La prison à perpétuité a été prononcée, mercredi en France, contre Kunti Kamara, un ancien commandant rebelle soupçonné d’actes de barbarie, de viols et d’exactions sommaires dans son pays au Liberia.
Libéria: Condamné à la perpétuité, l’ex- seigneur de guerre, Kunti Kamara, va faire appel
Interpellé en 2018 à Bobigny, Kunti Kamara comparaîtrait à plus de 6 000 km de son Liberia natal en vertu de la « compétence universelle » de la France qui lui permet de juger les crimes les plus graves où qu’ils aient été commis, dès lors que le suspect est arrêté sur son territoire.
La cour d’assises de Paris a condamné mercredi soir cet ancien milicien libérien de 47 ans à la réclusion à perpétuité pour une série d’exactions contre les civils en 1993-1994, dont le supplice infligé à un instituteur dont il aurait mangé le coeur, et pour sa passivité face aux viols répétés de deux adolescentes par des soldats placés sous son autorité.
Selon le verdict rendu après neuf heures de délibéré, l’ex-commandant du Mouvement uni de libération pour la démocratie (Ulimo) a également été reconnu coupable d’avoir facilité des crimes contre l’humanité par son indifférence devant les viols répétés commis sur deux adolescentes par des soldats placés sous son autorité en 1994.
Ces faits se seraient déroulés après le 1er mars 1994, date à laquelle l’infraction de crimes contre l’humanité, est entrée dans le droit pénal français. Pour l’accusation, nul ne peut nier le caractère généralisé, systématique et massif du viol et de l’esclavage sexuel des femmes du Lofa sous la coupe de l’Ulimo. Ces viols s’inscrivent donc dans un contexte et une stratégie de terreur globale à l’encontre de la population civile du Lofa. Mais en 1994, le « viol » n’était pas considéré comme constitutif d’un crime contre l’humanité. La qualification retenue est donc celle d’« actes de torture constitutifs de crimes contre l’humanité ».
Les guerres civiles qui ont déchiré le Libéria entre 1989 et 2003 ont fait près de 250 000 morts.