L’impunité est la mère de toutes les vices de la politique ivoirienne. Depuis les différentes crises politiques de 1999 à 2011 les acteurs politiques n’ont aucun respect pour les lois de la République. Tous agissent en enfreignant aux lois et convaincus d’une application certaine de la loi d’amnistie et de grâce pour le sempiternel paradigme du pardon et de la réconciliation post-crise.
PPA-CI – PDCI- MGC réclament l’amnistie pour Gbagbo en lieu et place de la grâce présidentielle
En effet, il est net clair et précis que l’amnistie n’a jamais fait du bien au pays. Elle a gardé un certain sentiment de doux-amer teint d’une rancune irrémédiable tant que les esprits n’ont pas pu se débarrasser de la rage et de la haine envers l’autre qui a causé du tort.
Et ceci ne peut être accompli que par un exercice de justice correct et non soumis à n’importe quel facteur politique. La grâce accordée à l’Ex Président Laurent GBAGBO par le Président de la République n’est pas saluée à sa juste valeur par certains partis d’opposition notamment le PPA-CI, le PDCI-RDA, et le tout nouveau parti politique appelé Mouvement des Générations Capables (MGC) créé par l’Ex Première Dame Simone EHIVET GBAGBO le 20 août dernier.
En effet, tous veulent l’amnistie en lieu et place de la grâce accordée au Président du PPA-CI par le Président de la République. Cependant tous feignent ignorer la procédure corrélative à l’amnistie qui est par ailleurs assujettie à l’adoption de projets ou de propositions de lois relevant respectivement du gouvernement et de l’Assemblée Nationale.
Le paradoxe du discours de l’apathie de l’opposition à l’encontre de la grâce du Président est qu’aucun député de l’opposition n’a fait de proposition de loi d’amnistie à l’effet d’engager au sein de l’hémicycle un débat relatif à cette loi et aux recommandations du dernier dialogue politique.
La politique est un jeu d’échec où chacun doit savoir pousser ses pions
Ce débat parlementaire autour de la réconciliation et la cohésion nationales aurait peut-être eu un impact sur cette prérogative du Président de la République au sujet de l’épée de Damoclès judiciaire suspendu sur la tête de son prédécesseur.
Ils sont tous sans ignorer que la loi d’amnistie est une loi républicaine, de générosité et de tolérance qui vient affirmer par l’effacement de certaines infractions, la valeur de la réconciliation et de cohésion nationales.
Au fil des réalités politiques, le champ de l’amnistie varie donc en fonction des exigences fondamentales de la République. Les exigences de panser les blessures, les exigences de réconcilier la Côte d’Ivoire avec elle-même, les exigences de valeurs de tolérance, de générosité, de civisme, de responsabilité, et de sécurité.
Comme au jeu d’échecs, les jeux de pouvoir au sein des organisations politiques obéissent à certaines règles, explicites ou non, que le joueur habile verra à décoder et à mettre en œuvre. La politique est un jeu d’échec où chacun doit savoir pousser ses pions.
Par Idriss DAGNOGO