Tiassalé connaît un net développement ces dernières années grâce à de grands travaux publics dont la réhabilitation complète de la voie Divo- Tiassalé- N’Douci qui permet désormais de voyager beaucoup plus sereinement, mais aussi grâce à d’autres travaux à l’intérieur même de la commune. Mais un projet de la mairie, risque d’être contrarié par un litige. Enquête!
Le projet de construction de l’hôtel de ville de Tiassalé sur le site controversé abritant l’ancien cinéma ABC
Élu à la tête de la mairie de Tiassalé à la faveur des élections municipales de 2018, le député-maire Assalé Tiémoko a entrepris une série d’actions structurantes en vue de la transformation du cadre de vie de ses populations. L’objectif étant de donner fière allure à cette localité située à quelques 125 Km d’Abidjan.
Au nombre des grandes actions entreprises, se trouvent, entre autres, le renforcement de l’éclairage public en lampes Led, sur l’ensemble des voies principales de la commune de Tiassalé, la rénovation et l’équipement de la grande salle de réunion de la préfecture, l’aménagement d’un jardin public dans la ville, etc.
Autant de bons points qui auraient valu au maire Assalé Tiémoko, un second mandat (sic), pour parler comme un personnage politique bien connu en Côte d’Ivoire, mais qui risquent d’être entachés à cause d’un petit détail. En effet, dans le programme triennal 2022-2024 de la mairie, le conseil municipal a inscrit la construction d’un hôtel de ville. Et l’endroit choisi pour abriter cet hôtel, n’est autre que le site abritant l’ancien cinéma ABC de Tiassalé.
50 millions de FCFA du contribuable à l’eau ?
À en croire le Maire Assalé Tiémoko, le montant de l’achat de ce terrain, a été chiffré à 50 millions de FCFA par les « propriétaires » qui auraient commis un notaire pour agir es qualité. Inscrite au budget 2023, la construction de l’hôtel de ville, devrait démarrer après le paiement total du montant d’achat du site, dont déjà 15 millions de FCFA ont été virés via le trésor de Tiassalé. Seulement voilà, Ezzeddine Issam qui gère le cinéma ABC depuis presqu’une vingtaine d’années, dit n’être pas informé d’un quelconque projet de mise en vente dudit site.
« J’ai la gestion de ce site depuis les années 2005. Je ne suis au courant d’aucune prétention de vente. La personne qui prétend avoir acheté le terrain, ne m’a jamais approché en tant que gérant de cet espace. Je n’ai pas reçu d’information de vente de cet espace. Le site n’est pas en vente et il n’est pas vendu. Ceux qui auraient pu le vendre, les propriétaires légaux, ne veulent pas le vendre. Et s’ils voulaient le vendre, ils me le diront. Je n’ai pas encore reçu d’information dans ce sens », déclare l’homme rencontré par Afrique-sur7 lors de notre passage à Tiassalé.
Mais si le gestionnaire du site, lui, dit ne pas avoir connaissance de la vente du site, avec qui la mairie a-t-elle mené l’opération d’achat? Le maire Assalé Tiémoko s’est-il fait gruger par une tierce personne qui se ferait passer pour le vrai propriétaire ? Selon nos investigations, le site abritant l’ex-cinéma ABC de Tiassalé est la propriété d’une femme d’origine libanaise décédée il y a quelques années, mais qui avait pris le soin, de son vivant, de confier la gestion de son espace à Ezzeddine Issam (gestionnaire) et au « Vieux Sidibé » (gardien); tous deux résidant à Tiassalé.
Qui d’entre la mairie, le gestionnaire Issam et le gardien Sidibé, se trouve-t-il dans le vrai ?
Après le décès de cette dernière, ses ayant-droits (4 enfants) qui vivent à l’étranger, ont renouvelé leur confiance à Issam et Sidibé avec qui ils seraient régulièrement en contact. « Le cinéma existe depuis les années 80. Les enfants héritiers n’ont jamais émis l’idée de vendre cet espace. C’est un petit-fils de la défunte qui a promis au maire de faciliter l’achat. Ce dernier est allé à la justice, dire que la vieille étant décédée, il est le seul et unique héritier du site. On lui a demandé d’apporter la preuve. Il en est incapable jusque-là », rigole Sidibé.
Et pourtant, la mairie assure que c’est bel et bien avec les propriétaires, qu’elle est de train de mener la transaction. « Le gestionnaire n’est pas le propriétaire du site. Nous, nous avons affaire aux héritiers propriétaires. Lorsqu’on aura soldé totalement les fonds et qu’on sera prêt à entamer les travaux de construction de l’hôtel de ville, c’est là qu’on s’adressera au gestionnaire. Sinon, pour le moment, il n’est pas notre interlocuteur », charge le Maire Assalé Tiémoko, joint par téléphone.
Qui d’entre la mairie, le gestionnaire Issam et le gardien Sidibé, se trouve-t-il dans le vrai ? En se lançant dans un tel projet d’achat de ce site qui risque de déboucher sur un litige foncier, la mairie s’est-elle suffisamment entourée de toutes les garanties nécessaires ? Ou bien , sont-ils les propriétaires légaux (les enfants héritiers) de l’ex-cinéma ABC, qui ne jouent pas franc jeu avec ceux qu’ils ont mandatés pour assurer la surveillance de leur bien ? Dans tous les cas, cette affaire mérite d’être suivie avec une grande attention.