Le 19 septembre 2002 est une date douloureuse pour Jean Blé Guirao, cadre de l’UDPCI (Union pour la démocratie et la paix en Côte d’Ivoire), le parti fondé par feu le général Robert Guéi. Et pour cause, ce jour-là, le politicien ivoirien a échappé à la mort. Il revient sur ce moment à travers une publication sur la toile.
Côte d’Ivoire : Blé Guirao se souvient du 19 septembre 2002
Les malheurs de Jean Blé Guirao ont débuté bien avant le 19 septembre 2002. En effet, la veille, l’homme politique qui exerce en tant que professeur au Lycée classique d’Abidjan a été agressé par des individus dans la commune d’Adjamé. Ceux-ci l’ont hélé par son nom avant que l’un d’eux lui assène un coup de poing au visage.
« Surpris, je bascule en arrière, mais dans mon dos, deux personnes que je n’avais pas eu le temps de dévisager me prennent à partie. L’un avec un couteau avec lequel il me poignarda le dos et l’autre avec un gros bâtonnet avec lequel il m’assomma. En tombant à même le sol mes deux portables que j’avais étaient l’objet de saisine de celui qui m’avait envoyé le premier coup de poing quand les deux autres, ses acolytes sans doute continuaient de me rouer de coups », raconte le secrétaire général de l’UDPCI.
Fort heureusement, de jeunes vendeurs ambulants volent à son secours. Après avoir fait fuit les agresseurs, ils conduisent Blé Guirao dans une clinique, car sa santé était préoccupante. Une fois au centre hospitalier, les sauveurs du cadre de l’UDPCI contactent Diomandé Soualio, le secrétaire général du bureau national de la jeunesse dudit parti. Très vite Robert Guéi est averti. Il prend toutes les dispositions pour la prise en charge médicale de son poulain.
C’est depuis la clinique que Blé Guirao apprend que la Côte d’Ivoire est attaquée. « Je ne sais pas si j’ai pu dormir ou fermé l’œil de la nuit, mais au petit matin la radio à mon chevet à la clinique annonçait des mouvements de troupes dans Abidjan. Les choses sont allées vite, très vite même », se souvient-il. Son mentor est accusé de conduire une bande armée dans le but de renverser Gbagbo. Il dément cette thèse en donnant des interviews à deux radios étrangères.
« Après ces deux interviews, je savais que j’étais en danger. Mes gars ont juste eu le temps de me faire partir de cette clinique que deux véhicules 4×4 vitres teintées sont arrivés avec des gens lourdement armés qui ont, selon le médecin, demandé après moi. Devant son incapacité à leur dire où j’étais, ils ont tout détruit dans sa clinique et sont partis. Nous étions le 19 septembre 2002. De cette date jusqu’au 3 août 2003 j’étais en clandestinité. Pratiquement 11 mois dans le noir et dans des conditions difficiles pour échapper aux escadrons de la mort qui sévissait en toute impunité à Abidjan », écrit le proche d’Albert Mabri Toikeusse.