La Côte d’Ivoire nouvelle a adopté de nouveaux modes de gestion qui font d’elle un pays à part, et dont les performances ne finiront pas d’étonner le monde entier. En effet, toutes les opérations, toutes les actions ou toutes les décisions qui touchent au quotidien, à l’avenir et au devenir des ivoiriens se font ou se prennent au pas de course, et le passage en force est la méthode la plus usitée par le gouvernement pour les imposer au peuple et pour les appliquer. Les exemples sont légion.
Côte d’Ivoire: Pourquoi il faut s’engager pour que le dialogue et le consensus soient notre crédo de demain
La constitution révolutionnaire qui nous fit entrer de plain-pied dans la troisième république fut conçue par nos vaillants juristes. A peine sortie de leur laboratoire, qu’un référendum fut organisé pour son adoption. Le temps ne fut pas laissé au citoyen de la lire, de la comprendre, de l’intérioriser et même faire des observations. L’urgence de faire entrer la Côte d’Ivoire dans la modernité et l’échéance de l’émergence, ne sauraient s’accommoder d’un quelconque retard et surtout d’un questionnement inutile. Il fut conseillé aux citoyens de voter le « oui » pour l’adoption de cette constitution et les explications viendront après. Bon gré ; mal gré, le référendum fut organisé et comme il fallait s’y attendre, le oui l’emporta et très rapidement la nouvelle constitution fut promulguée.
Toutes les protestations des partis de l’opposition et d’une partie de la société civile, vinrent se briser sur le parapluie du mépris et de l’indifférence des habitants de la case ronde selon le vieil adage : « les cris de protestation et d’effroi d’un bouc sur le point d’être égorgé, n’empêchent pas la fête de se dérouler ». La mise en place de la deuxième chambre de notre parlement n’a pas échappé au mode opératoire en vigueur dans la troisième République. Une ordonnance est prise pour en donner la structuration, en lieu et place d’une loi dûment votée par l’Assemblée nationale, quelques jours furent accordés à ceux qui voulaient devenir sénateurs pour faire campagne et une semaine plus tard se tenait la première session de cette chambre sans les 33 heureux à nommer, qui n’étaient pas encore nommés…et qui furent par la suite nommés.
A-t-on expliqué au peuple la nécessité de disposer de cette nouvelle institution ? Son utilité ? Mais pourquoi le ferait-on ? Ce peuple doit disposer d’une deuxième chambre de son parlement qu’il le veuille ou pas ! Par ailleurs, le débat qui eut lieu à l’Assemblée nationale relatif à la gratuité ou non de l’établissement de la carte nationale d’identité, avait lui aussi obéi au mode de fonctionnement préféré du gouvernement. Alors qu’un petit sondage aurait permis de savoir que la majorité des ivoiriens, aurait opté pour la gratuité de l’établissement de ce précieux sésame, le gouvernement avait opté pour le passage en force ; sûr de son fait et disposant d’une majorité mécanique dans les deux chambres du parlement.
Le pouvoir RHDP abhorre le dialogue et le consensus
A la case ronde, on n’a que faire des complaintes, des jérémiades et des pleurs d’une population paupérisée, qui s’offre difficilement deux repas par jour. Jusque-là les passages en force ont tellement réussi que le gouvernement en a fait un mode de gestion, là où dialogue et consensus étaient indiqués. La mise en place de la « nouvelle » Commission Electorale Indépendante (CEI) à cette période, avait achevé de convaincre les plus optimistes que le pouvoir RHDP abhorre le dialogue et le consensus. Profitant de sa position dominante, il en impose à tout le monde.
Il s’est choisi une opposition avec qui il a discuté, il s’est taillé la part du lion dans la composition de ladite commission, ignorant royalement les recommandations de la Cour Africaine des Droits de l’Hommes et des Peuples, louvoyé avec les partis significatifs de l’opposition (PDCI-RDA et FPI du président Gbagbo, aujourd’hui PPA-CI), et le comble, il a nommé une de ses nouvelles militantes pour représenter l’opposition au sein de ladite commission. Aujourd’hui encore, fort de la majorité mécanique dont il dispose à l’Assemblée nationale, le pouvoir est resté droit dans ses bottes lors des discussions sur la Cei. Et les protestations de l’opposition ne l’ont infléchi en rien dans sa volonté de conserver sa position dominante au sein de cette institution.
A aucun moment les propositions de l’opposition n’ont été prises en compte ; à aucun moment l’avis du peuple ivoirien n’a été demandé, ni son appréciation, encore moins ses attentes sur des sujets qui engagent sa vie. Certainement que ce peuple cerne difficilement ce qui est bien pour lui et qu’il y a une nécessité de faire son bonheur malgré lui ; d’où tous les passages en force opérés. Mais quand ce peuple s’éveillera… Engageons nous tous pour que le passage en force comme mode de gestion, n’ait plus cours chez nous et que dialogue et consensus soient notre crédo de demain. Demain est certes un autre jour, mais demain arrive toujours et l’ivraie sera assurément séparée du vrai.