En Côte d’Ivoire, au moment où les militants du Rhdp s’apprêtent à commémorer avec faste le deuxième anniversaire de l’investiture du chef de l’Etat, scellant ainsi la naissance de la Troisième République, il nous revient en réminiscence, les péripéties qui ont entouré cet évènement du 14 décembre 2020. « Elle est née « la divine Troisième République », jour de fête aujourd’hui sur la terre d’Eburnie, elle est née « la divine Troisième République », chantons-tous son avènement… », pouvaient alors chanter les tenants et les soutiens objectifs du pouvoir, tant la joie et le soulagement étaient au rendez-vous, la fête de Noël approchant. Avec la cérémonie d’investiture et de prestation de serment de ce 14 décembre 2020, est née une ère nouvelle et surtout venait de prendre fin, la tumultueuse élection présidentielle que nombre de personnes avaient qualifiée de simulacre et qui fit beaucoup de victimes.
Côte d’Ivoire – An 2 de la Troisième République: Retour sur une investiture
Pour le « premier Président » de la « Troisième République », tout fut accompli. Il pouvait désormais s’asseoir et voir sereinement venir les événements. Fort de sa position, il put alors proposer un dialogue avec l’opposition à l’effet de préparer les législatives qui s’annonçaient. Il accepta même de revoir la composition de la Commission Electorale Indépendante (CEI). Chose qu’il avait refusée avec la dernière énergie avant l’élection présidentielle. Cela se comprend ! Plus rien ne pouvait désormais l’empêcher de diriger la Côte d’Ivoire jusqu’en 2025, sinon jusqu’en 2030 si l’envie le prenait. Cette cérémonie qui se voulait sobre, a vu la présence de plusieurs chefs d’Etats en activité, mais également d’autres anciens, disparus des radars et qui n’étaient plus que l’ombre d’eux-mêmes.
Ainsi, on a revu l’ancien président nigérian Goodluck Jonathan, dans son sempiternel ensemble noir et son chapeau melon, mais également, le sulfureux ancien président français, Nicolas Sarkozy alias Paul Bismuth, empêtré dans de nombreuses affaires sordides, toujours condamné mais jamais emprisonné. Il a beaucoup perdu de sa superbe. Elle est loin, l’époque de gloire de cet ancien président, qui du haut d’une tribune, et avec une arrogance à nulle autre pareille, donnait des injonctions au président Laurent Gbagbo, à l’effet de quitter le palais présidentiel. Il avait manœuvré avec son gouvernement et ses obligés ivoiriens, pour que Laurent Gbagbo soit transféré à la prison de la Haye. Ironie du sort, le président Gbagbo est acquitté, est sorti de prison et a regagné son pays.
Quant à M. Sarkozy, il est toujours aux prises avec la justice française ! Au cours de cette cérémonie, la déclaration du président du Conseil Constitutionnel d’alors, M. Mamadou Koné, avait surpris plus d’une personne. Dans une vaine tentative d’explication a postériori de la forfaiture qu’il avait cautionnée, il déclara ceci, entre autre, parlant de la constitution : « …Chacun y est allé de son interprétation, depuis les professeurs titulaires de la chaire de droit constitutionnel, jusqu’à ceux qui ne possèdent comme seul diplôme, que leur acte de naissance… ». A l’analyse, cette déclaration était juste un message subliminal pour faire comprendre qu’une loi peut être interprétée de plusieurs façons, et qu’en dernier ressort, la sienne est ce qui prévaut. C’est une façon de se donner bonne conscience, face au passage en force opéré grâce à sa « science ». Mais personne n’est dupe.
On a en mémoire, la souffrance qui fut celle de M. Mamadou Koné, au moment de l’analyse des candidatures
Depuis le début, tout le monde savait que sa lecture de la constitution ne serait guère différente de celle de celui dont la plume lui permis d’être là où il était ; surtout que celui-ci avait déclaré : « …qui mieux que moi, connait la constitution ?… ». On a en mémoire, la souffrance qui fut celle de M. Mamadou Koné, au moment de l’analyse des candidatures. Il transpirait à grosses gouttes et s’épongeait fréquemment le visage dans une salle hyper climatisée. Signe qu’il était difficile de défendre l’indéfendable. On a aussi en mémoire que pour justifier la recevabilité de la candidature du champion du RHDP, M. Mamadou Koné n’avait pas eu besoin de faire référence aux écrits et aux déclarations des experts rédacteurs de la constitution, (qui s’étaient déculottés), encore moins à ceux dont la science en la matière, fait autorité chez nous.
Mais c’étaient les commentaires de M. Pascal Affi N’guessan qui furent le socle de son argumentation ! Cette sortie fut pour l’ex-président du Conseil Constitutionnel, l’expression d’un grand soulagement et d’une grande délivrance. Car tout était enfin fini, tout était accompli. Un grand fardeau venait de lui être ôté. Mais on l’aura compris, lorsque la politique supplante le droit, lorsqu’on vit dans un état de droit sans droit, et qu’on a une démocratie sans véritables démocrates, on ne peut avoir que ce genre de spectacle. Une page de notre histoire venait de se fermer, une autre venait de s’ouvrir. Jusqu’à quand ? Trop tôt et trop prétentieux d’y répondre aujourd’hui. Mais il y a certes eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.
P.S : A propos, La main que le ministre Abinan Pascal avait mise au feu, est-elle définitivement guérie ?