Le lundi 24 janvier 2022, le Mouvement patriotique pour la sauvegarde et la restauration (MPSR) renversait le régime de Roch Marc Christian Kaboré au Burkina Faso. Les images de la lecture du communiqué lu par le Capitaine Sidsoré Kader Ouédraogo, porte-parole de la junte, ont fait le tour de la planète.
Burkina Faso : La junte à l’épreuve de la réalité du pouvoir
Le MPSR a d’emblée été soutenu par une très grande partie de la population. Avec raison pourrait-on dire. 6 mois après, en dépit des difficultés déjà perceptibles sur l’échiquier sécuritaire et l’incapacité du pouvoir poreux incarné par des civils « noceurs » (qui étrennaient leur pouvoir contre le vrai héros de la révolution d’août 83, le stratège et militaire émérite Blaise Compaoré), le MPSR semble avoir convaincu l’opinion internationale de sa bonne foi, de sa capacité et de sa volonté à réconcilier les Burkinabè, là où, les politiques civils ont échoué.
Les commandes en main, la junte est aujourd’hui confrontée à l’épreuve de la réalité du pouvoir. Elle en a pris conscience et œuvre avec rigueur et un patriotisme à tout crin, à juguler la guerre perfide que les djihadistes et les terroristes livrent au peuple du Burkina Faso que, le pouvoir de Roch Marc Kaboré et ses comparses n’ont pas réussi à vaincre.
Six mois plus tard, qu’en a-t-il résulté ? Les revendications d’hier ont-elles été satisfaites ? Le péril terroriste est-il maîtrisé ? La cohésion nationale est-elle effective ? Les vieilles rancœurs et la haine vengeresse ainsi que les procès d’intention et en sorcellerie ont-ils définitivement été jetés aux oubliettes ? Autant de défis auxquels fait face aujourd’hui une junte militaire qui a certes donné des gages de sa bonne foi, mais qui cependant doit faire davantage pour réconcilier les Burkinabè.
Damiba doit amener le peuple à extirper des cœurs les frustrations et les rancœurs du passé
Et plus encore, de relancer la croissance, créer un environnement de paix et de quiétude que, les années Compaoré ; avaient réussi à impulser et à instaurer dans le pays des Hommes intègres. Il est à noter sur ce point, qu’il est difficile de relancer la locomotive du développement sans un environnement sécuritaire maîtrisé et sans une union sacrée et réelle des fils et filles du pays. Le régime doit se montrer plus ouvert, plus conciliant et veiller, sans exclusive, au bonheur de tous les enfants du Burkina Faso.
La récente rencontre le 21 juin 2022 à Kosyam entre Damiba et deux anciens présidents Roch Marc Christian Kaboré et Jean-Baptiste Ouédraogo, est certes un signal fort d’apaisement. Mais, il faut encore aller plus loin pour réussir la réconciliation. Damiba et la junte doivent absolument éviter les erreurs du passé, et rendre le pays et le peuple burkinabè joyeux et heureux d’œuvrer à l’unisson dans l’amour et la joie partagées.
Damiba doit amener le peuple à extirper des cœurs les frustrations et les rancœurs du passé. Question donc : dans les circonstances actuelles, comment peut-on fièrement célébrer ou poser un acte de réconciliation, de haute portée nationale, sans y associer celui-là même ; qui malgré les réminiscences passéistes, est l’architecte, le concepteur, qui a donné le palais de Kosyam au Burkina Faso et placé son pays sur le toit de l’Afrique de l’ouest ainsi que son modèle de référence de facilitateur multicartes sur le continent africain ?
Replacer à nouveau le Burkina Faso sur les tréteaux de la gloire
Vouloir nier ou éluder cette vérité ce serait déjà mettre du sable dans l’engrenage. Idem pour le commandant Jean-Baptiste Ouédraogo. Le médecin militaire qui a dirigé une junte de 1982 à 1984. Le fait qu’il ait été sollicité ès qualité, apparaît comme une bonne démarche d’exorcisme des vieux démons qui hantent l’antichambre des politiques burkinabè.
Aussi, l’espoir suscité par les militaires et leur chef Damiba, doit-il rassembler toutes les contingences. La réalité aujourd’hui se résume en une sorte de catharsis sociale de la nation burkinabè. Que les rancœurs se taisent. Que les ressentiments s’estompent et que le peuple retrouve ses valeurs de paix, d’harmonie et de cohésion indispensable pour relever les défis de sécurité, de développement économique et d’apaisement général de la société.
C’est une quête et une légitime aspiration qui doivent être les aiguillages du MPSR à qui il échoit un devoir devant l’histoire : vaincre le signe indien des sempiternelles révolutions de palais et se tourner résolument vers l’union sacrée. Les fils et filles du Burkina Faso.
Des hommes et des femmes aussi brillants, doués et talentueux les uns que les autres que l’on retrouve partout sur les théâtres où la compétence et le brio le recommandent. Le MPSR a le bénéfice de la bonne foi. L’ensemble des forces sociales du Burkina doit-il faire bloc avec les dirigeants de l’armée du peuple, afin de replacer à nouveau le pays sur les tréteaux de la gloire.
Bamba Alex Souleymane
Journaliste professionnel
Expert consultant en stratégies et relations internationales.