, de la banque et du capital investissement.
« C’est un fait : notre économie régionale va connaitre une croissance moyenne de 4 % au cours des 12 prochains mois, portée notamment par la Côte d’Ivoire et le Sénégal, et par le dynamisme de leurs secteurs privés. Nous devons donc, dans la mesure du possible, peser dans chaque prise de décision influençant l’évolution de notre écosystème économique, financier, écologique et culturel », dit-elle.
Et quand vous lui demandez que manque-t-il à la Côte d’Ivoire pour connaître l’essor tant espéré par tous, celle qui est dans la finance depuis l’âge de 23 ans alors qu’elle était encore analyste dans l’une des plus prestigieuses banques d’affaires au monde, vous ramène à un voeu du père fondateur de la Côte d’Ivoire.
« En 1960, la Côte d’Ivoire et Singapour se situaient à peu près au même niveau de développement. Regardez Singapour et regardez la Côte d’Ivoire aujourd’hui…Si nous nous contentons de notre « classement » par rapport aux pays de la sous-région, nous resterons à la traîne en termes de croissance économique mondiale. Moi, je suis convaincue que nous avons le potentiel pour devenir le Singapour de l’Afrique. Tel était le vœu du président Félix Houphouët- Boigny il y a 30 ans. Notre capital humain est fabuleux. Notre secteur privé est solide et dynamique. D’immenses opportunités s’offrent à nous », espère-t-elle.
Convaincue que la Côte d’Ivoire regorge d’hommes et de femmes exceptionnels qui œuvrent dans l’ombre ou dans la lumière, Laureen Kouassi-Olsson refuse les satisfecits en demi-teinte. « On se satisfait de réussite facile, on croit qu’on peut se faire un nom en quelques mois à travers les réseaux sociaux, s’exprime-t-elle. Notre nouvelle génération a l’impression qu’elle n’a pas besoin de travailler pour avoir du succès. »
« C’est faux, c’est archifaux ! C’est l’excellence qui doit motiver notre jeunesse et non les bénéfices et les gains à court terme. Déconnectez-vous d’Instagram ! Déconnectez-vous de Facebook ! Retroussez-vous les manches, travaillez, renforcez votre formation, allez à l’international, regardez ce qui se passe ailleurs ! Inspirez-vous d’exemples de succès vrais et réels », insiste la mère de deux enfants.