Il y a vingt(20), le 19 septembre 2002, une horde d’individus, composée d’ivoiriens, de burkinabé, de maliens et de bien d’autres nationalité, logés, nourris et blanchis au Burkina Faso, a déferlé sur la Côte d’Ivoire pour porter le glaive, dans le sein de la mère-patrie. La tentative de leur coup d’état qui a échoué, s’est muée en une rébellion, ayant entraîné la partition du pays.
La Côte d’Ivoire est-elle devenue plus démocratique qu’elle ne l’était en 2002 ?
Les motifs évoqués pour expliquer cette violence sans nom portée aux ivoiriens sont nombreux. Il s’agit entre autres de :
– L’absence de démocratie en Côte d’Ivoire
– La marginalisation du septentrion ivoirien dans le processus de développement par tous les gouvernements successifs
– Le délit de patronyme
– La non-tolérance du boubou
– Etc.
La rébellion sans visage aux premières heures, a mis le nord du pays en coupe-réglée, contribuant ainsi à exacerber des clivages qui n’existaient pas auparavant entre les différentes populations. Mais les motifs évoqués pour expliquer cette rébellion, ne sont que des arguties développées a postériori pour masquer l’objectif réel, qui était de chasser le président Laurent Gbagbo du pouvoir et mettre un homme, M. Alassane Ouattara au pouvoir (cf le meeting de Koné Zakaria à Bouaké).
Vingt(20) ans après cette odyssée, quel bilan peut-on établir ? La Côte d’Ivoire est-elle devenue plus démocratique qu’elle ne l’était en 2002 ? Le nord du pays pour lequel les armes ont été prises, est-il plus développé que le reste du pays ? Les populations du nord, ont-elles désormais un niveau de vie plus élevé que partout ailleurs dans le pays ? L’interdiction qui frappait le port du boubou a-t-elle été levée ? Que sont devenus les héros militaires et civils de cette ténébreuse aventure ?
L’heure du bilan
Si à l’heure actuelle, aucune étude disponible, ne permet de répondre à certaines de ces questions, on peut par empirisme tenter de donner des éléments de réponses quant à la trajectoire prise par les « héros » militaires et civils qui ont endeuillé la Côte d’Ivoire. Les militaires qui se sont mis en avant-poste de cette aventure, ont connu des fortunes diverses.
Ainsi, Ibrahim Coulibaly dit IB considéré comme le cerveau militaire de la rébellion et Issiaka Ouattara alias Wattao, sont passés de vie à trépas. Le premier a été tué au plus fort de la crise postélectorale, dans des conditions non encore élucidées, et le second est mort sur son lit d’hôpital aux Etats-Unis, rongé par un mal pernicieux dont on ne connait pas l’origine. Ces deux n’ont pas eu le privilège de jouir des délices que confère le sillage du pouvoir qu’ils ont eu à installer.
D’autres militaires en revanche, sont au sommet de leur gloire, amassant galons sur galons à une vitesse vertigineuse, pour devenir des officiers supérieurs de l’armée ivoirienne, eux, des militaires de rang ou des sous-officiers comme Chérif Ousmane ou Koné Zakaria. D’autres encore, à la limite de l’illettrisme et au verbe incertain, trônent au sommet de l’administration ivoirienne, en tant que préfets de région, sans diplôme universitaire, et sans avoir mis pied à l’Ena !
C’est le cas de Tuo Fozié ou de Koné Messemba. Les civils incorporés à cette rébellion, ont tout aussi connu des fortunes diverses, où grandeur et décadence cheminent allègrement. Ainsi le tonitruant Adjudant Antoine Beugré alias Alain Lobognon, à qui Rfi tendait abusivement son micro, qui fut député et maire de Fresco, est aujourd’hui l’ombre de lui-même, s’adonnant à des « techniques d’approche » pour gagner la clémence et la pitié du Rhdp.
Celui qui a déclaré après l’arrestation de Mme Simone Gbagbo que l’Esprit Saint recherché, avait fui, a goûté aux délices de l’univers carcéral du Rhdp. A sa sortie, ironie du sort, il ne s’est pas gêné pour remercier l’Esprit Saint ! Quant à Soro Guillaume, étudiant désargenté qui avait revendiqué la paternité de la rébellion, il connut aussi son heure de gloire avant de connaître une chute vertigineuse. Premier ministre, ministre de la Défense, puis président de l’Assemblée nationale, il fut obligé de libérer « le tabouret ».
M. Soro Guillaume est désormais un pestiféré qu’on veut voir disparaître
On se souvient de lui, « piaillant et susurrant et plastronnant », déversant et distillant des mensonges sur le gouvernement en place, sur les chaînes de télévisions étrangères. Aujourd’hui, réduit à sa plus simple expression, l’homme erre comme une âme en peine en Europe, abandonné par nombre de ses partisans : Soro Kanigui, Alain Lobognon, Soro Alphone et Sékongo Félicien. Tous sont allés à Canossa pour réintégrer la case ronde.
Comme si cela ne suffisait pas, jugé et condamné par la justice ivoirienne, l’homme ne peut rentrer au pays. De son statut de héros et de sauveur de la République, M. Soro Guillaume est désormais un pestiféré qu’on veut voir disparaître. Ainsi venait de s’accomplir la prophétie du président Laurent Gbagbo : « …vous me combattez pour quelqu’un que vous ne connaissez pas…vous êtes sur le mauvais chemin…les plus chanceux d’entre vous seront jetés en prison, et les plus malchanceux seront tués ou en exil… ».
Tous ces hommes ont donné une trajectoire nouvelle à la Côte d’Ivoire, et tous, nous boirons le calice jusqu’à la lie. Ainsi va le pays. Mais arrive le jour où l’ivraie sera séparée du vrai.