Face aux manifestations répétées pour dire non à la présence de la France au Burkina Faso, Paris envisage sérieusement de revoir sa stratégie militaire en Afrique de l’ouest avec l’idée du retrait de ses forces stationnées sur le sol burkinabé.
Va-t-on vers un nouveau partenariat militaire stratégique français en Afrique de l’ouest ?
Le sentiment anti-français qui ne cesse de s’accroître dans certains pays comme le Mali et le Burkina plus récemment, induit à Paris de revoir sa stratégie militaire en Afrique de l’ouest. La nouvelle stratégie pour l’Afrique verra la France être en deuxième ligne dans la lutte antidjihadiste qu’elle mène aux côtés des forces locales. Elle aura davantage des missions de formation et de suivi. Si la France souhaite revoir sa stratégie ouest africaine, c’est que la situation actuelle montre une Afrique résolue à marquer une rupture violente avec les derniers symboles visibles de sa colonisation.
Repenser le dispositif militaire au Sahel
Le sentiment antifrançais a conduit Emmanuel Macron à annoncer, le 9 novembre, la fin officielle de l’opération Barkhane au Sahel. Mais depuis 2008, l’opération Sabre, antérieure à celle de Barkhane, fait l’objet d’une mise à l’arrêt tout comme Barkhane. Sabre en réalité est une présence discrète de la France au Burkina Faso, quasi invisible. En effet, 300 commandos des forces spéciales sont cantonnés dans un camp militaire à Kamboisin, dans la périphérie de Ouagadougou.
C’est justement à cet endroit que plusieurs manifestants se sont dirigés lors de leur dernier rassemblement. Le ministre des Armées, Sébastien Lecornu, a déclaré, dans une interview au Journal du Dimanche, que Sabre a joué un rôle clé ces dernières années dans la lutte anti-terroriste, mais n’exclut pourtant plus désormais son départ. L’échec de Barkhane contraint aujourd’hui la France à repenser tout son dispositif.
Les intérêts de la France toujours en ligne de mire
Pour redéfinir la stratégie militaire en Afrique et plus précisément au Sahel, la France va chercher à créer des relations plus fortes avec les armées africaines, mais tout en réorganisant ses forces militaires sur le continent. Cela dénote d’une transformation de l’offre militaire française en Afrique. Toutefois ce changement de cap n’enlève en rien à la France de poursuivre la stratégie de rapprochement pour protéger au premier lieu les intérêts de la France en Afrique.
Pierre Ouédraogo www.afrique-sur7.fr