Au Maroc, le deuxième vendredi du mois d’octobre est synonyme de début d’une nouvelle année législative. Ainsi le vendredi 14 octobre 2022, à l’occasion de l’ouverture solennelle de la session parlementaire, Mohammed VI, le roi chérifien a prononcé, comme à l’accoutumée, un discours officiel. Pour cette session, le souverain a fait de la question de l’eau, l’une de ses priorités.
Mohammed VI place la problématique de l’eau en haut des priorités au Maroc
La demande en eau est très forte au Maroc alors que les ressources hydriques sont très réduites. Selon un rapport du World Resources Institute (WRI), le Royaume chérifien est classé à la 23ème place sur un total de 164 pays. Soucieux de cette problématique majeure pour son Royaume, le Roi Mohammed VI a axé son traditionnel discours d’ouverture de la rentrée parlementaire sur cette question de l’eau qui revêt un enjeu capital et prioritaire pour la Couronne marocaine.
Dans son discours, le Roi a appelé dans un premier temps à « un traitement diligent de la problématique de l’eau, dans toutes ses dimensions, et notamment à une rupture avec toutes les formes de gaspillage ou d’exploitation anarchique et irresponsable de cette ressource vitale ».
Le souverain a annoncé dans un second temps qu’il est crucial de renforcer la politique volontariste de l’État de l’eau et de rattraper le temps perdu dans ce domaine vital et crucial pour l’économie nationale.
Pour Mohammed VI, « le pays vit une situation de stress hydrique structurel et la seule construction d’équipements hydrauliques, si indispensable et importante soit-elle, ne suffit pas à régler tous les problèmes », a-t-il déclaré.
Une feuille de route basée sur trois axes pour régler la problématique
Ainsi il envisage de passer à l’offensive en matière de gestion des ressources hydriques. Pour ce faire, le souverain a tracé les contours d’une feuille de route qui vient renforcer le Programme national prioritaire de l’eau 2022-2027 qui est déjà mis en place à cet effet. Cette feuille de route se décline en trois axes. En premier lieu, le recours aux innovations et technologies nouvelles dans le domaine de l’économie de l’eau.
Le second volet de cette politique consiste à accorder une attention particulière à une exploitation rationnelle des eaux souterraines et à la préservation des nappes phréatiques. L’axe trois de cette feuille de route du monarque consiste à prendre conscience que la question de l’eau n’est pas seulement une affaire exclusive d’une politique sectorielle isolée mais qu’elle constitue une préoccupation majeure et constante à de nombreux secteurs.
Le secteur agricole très touché
Pays semi-aride avec des cycles de pluviométrie de 400-600 millimètres en moyenne, le Maroc fait face à la problématique de la pénurie d’eau depuis plusieurs années. Pour certains observateurs, notamment le politologue Mustapha Sehimi qui s’est exprimé sur le sujet dans les colonnes du journal Le Monde, le sujet n’a pas été pris en compte comme une urgence nationale par les gouvernements successifs.
« Cette problématique n’est pas entrée dans le périmètre naturel des préoccupations des différents gouvernements, ce qui a donné lieu à la situation actuelle », a-t-il indiqué. Ainsi cette problématique de l’eau a des conséquences négatives sur le secteur agricole et impacte par ricochet la filière céréalière qui est d’une grande importance pour un pays qui consomme beaucoup de pain.
Représentant à lui seul 18 pour cent du PIB, le secteur agricole demeure le deuxième pourvoyeur d’emplois au Maroc. En février dernier, le gouvernement marocain avait alloué près d’un milliard d’euros, soit 10 milliards de dirhams à un programme exceptionnel.