Au Maroc, le débat sur l’interruption volontaire de grossesse (IVG) refait surface. A Rabat, mercredi 28 septembre 2022, des dizaines de femmes ont manifesté pour réclamer la révision des lois criminalisant l’IVG, a constaté l’AFP.
Maroc: Manifestation à Rabat pour le droit à l’avortement
La mort dans un village du Maroc d’une adolescente (Mériem) victime d’une IVG clandestine au début du mois de septembre, a relancé le débat sur la pénalisation de l’IVG. Depuis ce triste événement, des associations féministes sont montées au créneau pour réclamer l’assouplissement de cette loi sur la pénalisation de l’IVG.
Pour intensifier la pression sur les pouvoirs publics, des dizaines de militantes féministes ont manifesté mercredi 28 septembre à Rabat pour réclamer la dépénalisation de l’IVG. Devant le parlement de la capitale, les manifestantes ont brandi des pancartes dénonçant la loi « liberticide » qui punit les autrices de l’avortement.
« L’avortement est un des droits de la femme, La loi m’a tué , L’IVG est un soin médical, Respectez mon choix » sont entre autres des slogans scandés par les manifestantes.
Au micro de l’AFP, Sarah Benmoussa, une activiste, estime qu’« il est primordial de revoir ces lois infondées. Avoir un enfant devrait être un choix ! ».
Khaoula, une étudiante de 23 ans qui participe pour la première fois à une telle manifestation, déclare: « Nous sommes présentes aujourd’hui car nos voix comptent pour faire bouger les choses. Tout être humain doit disposer de son corps. Les lois doivent être réformées et la société suivra ! ».
L’IVG: Un phénomène récurrent au Maroc
Au Maroc, l’interruption volontaire de grossesse (IVG), comme dans tous les pays où elle est illégale, est largement pratiquée. Selon plusieurs organisations de défense des droits des femmes, entre 600 à 800 avortements clandestins sont pratiqués chaque jour au Maroc.
A la suite d’un documentaire sur le sujet diffusé sur la chaîne de télévision française France 2 le 11 décembre 2014 avec un tournage réalisé dans une maternité publique de Rabat, le débat sur cette question a été relancé au sein de l’opinion publique.
Le gynécologue de cette maternité dans laquelle le documentaire a été tourné, a été limogé à l’époque. Suite à la pression de l’opinion sur les réseaux sociaux, ce dernier avait été relaxé grâce surtout à l’intervention du Roi Mohammed VI.
Suite à cela, le 15 mai 2015, une commission officielle avait même dans la foulée recommandé que l’avortement devienne autorisé dans « certains cas de force majeure », notamment en cas de viol ou de graves malformations du fœtus.
Mais concrètement, aucune loi de révision de la dépénalisation de l’IVG n’a été insérée dans le corpus juridique interne du Royaume chérifien depuis lors.