Des experts du secteur éducation/formation en Côte d’Ivoire ont mis des doctorants de l’École doctorale sociétés, communication, arts, lettres et langues (Ed Scall) sur des pistes de recherches en sciences de l’éducation. C’était au cours d’un atelier de recherches doctorales avec les acteurs du secteur éducation/formation, vendredi 29 juillet 2022, au pôle scientifique de l’Université Félix Houphouët-Boigny (Ufhb) à Bingerville. L’atelier a eu lieu sous la supervision du Professeur Kouamé Jean-Martial, responsable de l’équipe d’accueil didactique, éducation-formation et innovation (Defi). Une équipe dont sont membres ces jeunes chercheurs, régulièrement inscrits en Doctorat 1 et Doctorat 2. Les échanges avec les acteurs du secteurs éducation/formation ont tourné autour du thème central : « Éducation/formation en Côte d’Ivoire : problématiques, enjeux et perspectives ». Trois communications ont marqué cet atelier de réflexions et de partage d’informations.
Le Dg de l’Ipnetp a relevé les enjeux et les défis de la réforme de la formation professionnelle
La première communication, celle du Directeur général (Dg) de l’Institut pédagogique national de l’enseignement technique et professionnel (Ipnetp), Berté Zakaria, a porté sur le sous-thème : « Formation professionnelle : les enjeux et les défis de la réforme ». Faut-il le noter, l’Ipnetp est sous la tutelle du ministère de l’Enseignement technique, de la Formation professionnelle et de l’Apprentissage (Metfpa).
Pour l’essentiel, Berté Zakaria a insisté sur la nécessité de centrer les problématiques de recherches en sciences de l’éducation sur la formation professionnelle et technique. « Ce secteur n’est pas très bien investigué par la recherche universitaire. Je voulais aussi mettre l’accent sur le fait que même quand il y a de l’investigation, ça n’entre pas dans les réponses que la formation professionnelle et technique attend de la recherche scientifique », a fait remarquer le Professeur en sciences de l’éducation.
Le Dg de l’Ipnetp a mis l’accent sur la pertinence de l’offre de formation qui dépend de la qualité des relations entre le dispositif de formation et les grandes entreprises. « J’ai voulu que ces problématiques soient adressées par les différents étudiants du programme de recherche. Et qu’ainsi ça apporte des solutions à notre système de formation », a-t-il dit.
Berté Zakaria a en outre évoqué un autre aspect sur le doctorat et l’enseignement. « Quand vous êtes docteur, vous avez été pris dans un contexte de choisir un problème pertinent, de concevoir les outils nécessaires, c’est-à-dire la méthode, pour apporter une réponse au problème évident sur lequel vous avez décidé de travailler. Quand vous finissez, vous produisez un savoir de recherche pour améliorer les connaissances ou les pratiques. C’est ce que donnent les résultats de la recherche », a-t-il fait comprendre.
Pour le Dg de l’Ipnetp, améliorer les connaissances générales sur un phénomène ou améliorer les pratiques, ce n’est pas avoir l’expertise d’organisation de situations d’apprentissages. « Donc, le Docteur, s’il veut être un bon enseignant, il doit compléter son titre de docteur avec une formation pédagogique. Il doit avoir une double compétence », a martelé Berté Zakaria.
Le Professeur en sciences de l’éducation a ainsi fait une recommandation aux jeunes chercheurs de l’École doctorale Scall. « À l’intérieur de l’Université (Fhb), il y a un institut qu’on appelle Irep (Institut de recherche et d’expérimentation pédagogique). Justement, c’est le lieu où dès que les enseignants sont recrutés avec le doctorat, ils doivent partir pour renforcer leurs capacités », a-t-il souhaité.
Pour sa part, Tuo Davis, Directeur de l’apprentissage et de l’insertion professionnelle au Metfpa, a fait un exposé sur le sous-thème : « Apprentissage et insertion professionnelle : dispositifs nouveaux et École de la 2eme Chance ». En substance, il a présenté aux jeunes chercheurs le nouveau dispositif de formation en matière d’apprentissage en Côte d’Ivoire.
Tuo Davis a fait savoir que l’apprentissage est devenu « un dispositif mondial » qui fait partie des priorités de l’Organisation internationale du travail (Oit). Il a alors demandé aux jeunes chercheurs d’être des « acteurs de développement » du nouveau dispositif de formation en matière d’apprentissage en Côte d’Ivoire.
L’intervenant a aussi expliqué les différentes initiatives en cours en Côte d’Ivoire. « Je les ai interpellés également à s’intéresser à tout ce qui est thématique concernant l’apprentissage, et à améliorer la production de la recherche sur cette thématique. (Cela, ndlr) pour qu’on puisse prendre en compte les besoins des entreprises et des populations en termes de compétences, et puis, les mettre ensemble pour sortir des outils qui permettent de former nos jeunes sur les métiers d’aujourd’hui et les métiers de demain », a déclaré Tuo Davis.
Il a ajouté : « (Ces métiers qui, ndlr) permettent à ces jeunes de s’insérer dans la société. C’est le gage de notre stabilité pour notre développement économique. On ne peut pas exercer un métier sans l’avoir appris. Ce qui fait que la compétence issue des apprentissages est obligatoire. Il serait mieux d’apprendre et pratiquer en même temps. C’est beaucoup plus vivant, beaucoup plus réaliste ».
En ce qui le concerne, Fatogoma Coulibaly, sous-directeur de la formation pédagogique continue au ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation, a axé son intervention sur le sous-thème : « Formation Continue, nouvelle stratégie et perspectives ». Il a énuméré les nombreux problèmes rencontrés sur le terrain, ainsi que les grands défis à relever à ce niveau.
« L’essentiel du message que je voulais faire passer, c’est que le ministère de l’Éducation nationale et de l’Alphabétisation est dans une phase de reconstruction. Nous au sein du ministère, nous gérons le volet formation continue. Nous pouvons apporter beaucoup de choses. La première des choses, c’est être au quotidien à proximité des enseignants. L’encadreur pédagogique, c’est l’entraineur de l’enseignant », a par ailleurs souligné le sous-directeur de la formation pédagogique continue.
Le Directeur de l’École doctorale Scall, Pr. Jean-Marie Kouakou, a remercié les trois intervenants pour la qualité de leur contribution. « Nous comptons beaucoup sur vous. Nous avons des projets. Et je crois qu’avec votre appui, votre caution, nous allons pouvoir réaliser certaines choses », a-t-il confié.
Pr. Jean-Marie Kouakou a surtout donné des conseils avisés aux jeunes chercheurs pour les orienter dans la bonne direction. À leur endroit, il a tenu ce propos interpellatif : « Nous sommes toujours en phase d’apprentissage. Donc, le Docteur que nous serons devra être toujours en phase d’apprentissage. L’apprentissage, c’est apprendre à être sage. On acquiert la sagesse par la posture d’apprenti ».