Une certaine presse a fait cas de la signature, jeudi 08 septembre 2022, d’un accord tripartite portant sur la création d’un pôle écologique et durable dans le village d’Adoukro, dans le département de Jacqueville. Cet accord aurait pour objet de définir les conditions et modalités d’accompagnement à la certification EDGE du projet de réalisation d’un pôle urbain dans le village d’ Adoukro.
Jacqueville – Projet « Nouvelle ville écologique et durable d’Adoukro »: Oda Edouard veut-il distraire l’opinion?
Le projet, désormais baptisé « Nouvelle ville écologique et durable d’Adoukro », devrait être bâti sur une superficie de 2322 ha. Quand on sait qu’un litige vieux d’une quinzaine d’années, secoue cette parcelle, on se demande si la Société générale d’investissement et de réalisation (SGIR) et son Directeur général Oda Edouard essaient de distraire l’opinion ou d’arnaquer davantage d’investisseurs. Nul n’est sans savoir que le lotissement d’Adoukro approuvé par arrêtés No 14-1273/MCLAU /DGUF /DU/SD du 21 novembre 2014, No14-1274/MCLAU /DGUF /DU/SDAF du 21 novembre 2014, malgré le résultat de l’enquête publique qui a relevé soixante-quinze (75) oppositions des propriétaires terriens, laisse apparaître une grave irrégularité dans sa délimitation.
En effet, le campement d’Adoukro, érigé en village en 2007, s’est vu accorder une superficie de sept cent neuf (709) hectares par l’administration territoriale. Ce qui sous-entend que si un lotissement devrait s’y faire, celui-ci devrait concerner uniquement ces 709 hectares dont 574 hectares appartiennent aux populations de Sassakro et 135 hectares aux personnes vivant à Adoukro. Or, les arrêtés d’approbation du lotissement de ce nouveau village, parlent d’une superficie de deux mille quatre cents vingt-deux (2422) hectares. Ce qui montre clairement que ces arrêtés d’approbation de lotissement, annexent une partie du patrimoine foncier des villages voisins que sont N’Djem (qui abrite le pont de Jacqueville), Abréby (le 1er village fondé par les Alladjans au 15è siècle), Sassako-bégnini (dont est issu le campement Adoukro devenu village), et Avagou (le 3ème village le plus ancien du peuple Alladjan).
Pour la petite histoire, Adoukro fut jusqu’à une époque récente, le débarcadère du village de Sassako qui est adossé à la mer et qui a ses terres à Adoukro au bord de la lagune. Ce débarcadère servait de point de ralliement au chef-lieu de sous-préfecture Dabou. C’est aussi en cet endroit que les villageois de Sassako cultivaient la noix de coco, principale culture de rente. Plus tard, au fil des activités agricoles et de la pêche, les propriétaires des terres y ont installé des pêcheurs béninois et d’autres villageois s’y sont installés. Une famille de Jacqueville, actuel chef-lieu, s’y installe également avec la bénédiction du chef de terre de Sassako. Elle y fonde une plantation. Et c’est dans cette famille que M. Oda, non originaire de la région, prend une épouse, laquelle hérite plus tard des terres et plantations de son défunt père.
« ADO, au secours ! »
Concernant justement ce dossier, le maire de Jacqueville, Beugré Joachim, lors d’une conférence de presse animée en septembre 2021, n’avait pas manqué d’ affirmer que le village d’Adoukro, c’est en tout 709 ha dont 574 ha, soit 81 % de la superficie, sont la propriété du village tuteur de Sassako. « Comment se fait-il que le lotissement couvre 2440 ha ? », s’était-il interrogé, avant d’ajouter: « Je ne suis pas opposé au développement de ma commune mais je suis opposé à la spoliation des terres de mes populations ». Encore, lors d’un rassemblement, le 1er septembre 2022 à la place de lutte de Sassako-bégnini, les villages de N’Djem, d’Abréby, de Sassako-bégnini et d’Avagou, impactés par ce projet de lotissement, ont, par la voix de N’drin Marcellin dit Chef Amine, président du Collectif des propriétaires terriens de Sassako-bégnini, appelé à l’intervention du président de la République afin de restituer aux villageois leurs terres.
« Nous souhaitons que ce lotissement d’Adoukro soit purement et simplement annulé et que nos terres nous soient restituées », a-t-il appelé. Voici les cris de cœur que plusieurs des fils et filles de la nation font monter à l’attention des autorités compétentes pour exposer au grand jour la forfaiture dont ils sont victimes. «Les populations de Sassako et leurs voisins trainent encore le poids de cette annexion planifiée des mains de maître par Oda Edouard et certains alliés et partenaires dissimulés dans l’ombre. Ces derniers – alliés et partenaires de Oda – ont falsifié les faits et sont parvenus à produire des approbations jugées suspectes par bon nombre de fonctionnaires du ministère de la Construction. Ces populations doivent-elles rester sans assistance et sans justice », s’interroge un planteur qui a décidé de garder l’anonymat car ayant fait l’objet, par le passé, d’un molestage par des soldats envoyés par M. Oda dans des villages Alladjan, au sujet de cette affaire d’ Adoukro. Il finit par cette phrase : « ADO, au secours ! ».
Lors d’une conférence de presse en septembre 2021, rapportée par le site Operanews, M. Oda déclarait que toutes les procédures administratives et les autorisations nécessaires ont été faites pour réaliser ce projet qui serait même inclus dans le schéma directeur du Grand Abidjan. « (…) Nous avons fait toutes les démarches pour chercher des financements pour ce projet. Nous avons compris qui est à la base (du blocage). Depuis 2015, nous sommes confrontés par Beugré Joachim qui n’a aucun droit sur ce projet. Alors qu’il est un exécutant des ordres de la hiérarchie, il s’oppose aux injonctions de l’administration », avait-il chargé.