Depuis le 10 juillet 2022, 49 militaires ivoiriens, partis au Mali dans le cadre d’une mission, dit-on de la Minusma, le démembrement de l’Onu au Mali, sont arrêtés à l’aéroport Modibo Kéita Senou de Bamako et écroués dans ce pays. Cet incident, c’est un truisme de le dire, met à mal les relations entre le Mali et la Côte d’Ivoire, deux pays voisins condamnés par l’histoire et par la géographie, à cohabiter nonobstant leur inimitié.
Affaire 49 soldats ivoiriens arrêtés au Mali : Médiation des guides religieux, la paille et la poutre
Après plus d’un mois d’un bras de fer, rien ne laisse présager pour le moment la trajectoire que prendra cette affaire, encore moins son épilogue. Aux injonctions données par Abidjan de libérer « sans délai » ses soldats, Bamako répond par la mise sous mandat de dépôt desdits soldats, pour « atteinte à la sûreté de l’Etat » et les a écroués.
La médiation togolaise entamée depuis quelques temps pour trouver une issue heureuse à cette affaire, n’a pas encore donné de résultats probants, encore moins la touche de Macky Sall, président du Sénégal et président en exercice de l’Union Africaine, qui s’était rendu à Bamako et a plaidé le cas des soldats incarcérés.
C’est dans cette atmosphère où la diplomatie semble marquer le pas, que des responsables religieux ivoiriens, des imams, ont pris sur eux de jouer leur partition à l’effet de dénouer cette scabreuse affaire, dont nul ne connait les tenants et les aboutissants. On est tout aussi surpris de noter la discrétion à la limite de l’abandon, de l’Onu et de son démembrement au Mali la Minusma, à laquelle est censé appartenir le contingent ivoirien enclin à ces tribulations. C’est à y perdre son latin !
La délégation des guides religieux ivoiriens, composée d’une trentaine de personnes et conduite par l’Imam Cheick Malick Konaté, est arrivée à Bamako, le 20 août dernier. Elle a eu à rencontrer les 49 militaires dans leur lieu de détention, mais aussi les autorités maliennes.
Au cours d’une rencontre à la mosquée de la Riviera Bonoumin avec les responsables de la Coalition Nationale pour le sursaut (CONASU), l’Imam Cheick Malick Konaté, en guise de compte-rendu de mission, a rassuré ceux-ci sur le bon déroulement des négociations en cours pour la libération des militaires détenus au Mali.
Morceau choisi : « …Dans notre mission au Mali, nous avons envoyé des émissaires qui se sont entretenus avec les 49 militaires dans leur lieu de détention. Je puis assurer le peuple de Côte d’Ivoire que leurs enfants vont très bien. Ils ont le moral haut. Les rencontres que nous avons eues avec les dirigeants actuels du Mali vont produire des effets immédiats… ».
Quid des nombreux militaires ivoiriens à Abidjan depuis plus de dix ans !
Qu’à cela ne tienne ! On doit pouvoir saluer l’esprit d’initiative des imams et se réjouir de la démarche entreprise qui, assurément participera à réchauffer les relations entre la Côte d’Ivoire et le Mali et surtout, espérer qu’elle permettra aux soldats ivoiriens de humer à nouveau l’air de la liberté. Toutefois, autant on apprécie ce que ces imams ont fait au Mali, autant on s’interroge sur leur mutisme relativement à l’incarcération de nombreux militaires ivoiriens à Abidjan depuis plus de dix ans !
Pourquoi n’ont-ils jamais engagé la même démarche auprès du chef de l’Etat ivoirien à l’effet de solliciter leur libération ? Pourquoi ne les a-t-on jamais entendus réclamer la libération de ces militaires ivoiriens qui croupissent dans les « sous-sols » d’Abidjan ? Ou alors l’ont-ils fait en criant si fort, que personne ne les a entendus ? En tout état de cause, si on peut se féliciter de leur prompte réaction pour le sort de nos concitoyens retenus à Bamako, on ne peut que se désoler de leur silence de cimetière quant au sort des prisonniers politiques et militaires depuis dix ans enfermés à Abidjan.
Les Saintes Ecritures nous enseignent qu’avant de demander à son frère d’enlever la paille qui se trouve dans son œil, il faut bien commencer par enlever la poutre qui se trouve dans le nôtre ! Ainsi va le pays. Mais s’il y a eu un soir en Eburnie, il y aura assurément un matin et l’ivraie sera séparée du vrai.