La crise postélectorale de 2020 en Côte d’Ivoire continue de livrer ses secrets. Deux ans après, Albert Mabri Toikeusse, qui faisait partie de l’opposition ivoirienne, est revenu sur les conditions dans lesquelles il a fui le pays.
Côte d’Ivoire : Mabri Toikeusse raconte comment il a abandonné ses militants en 2020
La Côte d’Ivoire a connu des heures chaudes en 2020. La candidature d’Alassane Ouattara à l’élection présidentielle d’octobre a été vigoureusement contestée par les opposants politiques, à leur tête le président du PDCI (Parti démocratique de Côte d’Ivoire) Henri Konan Bédié (HKB). Le scrutin a été boycotté par l’opposition dont faisait partie Albert Mabri Toikeusse.
Les adversaires politiques du RHDP (Rassemblement des houphouëtistes pour la démocratie et la paix) sont allés plus loin en rejetant la victoire écrasante d’Alassane Ouattara contre Kouadio Konan Bertin dit KKB. Sous la houlette de Bédié, il a été lancé le CNT (Conseil national de transition) avec pour porte-parole Pascal Affi N’guessan.
Deux ans après cet épisode, Albert Mabri Toikeusse raconte dans les colonnes de Jeune Afrique comment il a fui la Côte d’Ivoire, abandonnant les militants de son parti l’UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire) à leur triste sort.
L’ex-opposant ivoirien soutient que le 3 novembre 2020, après avoir voulu se rendre au domicile de HKB, quand il a été informé de la présence de policiers, il a décidé de ne pas s’y rendre. Plus tard, des éléments de la police ont débarqué au domicile de l’ancien ministre des Affaires étrangères d’Alassane Ouattara.
« J’ai décidé de quitter la maison dans l’après-midi en passant par la lagune, qui se trouve au fond de mon jardin. Tout ça s’est organisé en une heure et demie. J’ai appelé quelqu’un qui a un petit bateau et qui est venu nous chercher, mon épouse et moi », raconte Mabri Toikeusse qui précise qu’il portait une casquette et des lunettes noires.
Après avoir dormi dans un hôtel appartenant à l’un de ses amis, Mabri et son épouse ont rejoint un village frontalier du Ghana à bord d’un véhicule en commun, couramment appelé « gbaka ». « Dans le « gbaka », je portais toujours ma casquette, mes lunettes noires et mon cache-nez. Quand il fallait détourner le regard, je le détournais. Nous avons traversé quelques postes de police sans encombres », a-t-il révélé.
Finalement, Mabri et sa famille ont rejoint le Ghana en traversant une rivière en pleine nuit.