Le photographe américain William Klein, qui s’est imposé dans la photographie de mode et la photographie urbaine, est décédé samedi soir à Paris à l’âge de 96 ans, a annoncé lundi dans un communiqué son fils Pierre Klein.
L’artiste américain William Klein aura révolutionné la photographie de mode et urbaine
Décédé «paisiblement», William Klein le terrible, a révolutionné la photographie par ses images coup de poing traduisant la fébrilité et la violence des grandes villes, y mettant la mode au cœur de la vie, ôtant toute velléité inoffensive au sexy de l’image. Une longue carrière où l’art, la peinture, la mode et le cinéma se sont mêlés.
«Dans l’histoire de la photographie, Klein occupe, en France tout du moins, une place capitale : il a proposé, à la manière d’un « anti-maître » une pratique ouverte, hybride et décomplexée de la photographie. Associée à l’art de peindre comme de filmer, la photographie s’est enrichie ainsi considérablement», souligne l’historien de la photographie, Michel Poivert (La photographie contemporaine, édition revue et augmentée, Flammarion, 2018).
Si c’est vrai, c’est bien la seule chose qu’il aura fait paisiblement dans sa vie. Cet esprit libre, bouillant, grande gueule s’est, dès qu’il est passé de la peinture, du graphisme à la photographie et au cinéma si près approché de ses sujets qu’il était sur eux, dans eux, comme si la même énergie passait d’un corps l’autre via ses cadrages délirants.
Jusqu’à la fin de sa vie, même en fauteuil roulant, il s’est baladé dans les expositions et les rues de Paris avec son appareil photo dans la main. Pendant toute sa carrière, l’usage de son troisième œil n’est jamais limité à la photographie, car le regard et la sensibilité de William Klein s’expriment aussi à travers du cinéma, de la peinture et du graphisme. « La photographie m’a offert la possibilité de parler de la vie. C’était très excitant pour moi. De plus, cela m’a permis de créer des livres et bien plus encore. Tout cela va de pair », il nous avait confié à l’occasion de la très grande rétrospective de son œuvre en 2005, au Centre Pompidou. En effet, le talent suprême de l’artiste américain consiste à réunir dans ses œuvres photographiques toutes les disciplines.
William Klein a toujours eu recours à la pose : Gun 1, sa photo culte prise en 1954 à New York d’un garçon au visage haineux qui pointe un revolver vers nous, spectateur, fait le tour du monde comme symbole de la jeunesse violente.
À l’époque, Klein proteste longtemps, car, en fait, il a tout simplement demandé au garçon de jouer le méchant pour lui. Preuve que même le meilleur photographe n’est pas à l’abri de son propre cliché.