L’or, ce métal précieux de couleur jaune et brillant, très prisé par les hommes pour lequel ceux-ci sont prêts à tout, est extrait des entrailles de la terre ou dans le cours de certaines rivières et de certains fleuves. Ce métal ne prend de la valeur que lorsqu’il est pur, donc débarrassé de tout ce qui peut altérer son état. Pour arriver à cet état de pureté, l’or doit forcément passer à l’épreuve du feu. De densité très élevé, l’or fond à la température moyenne de 1063°C, et bout vers 2600°C. C’est après cette épreuve du feu que l’or peut revêtir la forme qu’on veut bien lui donner, et prendre la valeur de métal précieux recherché et prisé par tous. Sans cette dure épreuve, l’or a certes une valeur, mais pas celle qu’il revêt quand il subit l’épreuve du feu. Ce que vit l’ opposition ivoirienne depuis 2011, est semblable au cheminement de l’or, de l’état brut, à l’état pur qui lui confère une valeur marchande certaine.
Présidentielle 2025: L’épreuve du feu en perspective de l’ opposition ivoirienne
Il va sans dire que les militants des partis de l’opposition, doivent se faire à l’idée que la marche vers la conquête des espaces de liberté, de la démocratie et du pouvoir, ne sera pas du tout aisée. Le chemin est long, la traversée difficile et la transpiration abondante. Il faut intérioriser et intégrer la réaction du pouvoir à toutes les projections. L’instinct naturel de conservation poussera ce pouvoir à user de tous les moyens dont il se dispose, pour étouffer toutes les revendications, disperser toutes les manifestations, procéder à l’arrestation des leaders. Cela dans le but évident de saper le moral des militants, semer le doute, la confusion et la peur chez les uns et les autres.
C’est à l’aune de cet état de fait qu’il faut lire le « blocus » autour de la résidence du président Henri Konan Bédié en 2020, la traque par le procureur Adou des autres leaders. L’incarcération de Pulchérie Gbalet, Koua Justin et des dignitaires du PDCI, l’arrestation de Maurice Kacou Guikahué et de Pascal Affi N’guessan à cette période, au mépris de leur statut de députés de la nation, procèdent de la même stratégie. Tous ces faits mis ensemble, doivent être intégrés par les militants comme résultant de l’engagement politique. L’engagement politique n’est pas un cours d’eau qui coule tranquillement vers son embouchure. Des rapides et des chutes jalonnent le cours le rendant difficilement navigable en certains endroits.
Conscients des difficultés qui jalonnent le parcours politique, les militants de l’opposition doivent se remettre à l’ouvrage en faisant leur, le leitmotiv encourageant des Ashantis : « …tuez mille, mille autres arriveront… ». Certes des leaders seront arrêtés et contraints au silence, mais d’autres doivent pouvoir reprendre le flambeau et continuer la lutte. La base ne doit nullement se démobiliser et doit se faire à l’idée que rien n’est acquis. Dans cette atmosphère morose, un fait notable est à signaler. Il s’agit également de ne rien attendre de la « communauté internationale », qui a des intérêts qui ne coïncident pas toujours avec ceux des peuples.
Tous les moyens seront utilisés par le parti au pouvoir pour conserver sa position dominante
Elle se met régulièrement dans une posture d’attente, et ne se prononce véritablement que lorsqu’elle voit clairement où se penche le rapport de force. Les manquements qui se constatent à l’annonce du recrutement des agents de recensement pour la révision de la liste électorale, sont le signe annonciateur de ce qu’aucun cadeau ne sera fait à l’opposition et tous les moyens seront utilisés par le parti au pouvoir pour conserver sa position dominante. Les leaders de l’opposition doivent également s’attendre à vivre des tribulations comme en 2020, s’attendre à un passage en force dès lors que des divergences apparaîtront, et que rien ne leur sera servi sur un plateau.
La situation sera certes difficile mais comment pouvait-il en être autrement ? Tout accouchement est difficile et douloureux et quand l’enfant nait, la joie dans la famille est incommensurable et fait oublier les douleurs endurées. Voilà ce qui attend l’ opposition ivoirienne dans sa lutte : l’épreuve du feu. Mais l’engagement ne doit pas faiblir et la peur ne doit habiter personne car : « Celui qui lutte sait qu’il va mourir, mais celui qui ne lutte pas est déjà mort ». Il y a certes eu un matin en Eburnie, il y aura assurément un soir et l’ivraie sera séparée du vrai.