Sipilou, ville, chef-lieu de département, oubliée dans les profondeurs de l’Ouest ivoirien, passe de plus en plus pour être un hideux havre de malédictions. Au lieu que sa situation géographique de ville frontalière (car située à quelques 6 kilomètres de la Guinée) profite à son développement, cette localité n’a toujours rien de gai.
L’axe Biankouma – Sipilou: Un vrai parcous du combattant
La route précède le développement, dit l’adage. Dans cette partie du Tonkpi, la route conduit tout droit vers la tanière du diable. Pour dire simple, la région du Tonkpi n’a pas fini d’être malade de ses routes tortionnaires qui ressemblent étrangement, par endroits, à des chantiers champêtres. Le 3 Juin 2020, l’on s’était réjoui à Biankouma des futurs travaux de bitumage de l’axe Biankouma-Sipilou. Bientôt 3 ans que ce rêve fou d’une population, demeure un impressionnant leurre. La souffrance que connaissent visiteurs et populations, demeure intacte.
L’émergence autrement à Sipilou
Le mal est chronique et profond. Cela avec pour corollaire un développement au rabais. Une ville, en plus d’être chef-lieu de département, a une position stratégique pour le pays. Car dernière cité du pays de ce côté Ouest. Et pourtant, tout y manque. Tout fait défaut. Guétondé T., sans emploi, désespère de cette situation qui abîme des rêves : « Notre situation amène les autres à nous considérer comme des sous-êtres. La ville se vide de ses enfants. Chacun a besoin d’épanouissement. Ici, nous sommes dans un campement. Qui nous enverra son développement ? Les politiques abusent de notre électorat. A chaque scrutin, ce sont les mêmes refrains sans avenir».
Pour Soumahoro Sékou, mécanicien, le souci des jeunes vient essentiellement de leur chômage désespérant. « Ici, rien ne marche. Pendant combien de temps allons-nous continuer à venir au garage sans jamais avoir de clients ? Vous me voyez assis près de cette vendeuse d’arachides, c’est désormais ici que je passe ma journée. Le garage est loin là-bas sans apprentis et sans clients». Un tour dans la ville où l’on rencontre très peu d’animation à part le » grain » des jeunes diplômés, donne une idée de ce que vivent les populations sous le diktat de la pauvreté, de l’oisiveté et du mauvais train-train quotidien.
Quel avenir pour les enfants de Sipilou?
Sipilou vit en marge du bien-être social connu et rencontré ailleurs. Avec un seul hôtel, un seul vulcanisateur de pneus, un maigre commerce et des infrastructures dignes du moyen-âge, l’on est bien loin du compte. Le corps préfectoral, garant de l’État, maintient le peu de sourire chez des administrés très peu confiants. « Avec un tel état de la route, quel investisseur peut oser pointer le nez ici à Sipilou ? La ville sombre. On nous fait du beau baratin. Les femmes restent désorganisées faute d’appuis financiers», confie dame Golou H, ménagère.
Une pancarte du BNETD dans les voisinages de Yorodougou, annonce pour bientôt des grands travaux de rénovation de ce réseau routier. Une bonne nouvelle très attendue de tous pour un réel décollage économique dans la localité. Ainsi, aller à Sipilou donnera dorénavant du rictus aux lèvres au lieu de cette mine affreuse qui balafre la face à chaque retour de cette bourgade aux routes chaotiques.
De retour de Sipilou, une correspondance de Sony WAGONDA