Cinq mois après la rocambolesque odyssée des 46 militaires ivoiriens, qui se sont retrouvés au Mali, sans ordre de mission et surtout sans que les autorités maliennes ne soient averties par avance de leur arrivée, ce qui a motivé leur incarcération en terre malienne, tout porte à croire qu’aujourd’hui, ivoiriens et maliens s’acheminent vers l’épilogue d’une affaire qui n’aurait pas dû exister.
46 militaires ivoiriens détenus au Mali, enfin la force de la raison ?
Après les invectives, les menaces et les injonctions, la raison semble avoir pris le pas sur l’émotion dans l’affaire des 46 militaires ivoiriens. Place est désormais faite au dialogue et à la négociation, là où on aurait dû logiquement commencer.
Que de perte de temps ! Que d’angoisses pour les pauvres 46 militaires ivoiriens !
C’est avec un certain soulagement qu’on a vu le ministre d’État, ministre de la Défense de Côte d’Ivoire, M. Téné Birahima Ouattara, faire le déplacement à Bamako, pour rencontrer les autorités maliennes, à l’effet de trouver une issue heureuse à l’incarcération des 46 militaires ivoiriens au Mali, depuis le 10 juillet 2022.
On a également noté, avec une certaine surprise, le ministre Téné Ibrahima Ouattara, donner du « Monsieur le Président » au colonel Assimi Goïta, là où des temps en arrière, lui était déniée toute légitimité à porter ce titre.
Ce petit détail donne à penser que beaucoup d’eau a coulé sous le pont, et cette évolution du vocabulaire des autorités ivoiriennes montre de toute évidence qu’elles sont dans de bonnes dispositions d’esprit pour aller à une véritable décrispation de l’atmosphère qui règne entre les deux pays, aux fins d’en finir avec cette scabreuse affaire.
Tous les va-t-en-guerre, tous les analystes politiques et autres spécialistes de la prospective autoproclamés, qui traitaient les autorités maliennes de populistes, d’incapables, qui font de la surenchère pour masquer leurs insuffisances, et qui par ailleurs, appelaient à des mesures de rétorsion, comme la suspension de la fourniture d’électricité au Mali, voire une attaque armée contre ce pays, tout ce beau monde-là, doit être aujourd’hui dans ses petits souliers.
Il est heureux que tout le monde comprenne que le temps n’est plus à l’émotion, mais à « une saine appréciation des réalités du moment ». Cette réalité du moment commande que la Côte d’Ivoire prenne résolument la décision d’engager un dialogue direct et à un haut niveau avec le Mali, dans le style « Asseyons-nous et discutons ». C’est désormais chose faite et cela est à saluer.
Des chances d’une libération des 46 militaires ivoiriens
Toutefois, la question que l’on se pose est de savoir si un jour, l’on connaîtra les tenants et les aboutissants de cette affaire ; si un jour la vérité apparaîtra dans toute sa splendeur au citoyen lambda. Bon, on peut toujours rêver…
En effet, toutes les autorités et toutes les organisations qui se sont succédé pour donner des explications sur la présence, des justifications et des réponses, n’ont fait qu’en rajouter à la confusion qui s’était installée à l’annonce de l’arrestation des 46 militaires ivoiriens par le Mali.
Ainsi, la Minusma, dès les premiers instants de cette affaire, avait affirmé que les militaires ivoiriens ne faisaient pas partie de son contingent et ne pas être au courant de leur présence au Mali. Cette affirmation n’a pas empêché son porte-parole, M. Salgado d’affirmer le contraire, avant de fondre dans la nature, quand il fut sommé par les autorités maliennes d’en fournir la preuve.
De son côté, M. Antonio Guterres, Secrétaire Général de l’ONU, a dans une interview clamé que les 46 militaires ivoiriens au Mali, ne sont pas des mercenaires. Toutefois, il n’a pas précisé ce qu’ils étaient ni la mission qui leur était assignée, encore moins à quel organisme de l’ONU ils appartenaient !
Mais bien plus, l’ONU dans cette affaire où des militaires censés être au Mali de son fait, et incarcérés en pleine mission, a fait preuve d’une discrétion déconcertante. Cette discrétion, voire ce silence, laisse planer des doutes quant à la sincérité des affirmations des autorités de l’organisation mondiale.
Ensuite, alors que le Togo avait entamé une médiation prometteuse, grande fut la surprise de voir la Cedeao s’emparer du dossier, le couteau entre les dents, proférer des menaces, donner des ultimatums sans réellement impressionner le gouvernement malien qui est resté inflexible.
Aujourd’hui, il est heureux de constater que la raison a pris le pas sur les menaces et les intimidations, et gageons que cela aboutira à une issue heureuse pour les deux partis.
Ici prend tout son sens, la sagesse africaine qui stipule que : c’est quand le moustique se pose sur la partie intime de l’homme, que celui-ci se rend compte que ce n’est pas partout que la force doit être usitée.
Ainsi va l’Afrique.
Mais arrive le jour où, l’ivraie sera séparée du vrai.