Le président, Laurent Gbagbo ne laisse personne indifférent en Côte d’Ivoire et la dernière publication de Jeune Afrique sur une supposée emprise de sa compagne sur sa vie en atteste. Mais connaissez-vous vraiment le patron du PPA-CI ? Nazaire Kadia vous éclaire…
Politique : Laurent Gbagbo est-il encore l’homme qu’il était ?
Dans sa parution de la semaine dernière, le journal « Jeune Afrique » a fait état de ce que la compagne du président du PPA-CI, le président Laurent Gbagbo, aurait mis autour de celui-ci un cordon qui empêcherait nombre de ses partisans d’avoir accès à lui.
Selon le journal, « …Plus question dorénavant pour les vieux compagnons de route de passer à l’improviste à leur domicile, de partager avec lui un dîner (…) Les rendez-vous sont désormais formels, et pris auprès de son secrétariat… ».
À la suite de cet article, des rumeurs qui circulaient depuis un certain temps et qui avaient fini par s’estomper ont refait surface. Elles s’articulent autour de deux axes :
– Gbagbo est manipulé par son entourage et plus particulièrement par sa compagne.
– Gbagbo n’est plus le même, Gbagbo a changé.
Relativement au premier volet de ces rumeurs, force est de constater qu’elle n’est pas nouvelle. En effet, alors qu’il était président de la République, de mauvaises langues affirmaient que le président Laurent Gbagbo était manipulé par son épouse, Mme Simone Ehivet Gbagbo. C’est à elle que revenait la responsabilité de prendre toutes les décisions qui engageaient la vie des Ivoiriens.
D’autres encore, se prétendant être des « sachants » sont allés plus loin pour affirmer qu’en 2010, c’est Mme Simone Ehivet Gbagbo qui a intimé l’ordre à son époux, de ne pas reconnaître « sa défaite » à l’élection présidentielle qui s’était tenue. Elle serait donc responsable de la crise qui est advenue !
Le leader du PPA-CI habitué aux dénigrements
Après cet épisode et après avoir passé dix ans de sa vie en prison, voilà qu’on remet le couvert en véhiculant l’idée selon laquelle le président Laurent Gbagbo est à nouveau manipulé par sa compagne.
Ces propos tendancieux et outranciers, qui reviennent à deux périodes de la vie de l’homme, véhiculent un message subliminal et n’ont qu’un seul objectif : présenter l’homme sous une mauvaise couture, un homme faible, sans conviction, et sans force de caractère, par conséquent indigne de conduire la destinée de tout un peuple.
C’est également lui dénier toute capacité de réflexion. Cela est abject, et est une insulte à son intelligence et à l’intelligence des Ivoiriens qui l’avaient élu.
Interrogé à ce sujet, alors qu’il était en exil au Ghana, voici ce qu’a répondu le pasteur Koré Moïse, qui était dans le sillage du président Gbagbo : « …La rumeur populaire disait que c’est son épouse Simone qui le manipulait. Mais je peux vous assurer que le président faisait ce qu’il croyait bon et utile pour le pays. Je me souviens de son discours après les accords de Marcoussis. Quelles propositions n’a-t-il pas reçues de toutes parts jusqu’au texte final ? Mais comme vous l’avez constaté, à part le préambule pour s’adresser aux uns et aux autres, son discours a été mis de côté pour parler non pas en tant que politique, mais en tant qu’humain… ». C’est tout dire !
Par ailleurs, dans les conversations entre Ivoiriens, il n’est pas rare d’entendre ceci : « Gbagbo a changé, il n’est plus le même ». Mais comment peut-il en être autrement ?
Ces personnes occultent le fait que le président Gbagbo a passé dix(10) ans en prison, dans un réduit qui lui servait de logis. Dix (10) ans de prison, c’est dix(10) ans de réflexion, dix(10) ans d’introspection, dix(10) ans d’observation.
Gbagbo pouvait-il rester le même ?
Et quand au bout de ces dix(10) années, nombre de ceux qui étaient dans son dernier cercle, ont tourné casaque pour se retrouver de l’autre côté, certains ont vacillé et continuent de vaciller, quand d’autres encore s’échinaient à tourner sa page, il est évident que l’homme se doit d’être sur ses gardes et ne peut pas être le même.
S’appuyant sur ses observations et sur ce qu’il lui a été donné de constater, il va sans dire qu’il a pris des résolutions et entend donner une trajectoire nouvelle à sa marche.
Il est donc illusoire d’espérer retrouver le même homme au commerce facile. Il est tout aussi illusoire d’espérer voir celui-ci s’adapter et répondre absolument aux désirs des uns et des autres.
Comme on le voit, à l’observation, le président Laurent Gbagbo est dans une autre dimension. Il parle peu, et ne répond à aucune attaque d’où qu’elle vienne. L’homme s’est affranchi de toutes les pesanteurs et de toutes les polémiques inutiles, qui peuvent ralentir ou entraver sa marche en avant.
Il revient à ses partisans et à tous ceux qui lui vouent une admiration de le comprendre, de s’adapter ou de s’en accommoder.
Ainsi va la vie.
Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai