Tel un chef d’orchestre, Vladimir Poutine coordonne parfaitement la diplomatie russe en ces temps où le régime de Moscou semble être isolé de la grande partie du monde en raison de son aventure guerrière en Ukraine. Et comme pour prouver à ses détracteurs que sa Russie demeure une écurie redoutable dans le concert des nations, le longiligne locataire du Kremlin s’est rendu mardi 19 juillet 2022 en Iran dans le cadre de la réunion trilatérale sur la Syrie avec le pays hôte et la Turquie. Au delà de la guerre en Syrie, plusieurs sujets majeurs sont également au rendez-vous.
Vladimir Poutine en quête d’alliés?
La symbolique est très forte. Décrié par les occidentaux à cause de sa campagne acharnée en Ukraine, Vladimir Poutine a été reçu en fanfare, mardi à Téhéran. Tapis rouge, fanfare, c’est avec une grande solennité que le chef d’État russe a été accueilli dès sa descente d’avion, par le président iranien, Ebrahim Raisi.
Il a aussitôt eu un entretien à huis clos avec le guide suprême de la révolution iranienne, l’Ayatollah Ali Khomenei, selon la télévision d’État. Les questions de coopération militaire, de développement du programme nucléaire iranien, de renforcement des liens séculiers entre les deux pays ont sans doute été à l’ordre du jour au cours de cette rencontre en marge de la réunion trilatérale sur la Syrie.
Cette deuxième visite de Vladimir Poutine à l’étranger depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine, se situe d’abord dans le cadre de la 7ème réunion trilatérale relative au processus d’Astana sur la Syrie. En effet, le président russe, ses homologues iranien, Ebrahim Raisi, et turc, Recep Tayyip Erdogan, auront une séance de travail sur le conflit syrien.
Dans cette crise qui dure depuis plus de 10 ans, la Russie s’est engagée avec l’Iran, aux côtés du gouvernement régulier de Damas dirigé par Bachar El Assad qui est ciblé par des sanctions occidentales. Ces deux puissances font face à l’armée turque sur ce théâtre de guerre. Cette dernière vient en appui aux troupes de l’opposition.
Vers la levée du blocus russe sur le céréale ukrainien?
Si la question syrienne sera au cœur des débats, la rencontre entre Poutine et Erdogan revêt également un autre enjeu plus qu’important. Le président russe et son homologue turc doivent poursuivre leurs pourparlers entamés depuis quelques jours avec l’Ukraine autour de la question des céréales.
Grand soutien de l’Ukraine dans cette guerre qui l’oppose à la Russie, la Turquie membre de l’OTAN, est le seul pays qui n’a pas rompu ses liens diplomatiques avec Moscou depuis le déclenchement de la guerre en Ukraine. Fort de ce statut, Recep Tayyip Erdogan va tenter de convaincre Poutine de lever le blocus russe et faire entrer les céréales ukrainiennes sur les marchés mondiaux afin de régler la crise alimentaire qui secoue le monde depuis le début du conflit.
En somme, cette visite de Vladimir Poutine au Moyen-Orient intervient quelques jours après la récente tournée de Joe Biden dans la région, notamment en Israël, en Palestine et en Arabie Saoudite. Ce qui laisse entrevoir la volonté du dirigeant russe de créer également un front de résistance avec ses partenaires stratégiques dont l’Iran, face à l’occident.