Malgré l’absence remarquée et remarquable de certains dirigeants arabes en l’occurrence celle du roi Mohammed VI du Maroc au 31e sommet de la Ligue Arabe qui s’est tenu en Algérie du 1er au 2 novembre, les autorités algériennes se réjouissent de l’issue des travaux. Les dirigeants arabes sont arrivés à dépasser leur clivage traditionnel et adopté mercredi 2 novembre, un document consensuel « Déclaration d’Alger » qui renferme les préoccupations actuelles aux antipodes avec les précédents communiqués sanctionnant les travaux des sessions arabes.
Sommet de la Ligue Arabe: Un challenge réussi pour l’Algérie
Pari réussi pour l’Algérie. Nonobstant l’absence des rois du Maroc et d’Arabie saoudite, Mohammed VI et Salman ben Abdelaziz al-Saoud, ainsi que du président des Émirats arabes unis, Mohammed ben Zayed al-Nahyane, le 31e sommet de la Ligue Arabe est un franc succès selon les autorités algériennes. Même s’ils auraient souhaité que tous les dirigeants des 22 pays qui composent l’institution panarabe soient présents à ce rendez-vous, les dirigeants algériens se contentent de la participation de plus de la moitié des dirigeants arabes. Ils étaient précisément au nombre de 17 chefs d’État et de gouvernement à participer aux travaux.
Pour le ministre algérien des Affaires étrangères, Ramtane Lamamra « c’est un sommet réussi, celui du renouveau ». Le président Abdelmadjid Tebboune de son côté se réjouit du fait que ce sommet à permis aux États arabes de renforcer la solidarité et d’unifier leur rang. Lors de la conférence de presse de clôture du sommet au Centre international des conférences (CIC), à l’ouest d’Alger, le secrétaire général de la Ligue Arabe, l’égyptien Ahmed Aboul Gheit a exprimé aussi sa satisfaction par rapport à la tenue de ce sommet. Pour le diplomate égyptien « Il n’y a eu aucune réserve sur ce qui a été décidé », en termes de résolution sanctionnant les travaux et cela constitue véritablement un motif de satisfaction pour les dirigeants arabes.
Les crises libyennes, syriennes et palestiniennes
Le document adopté par consensus à l’issue de ces travaux en Algérie à fait la part belle aux nombreuses crises qui secouent le monde entier en générale et en particulier la communauté arabe. Ainsi le document a évoqué sans filtre la crise en Libye, un pays profondément divisé enclin à une guerre civile entre deux factions depuis la chute du régime de Mouammar Kadhafi en 2011. Sur ce sujet, tous les dirigeants sont unanimes par rapport au mécanisme a adopté pour une résolution définitive de cette crise qui a des répercussions non négligeables sur la vie des autres pays arabes. Ils précisent que la solution idoine et idéale de cette crise viendrait indubitablement des libyens eux-mêmes.
L’autre grand conflit qui secoue le monde arabe est celui de la Syrie. Cette guerre civile qui sévit en Syrie depuis plus de 12 ans préoccupe énormément les dirigeants arabes. Même si le document survole plusieurs aspects de cette crise, les dirigeants arabes ont néanmoins dénoncé avec subtilité et urbanité l’internationalisation de ce conflit. Concrètement ils ont dénoncé l’ingérence étrangère dans ce conflit. Ces derniers se disent prêt à appuyer les solutions de paix amorcée déjà pour la résolution de ce conflit.
En ce qui concerne le conflit israélo-palestinien, les dirigeants arabes ont appelé à relancer le dialogue entre les deux pays sur la base de l’initiative de paix, adoptée lors du sommet de Beyrouth en 2002. Cette initiative de paix est favorable à la solution à deux États et « l’établissement de l’État palestinien des frontières de 1967 avec pour capitale Jérusalem-Est ».
Position de non-alignement par rapport à la guerre en Ukraine
La crise ukrainienne n’est pas passée inaperçue. Sur cette crise majeure qui frappe de plein fouet l’Europe depuis février et qui a des répercussions profondes sur l’économie mondiale, les États Arabes ont réaffirmé leur position de » non alignement » dans ce conflit.
Les dirigeants arabes estiment que la position arabe commune sur la guerre en Ukraine est basée sur le principe sacrosaint « de renoncement à l’usage de la force et le soutien de l’option de la paix » conformément aux principes de la charte des Nations Unies.
Cette position prudente qu’adoptent les États Arabes par rapport à la guerre en Ukraine s’explique par le fait que ces États entretiennent des relations diplomatiques et économiques profondes multilatérales avec ces deux pays en guerre : Ukraine, Russie. A titre d’exemple, l’Algérie, le Maroc et l’Égypte, sont de gros importateurs de céréales et d’engrais de Russie et d’Ukraine.
Renforcement des relations économiques entre les nations arabes
Dans un contexte de crise mondiale marquée par la guerre en Ukraine et les effets de la pandémie de la Covid-19, les États Arabes veulent renforcer leurs coopérations sur le plan sécuritaire et économiques afin de jouer un grand rôle dans le nouvel ordre mondial qui se dessine. « La participation des pays arabes dans la définition des contours du nouvel ordre mondial post-Covid-19 et guerre en Ukraine, en tant que bloc harmonisé et uni et comme un acteur qui peut, avec sa volonté, ses capacités et ses compétences, contribuer de manière efficace et positive dans ce domaine ». Peut-on lire dans la déclaration d’Alger.
Ahmed Aboul Gheit a appelé à protéger « l’État-nation » dans la région arabe, menacé par « les interventions étrangères» ainsi que par « le terrorisme et les milices ». Il a aussi d’une nouvelle approche sur « la sécurité arabe commune » qui prend en compte « les sécurités alimentaire, hydrique, sanitaire et énergétique ».
Aussi les dirigeants arabes se sont attendus sur l’importance de créer une zone dénucléarisée et exempte d’armes des destructions massive au Moyen-Orient.
Par ailleurs, les dirigeants arabes sur la base de la solidarité panarabe ont annoncé leur appui au Qatar qui se prépare à accueillir le Coupe du monde 2022, une première historique dans le monde arabe. Ils s’offusquent contre les campagnes de dénigrement et de diffamation orchestré contre les occidentaux à l’encontre du petit État.
Réforme de la Ligue Arabe évoquée en Algérie
Au-delà des différents enjeux de ce 31e sommet de la Ligue Arabe qui s’est achevé ce 2 novembre 2022, la question relative aux réformes des instances de l’organisation arabe a été également évoquée. Pour plusieurs observateurs, le monde arabe a changé depuis que les régimes des présidences à vie tels que : Mouammar Kadhafi de Libye, Ben Ali de la Tunisie et Hosni Moubarak d’Égypte ont été balayé par des révolutions populaires. L’Algérie a exhorté ses frères arabes a privilégie plus le consensus que de tenter de réunir de large majorité.